Mission Mermaid - Déferlement

Mission Mermaid - Déferlement

Autrice auto-éditée : Angélique CADET


ISBN : 978-29-59 172-80-9

4,99 €
4.99 EUR 4,99 €
4,99 €
Mis en ligne par Lectivia
Dernière mise à jour 06/09/2024
Temps estimé de lecture 2 heures 38 minutes
Lecteur(s) 6
Français Débutant(e) Fantastique
Mission Mermaid - Déferlement

Chapitre 56

Une alerte retentit soudain.

— Qu’est-ce qui se passe ? demandais-je à Elma.

— Himaya est en danger ! Eragot a déclenché d’alarme ! L’Oracle nous prévient d’une attaque imminente, panique Elma. Je vois les ondines évacuer les enfants, Ilana escorter les créatures fragiles hors du royaume. Une petite armée de sirènes et d’ondines se forme rapidement autour du palais. J’aperçois

au loin une créature géante dotée de nombreux tentacules.

— Le kraken ! s’exclame Elma.

Il y a une différence entre voir les guerres à la télé et s’y trouver confrontée en réalité. Tout se déroule au ralenti, pas de musique dramatique, pas de gros plan, juste un foutu bordel. On sent son cœur battre au point d’exploser. Pendant un instant, on est absent, déconnecté de la scène.

On a même le temps de se dire : « Mais qu’est-ce que je fous là ? »


***


Le gardien vient vers nous pour m’éclairer avec sa lampe torche et nous interrompt :

— Hey, petite ! Il est tard, tu devrais rentrer chez toi.

— OK…, acquiescais-je.


Ne t’inquiète pas, je reviendrai bientôt. Promis ! Je te cueillerai des fleurs du jardin de mamie.

— Alia ! crie quelqu’un près du portail.

Le gardien l’éblouit avec sa lumière. Mais… Qu’est-ce qu’elle vient faire ici ?!



- Fin du chapitre et de l'histoire - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 56

Une alerte retentit soudain.

— Qu’est-ce qui se passe ? demandais-je à Elma.

— Himaya est en danger ! Eragot a déclenché d’alarme ! L’Oracle nous prévient d’une attaque imminente, panique Elma. Je vois les ondines évacuer les enfants, Ilana escorter les créatures fragiles hors du royaume. Une petite armée de sirènes et d’ondines se forme rapidement autour du palais. J’aperçois

au loin une créature géante dotée de nombreux tentacules.

— Le kraken ! s’exclame Elma.

Il y a une différence entre voir les guerres à la télé et s’y trouver confrontée en réalité. Tout se déroule au ralenti, pas de musique dramatique, pas de gros plan, juste un foutu bordel. On sent son cœur battre au point d’exploser. Pendant un instant, on est absent, déconnecté de la scène.

On a même le temps de se dire : « Mais qu’est-ce que je fous là ? »


***


Le gardien vient vers nous pour m’éclairer avec sa lampe torche et nous interrompt :

— Hey, petite ! Il est tard, tu devrais rentrer chez toi.

— OK…, acquiescais-je.


Ne t’inquiète pas, je reviendrai bientôt. Promis ! Je te cueillerai des fleurs du jardin de mamie.

— Alia ! crie quelqu’un près du portail.

Le gardien l’éblouit avec sa lumière. Mais… Qu’est-ce qu’elle vient faire ici ?!



- Fin du chapitre et de l'histoire - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 55

Je retrouve l’épave et aperçois au loin Elma et Ilana. Quel soulagement ! Je me rapproche à toute vitesse et saute sur le dragon.

— Merci, chuchoté-je à l’oreille d’Ilana.

— Alia ! Tu vas bien ? s’inquiète Elma.

— Mais où étiez-vous passées ? les interrogais-je.

— Désolée, nous avons été retenues par les âmes du navire. D’après elles, tu devais continuer seule et affronter ton destin. Nous nous sommes égarées et impossible de te retrouver, avec ces ondines qui n’ont cessé de nous traquer, se justifie ma sœur.

— Nous ignorions où tu étais passée. J’aurais aimé en faire plus pour t’aider, m’explique Ilana.

— Regardez ce que j’ai trouvé ! m’exclamais-je.

— Un omirum ! Mais comment… ? s’extasie Elma qui reste sans voix.

Je soupire et leur raconte alors ma mésaventure.


***

Nous retournons enfin à Himaya. Je m’empresse de remettre l’omirum à Hannah et je pars retrouver Iris. Pendant tout ce


périple, je n’ai pensé qu’à elle, mon Graal à atteindre.

J’arrive, inquiète, au chevet de mon amie qui est réveillée et a le regard dans le vide. Elle ne bouge pas et j’ai l’impression qu’elle ne souffre plus. Est-elle en état de choc ?

— Iris ? prononcé-je doucement afin de ne pas l’effrayer. Elle me fixe un instant et me dévisage.

— Iris, c’est moi, Alia, sanglotais-je.

Aucune réponse. Iris retire les algues qui l’enlacent, se relève et part sans un mot.

— Elle aura besoin d’un peu de temps pour s’en remettre, m’explique Jade derrière moi.

— Est-ce qu’elle m’a reconnue ? Elle va bien ?

— Elle est sauvée, mais je ne connais pas l’étendue de ses séquelles. Je ne fais pas ce genre de choses tous les jours. J’ignore comment va évoluer l’état d’Iris.

— Merci, Jade, conclus-je.


Je suis soulagée qu’Iris soit sortie d’affaires, mais je ne m’attendais pas à ce genre de retrouvailles.

Elles me manquent, nos longues discussions. Je suppose que son retour à la réalité doit se faire en douceur, un peu comme une sortie de coma.

Je décide d’entamer une petite balade à travers Himaya avec Elma, histoire de se reposer l’esprit. Ma sœur me fascine de


plus en plus. J’aurais tellement aimé grandir avec elle.

— Que fais-tu de tes journées ? lui demandé-je.

— Parfois, je transmets des messages du peuple au Conseil. Sinon, je passe la plus grande partie de mon temps ici, dans l’Empério, me répond Elma en pointant du doigt une grande salle ouverte.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Suis-moi !

Nous entrons dans une immense pièce recouverte de coraux où je peux admirer, au milieu, un épais tapis de mousse d’algues posé par terre. Je m’approche d’un grand rocher à surface plate et j’observe des croquis de diverses créatures, poissons, coquillages, plantes…

Je m’exclame :

— Waouh ! Magnifique ! Une œuvre d’art ! Elle est de toi ?

— Oui et non. J’enseigne aux enfants toutes les particularités de notre monde. Lors de chaque cours, je leur demande de dessiner ce qu’ils ont appris. Ce rocher, c’est notre histoire. Je me demande comment c’est chez toi, sur Terre, rétorque Elma en dessinant une esquisse de la petite plage.

Je constate avec une pointe de jalousie qu’elle est une artiste comme maman. J’ai l’impression de la connaître depuis toujours. Je sens ce vide se combler. J’admire son talent et finis par lui répondre :


— Chez moi ! Si tu savais… Ton monde est si agréable, épuré, beau… Si ton monde était découvert par les humains, ils viendraient imposer leurs lois. Chez moi, l’homme détruit tout pour construire et implanter des McDo, des centres commerciaux, des réseaux wifi. Les hommes ne se contentent pas de l’essentiel, ils deviennent cruels par cupidité. Vous finiriez vendus à des scientifiques ou exposés dans un zoo avec entrées payantes.



J’aurais voulu lui en dire plus. Tellement de choses sont à dénoncer. J’ai du mal à comprendre notre monde. La plupart des humains oublient ce qui est réellement important. Je constate que beaucoup de valeurs se perdent : la tolérance, l’écoute, la franchise.

Heureusement, nous n’avons pas de magie, car nous n’en sommes pas dignes.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 54

Que le jeu commence !

L’horrible serpent se met à ricaner. J’essaie de garder mon sang-froid. Le monstre tombe dans le panneau et demande :

— Quel est le plus beau jour de ton enfansssssce ?

Je ferme les yeux pour creuser au plus profond de ma mémoire. Je cherche et passe en revue les Noëls, anniversaires, vacances d’été, et tombe sur un jour qui brille plus fort que les autres. Il ne demandait qu’à sortir, tant le souvenir est merveilleux.

— Le jour de la fête des Mères chez mamie Suzette, l’année de mes onze ans. Tout le monde était réuni : maman, papa, tatie Édith, oncle Jo et Carl, et ma cousine Chelsy. Bercée par ses vieux vinyles, mamie avait préparé un bon carry poulet. Une bonne ambiance familiale planait autour de moi. Je me souviens même être allée cueillir les fleurs du jardin avec oncle Carl pour faire une surprise à maman. L’après-midi, Chelsy et moi avions préparé un petit spectacle. J’entends encore les applaudissements et les acclamations. C’est, de loin, mon meilleur souvenir d’enfance.

— Comme sssc’est touchant…    Maintenant, ton pire sssssssssssouvenir !

— Je… revenais de…


Reprends-toi, Alia, tu peux le faire. N’oublie pas Iris ! Tu le fais pour elle.

— Un soir, je revenais de la petite plage. J’ai traversé une rue dans un virage, pas loin de la maison d’Iris. Je me souviens que je râlais, car mes cheveux étaient encore mouillés. J’étais loin de me douter qu’un drame allait se produire l’instant d’après. Tout par ma faute ! Une voiture a surgi de nulle part et a dévié de sa route pour m’épargner. J’en suis ressortie saine et sauve, mais le conducteur non. Il a basculé dans un fossé en un seul coup de volant.

Le serpent n’a pas l’air convaincu, avec son regard menaçant.

Ses pupilles se dilatent, il attend la totale vérité.

— C’était mon oncle Carl, lâchais-je.


À cet instant, je me sens soulagée d’un poids, d’un terrible secret que j’ai traîné durant toutes ces années. La réalité, triste et insoutenable, me percute. Je prends conscience de mes actes passés et sanglote à en avoir mal à la poitrine.

— Qui es-tu ? demande l’immonde créature malfaisante. Elle doit se réjouir de son prochain festin.

Je suis une meurtrière, je suis une meurtrière, je suis une meurtrière !


Cette affirmation tourne en boucle dans ma tête.

— Je suis…

« NON ! »

La voix d’Ilana est revenue m’assourdir.

Non ? Qui suis-je, alors ?

Je l’interroge dans mes pensées.

« Dis la vérité, Alia ! »

— Ignores-tu qui tu es ? Ssssstupide enfant ! Réponds ! susurre le serpent.

Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un.

— Je suis Alia Grondin ! Aucun terme précis pour me décrire. Suis-je une meurtrière ? Une menteuse ? Une fille perdue ? Une sauveuse ? Alors voilà ma vérité ! Je suis la fille d’une artiste et d’un ouvrier, filleule d’une des sœurs fondatrices d’Himaya, sœur d’ondine. Je suis une fille en quête d’identité. Je suis une personne qui a commis des erreurs et qui le regrette chaque jour amèrement. J’ai souvent menti. Je me suis montrée lâche à de nombreuses reprises, mais je veux apprendre de mes erreurs. Je suis observatrice et réfléchie. Je suis éprise de l’océan depuis toute petite. J’adore découvrir l’univers, courir, manger des pizzas. J’adore la vie ! Je suis même tombée amoureuse de mon ami d’enfance. Je me retrouve ici pour sauver ma meilleure amie, et même tout un peuple, bien malgré moi. Alors oui, aujourd’hui, je ne suis plus celle que j’étais il y a trois semaines. Et je ne serai certainement plus la même demain. Je suis en perpétuelle évolution chaque jour, chaque minute, chaque seconde qui passe. Simplement, là, tout de suite, je suis juste moi.

Un silence s’installe. Je m’approche de la bête, le cœur battant, le bras tendu vers lui et lève la tête. Il ne bouge pas d’un centimètre, mais son regard est rouge sang. J’y suis presque. Éblouie par sa lumière, le souffle coupé, j’essaie de m’emparer de l’omirum coincé entre ses écailles. Je suis tétanisée par l’idée d’être avalée, mais je persiste dans ma tâche.

J’attrape enfin le coquillage et recule. Le serpent se retourne et s’éloigne. J’ai réussi ! Il m’a épargnée ! Plus que deux omirums, et Himaya sera sauvé. Je dois maintenant retrouver Elma et Ilana.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 53

Je me retrouve dans l’obscurité la plus totale avec un courant qui me repousse brutalement. J’agite mes bras autour de moi pour m’accrocher instinctivement à quelque chose. J’attrape ce qui me semble être un objet rugueux et tranchant qui me taillade la main. La chose s’illumine et sa lumière vert fluo s’étend sur plusieurs mètres. Elle est gigantesque. Je constate, terrifiée, que ce sont des écailles et pas celles d’Ilana. Je compresse ma main blessée pour empêcher le sang de se répandre dans l’eau. J’ai déjà vu le film d’animation Gang de requin (32), je sais comment réagissent les prédateurs marins à l’odeur du sang. Je recule lentement. Quelle est cette créature ?

— Bonjour, jeune humaine !

— Qui êtes-vous ? demandais-je, effrayée.


Je lève la tête en suivant les écailles qui s’éclairent au fur et à mesure jusqu’à ses énormes yeux verts. Je m’éloigne un peu et comprends qu’un serpent géant se dresse devant moi. Oh, mon Dieu !

— Ssss… Sss… Je pose les quesssstions.

Sa gueule est énorme — elle doit faire au moins cinq fois ma taille — et j’aperçois même sa langue fourchue glisser entre ses longues canines. Les calculs se font rapidement : zéro pour cent de chances de survie, pour moi bien sûr.

Je cherche désespérément Ilana et Elma. Aucune trace de mes amies à l’horizon. Je suis foutue.

Le serpent me fixe et susurre :

— Comment me trouves-tu ssssssss… ?

— Hum… Vous êtes…


Tu dois dire la vérité, Alia !

La voie d’Ilana résonne dans ma tête. Je me retourne légèrement. Où est-elle ? Je suis complètement seule. Impossible de m’enfuir, le monstre m’avalerait toute crue. Je reste figée, aveuglée par sa lumière.

J’étais prête à lui répondre : « Vous êtes la plus belle créature que j’aie jamais rencontrée », juste pour flatter son ego. Je suis tiraillée par l’envie de mentir, mais je dois faire confiance à Ilana. Ma vie en dépend.

Je me lance enfin dans une vérité :

Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un.

— Vous êtes gigantesque.

— Je sssssssais ! Et quelle est ta plus grande peur ? poursuit la bête.


— Je… je suppose que ce serait de perdre les personnes que j’aime.

— Ssssssc’est vrai. Regarde-moi dans les yeux ! Dis-moi quel est le pire acte que tu aies commis ?

— Je… j’ai…, paniquais-je.

Je me répète en boucle dans ma tête : « Je dois dire la vérité, je dois dire la vérité, je dois… »

— Essssst-ce ssssssc’est là ta réponsssse ?

— Non ! J’ai tué quelqu’un.

— Intéressssssant !     Jamais     perssssonne     n’avait été ausssssi honnête avec moi. Mais ssscela fait un moment que je n’ai croisé d’être humain. Quel dommage, sssscette honnêteté ! Tu sssssembles sssssssi APPÉTISSSSSANTE !

Ma pression faite sur ma plaie ne suffit plus, mon sang circule dans l’eau et flotte jusqu’à sa grande gueule. Je sens que je dois vraiment m’échapper de ce traquenard. Je tente une échappatoire.

— Je me suis trompée de direction. Je voulais visiter le vieux navire. Je dois y retrouver mes amies, réponds-je, désespérée.

— Minsssssssce. Est-ssssce un mensssssonge que j’entends ?


Les yeux de la créature virent au rouge, sa gueule grand ouverte, prête à me dévorer. Je détale aussi vite que possible, profitant que la créature se déplace lentement à cause de


son poids. Une barrière se dresse face à moi. Sa longue queue me saisit et s’enroule autour de moi. Mon corps s’écrase contre ses écailles et je sens ma colonne vertébrale craquer. Je manque de souffle.

C’est donc ainsi que se termine l’histoire d’une héroïne destinée à sauver le monde ? Je m’apprête à fermer les yeux et lâcher prise, mais soudain, le déclic.

— Attends. Faisons un marché…, lui proposais-je.

Je n’ai pas la force de finir ma phrase, le serpent me relâche d’un coup. Je tousse un moment pour reprendre mon souffle. Je comprends que j’ai un joueur devant moi et que l’heure des négociations a sonné.

Je vois le serpent hésiter un instant, mais j’argumente très vite :

— Posez-moi encore des questions !

— Comment oses-tu, sssssssale petite…

— Dernière manche. Si je dis toute la vérité, vous me donnez le coquillage coincé dans vos écailles et vous me laissez partir. Si je mens, vous pouvez me dégustez, tenté-je en déglutissant avec difficulté.

— Ssssinon, je te dévore tout de sssssssuite !

— Quel dommage ! On s’amusait si bien. Vous pourriez savourer ce moment comme il se doit. Ou peut-être avez-vous peur de perdre contre une pauvre humaine ?


— Inssssssolente ! Je ne perds jamais, s’exclame-t-il.

— Prouvez-le !


(32) Film d’animation sorti en 2004.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 52

Nous parcourons des profondeurs jamais explorées par les hommes. J’aperçois au loin l’épave d’un navire. Nous nous approchons, je n’ai jamais vu un aussi vieux paquebot. On se croirait proches du Titanic, ton film préféré ! Je me demande s’il y a un trésor caché à l’intérieur, comme dans un bateau pirate.

Je m’égare encore plus loin et repense à cette terrible scène du naufrage dans Titanic, « Les femmes et les enfants d’abord », j’en ai des frissons. Nous contournons le navire et nous nous retrouvons soudain prises au piège dans une sorte de foule. Une centaine d’âmes affublées de tenues du XVIe siècle dansent. Oh, un bal ! Nous sommes plongées dans un chahut infernal, entre chuchotements, éclats de rire, cris et chants.

L’eau devient trouble subitement, je fais un demi-tour sur moi-même et constate que j’ai perdu Elma et Ilana.

Une dame portant une grosse perruque blanche et tenant élégamment un éventail devant le visage m’interpelle :

— Enchantée de vous rencontrer, Alia. Nous vous attendions.

— Pardon, est-ce qu’on se connaît ?

— Duchesse Évelina pour vous servir.

— Enchantée, madame. Auriez-vous vu un dragon dans les parages, par hasard ?

— Voyons. Voici une péripétie que vous devrez affronter seule, chère enfant.

— Comment ? Mais de quoi parlez-vous ?

— De la prophétie ! s’exclame l’ondine en tournoyant autour de moi.

J’en déduis qu’elle en est une, suite à l’histoire d’Elma racontée plus tôt.

— Vous avez parlé à l’Oracle d’Himaya ? Que faites-vous ici ?

— Sachez que nous ne sommes pas tous dignes de séjourner au royaume. Après le naufrage, nous nous sommes tous rassemblés ici. Qu’importe, regardez-moi cette toilette que vous portez ! C’est d’une laideur !

Je me retiens de pouffer de rire. Est-ce qu’elle s’est vue dans un miroir ? Ces âmes errantes ne sont pas si effrayantes, finalement.

— Écoutez, duchesse ! J’ai une mission de la plus haute importance à accomplir. Si vous ne voulez pas m’aider à retrouver mes amis, veuillez m’excuser, mais je dois vous laisser.

— Est-ce vous que j’ai vu festoyer sous l’ancien pont des trolls avec ce charmant jeune homme ? Un bellâtre, grand, brun, aux yeux bleus perçants.

— L’ancien pont des trolls ? Vous parlez de Mickaël ?

— Il est si charmant, n’est-ce pas ? Bien, vous m’ennuyez, à présent. Il est parti par là ! Oh non, plutôt par là. Suis-je tête en l’air ! s’écrie l’étrange dame en pointant du doigt une autre direction.

— Merci pour votre aide, réponds-je sarcastiquement.


Sale petite peste ! Elle était si agaçante avec son air hautain et ses indications confuses. Cette duchesse nunuche doit avoir un lien de parenté avec l’affreuse Reine mutante Jessica !

L’ondine disparaît et je ne sais pas vraiment si elle me parlait d’Ilana ou de Mickaël, bien que ce soit complètement insensé. Que ferait Mickaël ici ? Elma et Ilana ne doivent pas être bien loin, jamais elles ne m’auraient abandonnée ici toute seule.

Les âmes errantes semblent sournoises. Est-ce qu’elle s’est amusée à semer le doute en m’embrouillant ? Je finis par prendre la direction que l’horripilante ondine m’a indiquée en dernier et je m’éloigne rapidement du navire. J’espère que cette duchesse ne m’a pas menti et que je vais bientôt retrouver mes amies. Plus j’avance, moins il y a de coraux et de poissons. Il fait sombre, je ne vois presque plus rien.

— Elma ? Ilana ? Où êtes-vous ?


Je commence à avoir très peur. Je me fais un bad trip comme certains soirs, quand je suis seule à la maison et que je délire sur des choses flippantes tels les esprits, les monstres ou les aliens.


Sauf qu’ici, tout est possible. Je ne peux pas me cacher sous ma couette et attendre que ça passe.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 51

Nous nageons depuis un moment. Je ne me sens pas très bien, j’ai besoin d’air. D’AIR FRAIS !

Elma me conduit près d’une crique inaccessible aux touristes. Nous remontons un instant, tandis qu’Ilana reste sous l’eau. Je suis fatiguée, j’ai besoin d’une pause. Le cadre est idyllique avec son eau turquoise. J’aimerais me poser sur l’un de ces rochers.

— Alia, nous ne pouvons pas rester ici. C’est trop dangereux, m’avertit Elma.

— Où sommes-nous ?

— Dans une crique qui ne nous appartient pas. Toutes les sirènes rejetées d’Himaya sont exilées ici. Crois-moi, il vaut mieux ne pas se confronter à ces créatures.

— Des sirènes sauvages ? Exilées ?

— Je sais que ça peut te paraître étrange, mais toutes les sirènes ne vivent pas à Himaya. Sans parler de celles qui sont abandonnées. Les sirènes sauvages sont de toute beauté, mais, une fois la nuit tombée, elles séduisent les pêcheurs égarés pour les dévorer.

Je n’écoute plus Elma. Derrière un rocher, j’aperçois la plus belle sirène que j’aie jamais vue. Elle est hypnotisante. Sa queue jaune orangé scintille, m’éblouissant légèrement. Je m’avance vers la créature happée par son chant mélodieux. Elle m’appelle, m’attire étrangement.

— Alia…

Je suis submergée par un sentiment intense. Je ressens un bien-être ultime. Ses yeux noirs captivants me transpercent l’âme. Sans même m’en rendre compte, j’essaie de rejoindre cette déesse sur son rocher. La sirène me tend la main, j’y suis presque. Elle est si parfaite, si envoûtante, si ensorcelante…

— ALIA ! NON !


Je suis bloquée, je ne peux plus avancer. Je sens une chose visqueuse m’attraper les chevilles et me forcer à lâcher le rocher. Je découvre Ilana et le bout de sa queue qui me propulse à plusieurs mètres de la crique. Le temps d’un vol plané, je reprends mes esprits.

SPLASH ! La chute est rude. Je me suis éclaté le ventre en atterrissant comme une planche, très douloureux sur l’instant.

Je m’évertue à remonter à la surface. J’aperçois Ilana au loin se faire attaquer par une dizaine de sirènes. Je cherche désespérément ma sœur.

— Elma ! hurlais-je.

Je suppose qu’elle est auprès du dragon. J’entends son rugissement et vois les affreuses sirènes tueuses se pétrifier. Je suis tétanisée.


— Je suis là. On y va ! rétorque Elma qui apparaît soudainement derrière moi.

Je plonge et essaie de nager à toute vitesse, mais je suis épuisée. Je n’ai plus de force. Mon corps se soulève brusquement et je me retrouve balancée en un clin d’œil contre des écailles blanches rigides. Je tourne la tête, vois au loin le troupeau de sirènes sauvages s’éloigner. Je tente de me redresser et comprends que je suis sur le dos d’Ilana.

— Je suis désolée, Elma…, soufflais-je.

— Repose-toi un peu, elles ne bougeront pas de la crique. Tu es en sécurité.

Et je tombe de fatigue.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 50

— Et toi ? Ta vie ? Raconte-moi ? me demande Elma.

— Dans notre monde, le baptême se fait dans une église quelques semaines après notre naissance. J’ai eu droit à cette tradition religieuse. Rien de bien transcendant. Un prêtre m’a aspergée d’eau bénite pour me purifier. J’ai vécu une enfance normale, gâtée comme il faut, entourée de jouets. L’année de mes onze ans fut terrible. Notre maman m’a annoncé la perte de ma siamoise à ma naissance. Depuis ce jour, mon univers s’est écroulé. Je n’ai plus été la même. J’ai eu le cœur brisé. Chaque jour qui a suivi, chaque fois que j’observais ma cicatrice, à chaque anniversaire et chaque Noël, à chaque réussite ou chaque exploit, je ne pensais qu’à toi. Parfois même, je me disais que je ne méritais pas cette vie-là, que tu aurais dû être à ma place. Elma, si tu savais toutes les erreurs que j’ai commises, tu…

— Alia, arrête ! Tu n’as pas à te torturer ainsi. Rien ni personne ne pourra changer l’histoire. Je suis désolée que tu aies eu à souffrir autant. Nous étions des êtres innocents, nous ne sommes pas responsables. Moi aussi, j’aurais adoré grandir à tes côtés, mais nous devons accepter cette triste réalité. C’était écrit…


— Nous sommes enfin réunies. C’est l’essentiel, réponds-je. Ilana détend l’atmosphère en nous offrant un spectacle fabuleux avec un banc de poissons multicolores. Le dragon se met à slalomer pour former un huit au milieu des petits poissons. Ces derniers tournoient avec lui. Une scène d’un Cirque du

Soleil, il ne manque plus que la musique.

Elma et moi nous extasions un moment et finissons même par applaudir. Sacré Ilana ! Nous reprenons les recherches et ma discussion avec Elma se poursuit :

— Comment sont-ils ? Nos parents ? m’interroge-t-elle.

— Notre père est maçon et fabrique des maisons. Notre mère est une artiste et a une galerie d’art ! Ils sont géniaux. Tu les aimerais aussi. Et ils seraient tellement heureux de t’avoir dans leur vie. Elma, tu es si merveilleuse. Je suis une telle déception. J’ai l’impression de ne jamais être à la hauteur de leur amour.

— Je suis sûre qu’ils sont fiers de toi, Alia ! Tu as retrouvé des omirums et aussi Esmée. Tu risques ta vie pour notre peuple et tu n’as que dix-sept ans. Tu es si mature pour ton âge.

— Mais ils ne connaissent pas cette facette de ma vie. Notre relation est basée sur une succession de mensonges. Un fossé gigantesque nous sépare. Je n’ai pas toujours fait les bons choix. J’ai commis des choses impardonnables, des choses que je m’efforce encore d’oublier. En vain…



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 49

Je parcours les profondeurs de l’océan avec Elma et Ilana. Je ne sais pas où nous nous dirigeons. Ma brosse magique ne réagit même plus. En chemin, je ne suis pas toujours sereine ; la peur de me faire attaquer par des créatures des fonds marins. Certains poissons et cétacés ont l’air de me fixer. Je remarque une raie qui traverse devant nous.

Elma me rassure :

— Ilana est avec nous. Détends-toi, il ne peut rien t’arriver.

Tu fais partie des nôtres, maintenant.

Une chaleur agréable se propage dans ma poitrine, une envie de prendre Elma dans mes bras, même si c’est impossible. Je lui souris timidement et finis par lui lâcher un simple :

— OK…

— Ne t’affole surtout pas. Baisse légèrement la tête et tu pourras apercevoir un banc de requins.

Je me fige à son annonce. OH, MON DIEU !

— Continue d’avancer, me conseille Ilana.

Je m’exécute, sans même jeter un œil sur les prédateurs.

— Bouh ! me surprend Elma.

Je sursaute et un rire étrange et communicatif sort de ma


bouche. J’en oublie le danger et profite de ce moment intime pour renouer des liens avec ma sœur. Je ne sais pas trop comment m’y prendre, mais j’essaie :

— Parle-moi de toi, de ton histoire, proposais-je à Elma.

Elma semble timide, elle hésite, ne me regarde pas dans les yeux, mais finit par me dévoiler toute son histoire :

— Oh… Il arrive que la mer recueille les âmes abandonnées. Les corps peuvent reposer sur Terre auprès des hommes, mais, quand l’être humain perd sa vie en mer, son esprit se réfugie au fond de l’océan. Ce fut le cas d’Iris. Pour moi, c’est une tout autre histoire. Mon corps repose depuis ma naissance dans les profondeurs inexplorées, protégée par les grands esprits. Je suis une fille de l’eau, je n’ai rien connu d’autre. Mon corps et mon âme appartiennent à l’océan. Il m’a bordée telle une mère. Durant mes trois premiers jours, j’ai été emportée par le courant aux quatre coins du monde…

Elle s’interrompt un instant pour me laisser digérer toutes ces informations. Je l’imagine tout bébé parcourant seule l’immensité des océans. Elma devait être terrifiée.

Ma sœur décide de rompre ce silence et reprend :

— Au quatrième jour, les grands esprits ont purifié mon âme pour toujours. Au cinquième jour, Hannah leur fit la promesse que je protégerais les créatures sous-marines. Lors de cette cérémonie où j’ai été posée sur la place des lumières, les


grands esprits m’ont accordé un don. Des algues ont recouvert entièrement mon corps, le symbole du lien indéfectible avec l’océan.

— C’est incroyable, Elma, soufflais-je.


Je suis émue. Elma me fait penser au mimosa pudica, aussi appelé trompe-la-mort. Sans doute parce qu’elle a l’air de mourir quand on la touche. Elle paraît si fragile qu’on aurait tendance à garder une certaine distance, c’en est frustrant. Mais, si on patiente, quelque chose de magique se produit, les pétales s’ouvrent de nouveau et redeviennent intacts. La fleur n’est pas fragile, elle est résiliente.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 48

Hier, Jade et moi avons répété notre plan : rejoindre Elma à la petite plage à l’aube, aller à Himaya et sauver Iris. Notre soirée fut un long récapitulatif de la Mission Mermaid autour d’une soirée pizzas-sodas.

Je lui ai tout raconté de mes aventures, d’Anvadoloris à Himaya, et même comment ma brosse m’avait guidée à elle. Jade m’a confié que son cadeau était un des deux héritages familiaux, la brosse pour moi et une fameuse boîte à musique pour Mickaël.

Elle ignorait que ma brosse était magique. Jade m’a beaucoup questionnée sur ses sœurs, le Conseil des sirènes et Elma. Je n’ose même pas imaginer son appréhension quant à sa future rencontre.

Nos échanges étaient fluides, je me suis sentie en confiance, même pour aborder le cas « Mickaël ». Jade en a profité pour discuter sur des détails techniques : comment respirer sous l’eau ? Il m’a fallu moins de vingt-quatre heures pour m’attacher à Jade.

J’étais conquise d’apprendre qu’elle aimait la pizza à l’ananas, préférait lire des biographies plutôt que de regarder


une série Netflix et surtout qu’elle était une acheteuse compulsive de maillots de bain !

Jade, on ne peut lui résister, entre son rire léger, sa voix douce et ses yeux qui pétillent. Elle est tout simplement adorable.


***


Lors de ma dernière rencontre avec Elma, celle-ci m’a laissé un minuscule coquillage surnommé « Nibulus ». Apparemment, il suffirait que je souffle dedans et elle viendrait me chercher.

Aussitôt fait, ma sœur arrive. Nous la voyons monter à la surface. Jade entre dans l’eau et s’effondre face à sa filleule, avant de pouvoir s’exprimer :

— Elma ?

— Vous êtes Esmée ?

— Tu peux m’appeler Jade, je suis ta marraine.

— Ma marraine ?

Jade hoche la tête. Je m’abstiens de tout commentaire, tout le monde a droit à une seconde chance.

Jade tente de prendre Elma dans ses bras, mais la traverse brutalement. J’ai sans doute omis de révéler qu’Elma était une ondine. Jade me regarde, surprise.

— Elma est une ondine, comme Iris, expliquais-je.

— Je vois. Je suis désolée.


— Ce n’est rien, mais nous devons partir maintenant, déclare Elma.

Avant de plonger, Jade nous fait part de son inquiétude pour respirer sous l’eau. Elma éclate de rire et répond :

— Mais bien sûr que vous pouvez respirer sous l’eau. Vous êtes l’une de nos sœurs fondatrices. L’océan fait partie de vous.

— Je ne pense pas…, bafouille Jade.

Elma me donne l’oxoriphorbe, qui s’incruste plus naturellement à travers la plaie déjà existante qui, par je ne sais quel miracle, ne semble pas s’infecter. Je prends la main de Jade pour la rassurer et lui communiquer ma force. Elle me fait confiance et elle lâche enfin prise. Nous plongeons toutes les trois ensemble.

Elma nous conduit jusqu’au royaume d’Himaya. Je constate l’émerveillement dans les yeux de Jade quand nous arrivons sur la grande place, devant les cinq statues. J’imagine ce qu’elle ressent. Je lui rappelle que ce sont ses sœurs. Elle ne prononce pas un mot.


Nous arrivons enfin près d’Iris.

— Tu penses que tu pourras la sauver ? lui demandais-je, inquiète.

— Je vais faire mon possible, répond Jade.

— Alia ? Tu veux bien m’accompagner jusqu’au Conseil ?


nous interrompt Elma.

Je la suis sans poser de questions, j’espère juste qu’Iris va s’en sortir. Je laisse donc ma meilleure amie aux bons soins de ma marraine.

J’entre dans la salle où je suis toujours émerveillée par l’ensemble des coraux monumentaux qui m’entoure. Autour de l’immense table en coquillages blancs se dressent la présidente Hannah, l’Oracle velu et l’ondine Maria.

— Bonjour, Alia, dit Hannah.

— Bonjour.


L’Oracle nous annonce que la guerre est pour bientôt. Ils ont rassemblé les soldats qui se sont proposés pour défendre le royaume.

— Alia, nous avons un peuple à protéger. Aide-nous à retrouver tous les omirums ! s’exclame Maria.

— Ma sœur et ma meilleure amie font désormais partie de votre monde. C’est une évidence. J’accepte !

— Elma et Ilana, le dragon d’Himaya, t’accompagneront dans ta quête, déclare la présidente.

— Merci. Je ferai de mon mieux. Je vous le promets. Je pars quand ?

— Maintenant, Alia. Il n’y a plus une seconde à perdre, répond-elle.


Avant de partir, je passe voir Jade et Iris. Ma meilleure amie agonise toujours et cela me fend le cœur. J’implore Jade :

— Pitié, dis-moi qu’elle va s’en sortir…

— Je ne peux pas te répondre. J’ai besoin de temps.

— Jade, je ne supporterai pas de la perdre une seconde fois. Jade me regarde avec compassion. Je m’installe quelques instants auprès d’elles et sens la main de ma marraine se poser sur la mienne. À ce contact, une petite décharge crépite entre

nous. Nous sommes toutes les deux surprises.

Jade met sa main au-dessus d’Iris et une lumière surgit de sa poitrine comme une chaîne d’énergie.

— Que lui arrive-t-il ? m’exclamais-je.

— Sois patiente, elle va guérir, m’annonce Jade sereine.

Je retiens mes larmes de soulagement et explique à Jade que je dois m’en aller. Elle est réticente. Mais je pars le cœur un peu plus léger et avec une détermination plus grande.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 47

Quelques heures plus tard


Lorsque je passe la porte de ma maison, je remarque ma mère effondrée sur une chaise dans la salle à manger et mon père aboyant au téléphone. Visiblement, le mot laissé sur la table n’a pas suffi à les rassurer. Je ne comprends pas leurs inquiétudes, puisque je ne suis partie que quelques heures. Il est vrai que je n’ai pas répondu à leurs dix appels manqués et onze messages.

Mes parents tournent la tête à notre entrée. Je sens que notre sentence a sonné.

— Chérie, où étais-tu passée ? crie maman en se jetant dans mes bras.

— Jade ! s’exclame papa.

— Je peux tout vous expliquer ! les rassurais-je nerveusement.

— C’est à moi de le faire, annonce Jade d’un ton plus posé.


Je sens maman sursauter dans mes bras. Je n’imagine même pas sa surprise de se retrouver face à sa meilleure amie, après dix-sept ans de séparation.

— Jade ? Mais…


Maman ferme les yeux, tentant de retrouver ses esprits. Je la vois défaillir.

Elle finit par reprendre la parole :

— Jade !

— Lili ! Oh, Lili ! Pardonne-moi…, soupire Jade en prenant ma mère dans ses bras.

Mon père est complètement dépassé par la situation. Il pose ses mains sur sa tête avec un air désespéré. Je crois que j’ai eu mon lot de sensations fortes pour aujourd’hui.

Nous nous installons autour de la table. Maman s’assoit près de mon père, tandis que Jade et moi sommes côte à côte devant eux. J’ai l’impression de jouer le rôle du coupable et Jade mon avocate.

— Lili, Arthur. Je sais. J’ai disparu subitement après la naissance des filles. Je n’ai pas pu rester auprès de vous quand vous aviez le plus besoin de moi. Je regrette profondément. Je tiens à vous présenter mes excuses.

— Jade, qu’est-ce que tu fais avec Alia ? Chérie, pourquoi tu n’as pas répondu au téléphone ? On était fous d’inquiétude. Tu es partie à l’aube en laissant juste un petit mot « Je rentre bientôt », sans aucune explication ! s’acharne papa en ignorant les excuses de ma marraine.

— C’est de ma faute, réplique Jade.

— Alia et moi, nous nous sommes rencontrées par hasard à Saint-Gilles. Quand j’ai compris qui elle était, j’ai voulu passer la journée avec elle. Apprendre à la connaître. Et il se trouve qu’elle a égaré son téléphone en chemin.

— Oui, voilà, c’est tout à fait ça ! surenchéris-je.

Jade a l’art de la tromperie. Bien que j’aie grandi dans le mensonge et les secrets, je peux bien abonder dans son sens. Maman pleure et je me sens coupable. Encore une fois, je la rends malheureuse. Je suis définitivement la pire fille qui existe. Mais je ne peux rien leur dire pour le moment, au risque de faire échouer toute l’opération.

La robe noire que porte maman m’interpelle soudain. J’examine aussi la tenue de papa, une chemise blanche, un pantalon classique noir, mais austère, comme pour… Je me rappelle soudain la date d’aujourd’hui et je comprends enfin pourquoi maman et papa sont chamboulés.

— Je suis désolée, maman. Pour aujourd’hui, pour oncle Carl.

— L’essentiel, c’est que tu sois rentrée saine et sauve, murmure ma mère.

— Qu’est-il arrivé à Carl ? interroge Jade.

— Il a eu un accident de voiture, il y a trois ans, jour pour jour. Il est décédé, explique papa.

Maman, dévastée, a les yeux gonflés et fixe une fissure sur la table.


— Mes condoléances, proclame Jade, prenant la main de maman pour la soutenir.

— Maman, papa… Je suis désolée pour toutes ces frayeurs, aujourd’hui. Je voulais m’aérer, rien de plus. J’en ai besoin pour me changer les idées, pour prendre un peu de recul. J’ai croisé Jade par hasard. Elle habite un loft et tient un magasin de fleurs. Je me suis sentie en sécurité avec elle et j’aimerais rester chez elle pendant mes vacances. S’il vous plaît ! Je souhaiterais passer du temps avec ma marraine pour mieux la connaître.

J’abuse ! J’en ai conscience. Je veux tellement rassurer mes parents, jouer la carte de la filleule éplorée. C’est tout ce que j’ai en réserve pour les faire flancher en ma faveur.

— Alia, je ne pense pas que…, lance papa.

— Disons plutôt que ce serait comme des retrouvailles, un moment privilégié entre la marraine et sa filleule, suggère Jade.

Ma marraine est très persuasive, je dois l’admettre. Elle a une voix envoûtante et dégage quelque chose de spécial.

— Jade, je ne pense pas que…, se répète papa, impuissant.

— Maman, papa je vous en prie. Pitiééééé !

Maman pose une main sur l’épaule de papa et cherche son approbation. Je vois la douleur dans leurs regards.

— Tu nous donneras des nouvelles tous les jours, m’ordonne maman.

— Évidemment, approuve Jade.

— Tu rentreras au moins une semaine avant la rentrée pour faire tes devoirs.

— Promis ! Merci beaucoup !

— Veille bien sur ma fille, Jade, demande encore maman. Jade hoche la tête. Est-elle en train de trahir mes parents ?

Non, Alia, ne pense pas négativement.


Je monte dans ma chambre préparer ma valise. Je n’en reviens pas que mes parents me laissent partir avec Jade sans broncher, même si elle est ma marraine.

Je profite de cette accalmie pour envoyer un message à Mickaël et l’informer de la situation.



A : Mes parents m’ont donné le feu vert pour passer mes vacances chez Jade. On va trouver une solution pour sauver Iris ! Plus simple pour la mission. Tu viens ?

M : OK mais non. Besoin de réponses. Je pars à la recherche de mon père et reviens dès que possible. Si moindre problème, appelle-moi. Fais attention à toi ! Veille sur Iris ! Je t’embrasse.

A : T’inquiète pas. Nous allons sauver Iris. Tout se passera bien. Fais-moi confiance ! Te tiens au courant. Prends soin de toi ! Je t’aime.


Oh, mon Dieu ! Est-ce que j’ai vraiment appuyé sur « envoyer » ?

Je me relis pour la troisième fois. Il a lu mon « Je t’aime ». Il le sait, désormais, plus besoin de le nier. Dans un sens, je suis soulagée.




- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 46

Je parcours la ville en espérant retrouver Mickaël. Il recommence à pleuvoir, mais je m’en fiche. Finalement, je l’aperçois dans un bistrot buvant une Dodo (31). Je rentre et m’assois sur un tabouret de bar à côté de lui.

— Ce n’est pas un peu tôt pour une bière ? lui demandais-je.


Comment aborder la conversation avec un garçon meurtri qui vient de retrouver sa mère biologique de façon aussi étrange ?

— Alia, il m’arrive des trucs, en ce moment…

— Quel genre ?

— J’ai des sortes de pressentiments, de visions ou de flashs.

— Des visions ?


Mickaël se lance et me raconte tout :

— La première fois, j’ai ressenti au plus profond de moi que je devais te retrouver sur la petite plage. Tu t’en souviens ? Quand je t’ai réveillée, ce n’était pas un hasard. Je devais te rejoindre. La seconde fois, pour la soirée chez ce Josh, déjà que je ne voulais pas y aller, mais je t’ai vue dans la baignoire avec ce tombeur. Tu pleurais avec lui et je devais te rejoindre encore une fois.

— …

— Je ne comprenais pas ces flashs. Et, avant toute cette merde, j’ai découvert cette marque sur mon poignet. Pourquoi je n’ai pas eu de visions pour la mort d’Iris ? Avant qu’elle tombe de ce foutu catamaran ? Je te jure, Alia, je vais finir dingue, lâche-t-il en frappant tellement fort son verre sur le bar qu’il se brise.

— Oh… Mickaël, tu saignes ! sursautais-je.


Des éclats de verre sont incrustés dans sa main gauche. Je m’excuse auprès du barman et prends Mickaël avec moi pour nettoyer sa plaie aux toilettes.



J’aide Mickaël à enlever les débris de sa main. Je me rappelle ma conversation avec Jade au sujet du naufrage.

— Tu sais, ta mère a sauvé la mienne quand elle était enceinte. Elle a des pouvoirs, aussi. Je pense qu’elle pourrait t’aider à les contrôler, à mieux les cerner. Elle pourrait t’expliquer les changements qui se manifestent en toi.

— J’ai besoin d’un peu de temps, Alia. Je pensais être prêt à la rencontrer, mais c’est plus difficile que ce que j’imaginais.

Un bref moment de silence s’ensuit. Je comprends enfin. Qu’a-t-il pensé en me voyant en tête à tête avec Josh dans cette baignoire ? En est-il arrivé à cette conclusion qu’on était en… ?


— Entre Josh et moi, il n’y a rien eu… Ni même avec James Kaval ! lui confiais-je.

Autant préciser, pour qu’il n’y ait aucun malentendu.

— Ah… J’avais cru que… Tout comme Maurine et moi !


Le moment se fige. Il me regarde intensément, pose sa main non blessée derrière ma nuque. Soudain, je comprends mieux l’expression « avoir des papillons dans le ventre ». Mes jambes se statufient, j’en perds le souffle. Mickaël ne flanche pas, lui, ses yeux pétillent de malice et d’envie. Cette tension est palpable, intense. Ses lèvres charnues se rapprochent doucement, mais sûrement des miennes. Je sens son autre main sur ma hanche qui me rapproche de lui. Ma poitrine collée contre son torse, nos cœurs battent à l’unisson.

Je te désire tellement, Mickaël.

L’adrénaline est constante, comme le décompte d’une bombe à retardement. J’attends instantanément l’explosion spectaculaire, percutante, irréversible. Je le retrouve enfin !

Notre baiser est passionné, incandescent, voire immortel. Ce quelque chose qui nous dépasse, de plus grand que nous. Magique. Inoubliable. Hors espace-temps. Une énergie incommensurable. Nous sommes indéfectiblement liés, tous les deux.

— Tu as troqué tes maillots de bain contre de la lingerie fine ? susurre Mickaël en caressant le bas de mon dos.


—…

— Je l’ai vu, dans une vision, me chuchote-t-il à l’oreille.


Je constate qu’il ose me faire un clin d’œil avec un sourire de garnement aux lèvres.

— Pourquoi chuchote-t-on ? pouffais-je.


Il pose doucement son index sur mes lèvres pour me faire taire, avant de nous enfermer à clé dans une des toilettes derrière lui. Pas glamour comme situation.

— Les jeunes, sortez de là ! Vous n’avez pas encore payé ! s’écrie une voix.



***


Une petite explication s’impose.

Mickaël, l’étourdi, a oublié son portefeuille sur le comptoir du magasin de Jade. Moi, j’ai bêtement laissé mon blouson avec tout mon argent sur son canapé.

Comment passer pour des hors-la-loi !


***


Nous nous improvisons soudain contorsionnistes pour échapper à cette situation compromettante, escaladant la minuscule fenêtre au-dessus des toilettes. Nous nous rétamons sur un trottoir à l’arrière du bistrot. Remis de nos émotions, nous nous relevons et courons comme si un tsunami dévastateur surgissait de nulle part.

Le tsunami, c’est finalement le barman qui fait son apparition dans une rue perpendiculaire et nous oblige à faire un sprint jusqu’au magasin de Jade. Elle est notre seule chance de sortir de ce guêpier.

Nous arrivons enfin à destination et, essoufflés, finissons accroupis derrière les orchidées. Nous regardons le tsunami passer.

— On ne vous a jamais dit que voler est un crime ? Ne me regardez pas comme des ahuris ! Je vais soigner Iris, nous surprend Jade.

Comment elle sait ? J’oublie à qui j’ai affaire. À moins qu’elle n’ait entendu le barman passer en vociférant…

— On a juste oublié le portefeuille. On compte le dédommager. Vous avez eu une vision ? lui demande Mickaël en récupérant son bien sur le comptoir.

— Oui, on peut dire ça… Toi aussi ? Mickaël ne réagit pas, mais réplique :

— Jade, j’aimerais savoir qui est mon père biologique ?

— Ça fait des années que je ne l’ai pas vu. Il était en voyage

à l’étranger quand je suis tombée enceinte. Il n’est jamais revenu.

— Il sait que j’existe, au moins ?

Jade baisse la tête et je prends son silence pour un aveu.

Mickaël aussi. Il ne peut retenir ses larmes.

Comprenant le désarroi de son fils, Jade propose de nous raccompagner. Mickaël, qui a son véhicule pas loin, refuse poliment. Il a besoin de solitude pour se remettre de ses émotions. En un regard échangé, on communique. Il me laisse avec

Jade pour qu’elle me ramène chez moi.



(31) Bière locale de l’île de La Réunion.




- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 45

Je fais demi-tour et m’apprête à rattraper mon ami, mais mes pieds ne décollent pas du sol. Je ne peux pas partir tout de suite. Je dois penser avant tout à Iris.

Tiens bon, Mickaël, je te retrouverai.

Jade m’enferme avec elle dans le magasin et me fait signe de la suivre vers un accès privé qui mène à l’étage. Nous montons et je découvre un incroyable loft. Un aquarium trône au milieu de la grande pièce et crée une séparation entre l’espace nuit et l’espace vie. Nous nous asseyons sur son canapé cosy gris, dans le coin salon.

Elle rompt enfin le silence :

— Je me doutais que tu reviendrais un jour. Excuse-moi, je suis un peu bouleversée.

Elle se tamponne le visage pour essuyer ses larmes.

— Comment avez-vous deviné qui j’étais ? Je veux dire, après toutes ces années ? Alors que Mickaël…

— En te regardant droit dans les yeux, j’ai su. Je vois des choses, des événements passés ou futurs. Je t’ai revue étant bébé, dans les bras de ta maman.


Je me redresse. Est-ce que j’ai bien entendu ?

— Vous avez des visions ? Comme une voyante ?

— Oui, Alia. Quel âge me donnes-tu ?

— Trente ans maximum, soufflé-je, constatant son port altier, son visage angélique (29), ses cheveux noirs et brillants parfaitement soignés et ce carré plongeant. On dirait une héroïne de Desperate Housewives (30).

— Je ressemble à une femme de trente ans depuis des centaines d’années ! J’ai vu énormément de personnes naître, grandir, vieillir et mourir. Je ne supportais plus de les voir partir, je finissais toujours seule… Je me suis alors privée de toutes attaches.

— Oh… vous êtes…

C’est surréaliste, j’en perds mes mots. Elle ne paraît pas si impressionnante, en vrai, elle est juste envoûtante. Je sens sa culpabilité à travers son regard triste. Je retrouve mes esprits et me souviens de l’objet de ma présence à cet endroit.

— Ma meilleure amie, Iris, est devenue une ondine. Elle est sous l’emprise d’un enchantement qui torture son esprit. J’ai besoin de vous pour la sauver.

— Où se trouve-t-elle ?

— À Himaya, le royaume des sirènes.

— Cet endroit existe vraiment ?

— Vous ne le saviez pas ? Lorsque vous avez déposé Elma en mer, à sa naissance, vous l’avez dit vous-même ! Elle devait rejoindre un autre monde !

— J’en avais la forte conviction, mais je ne pensais pas que…

— Vous n’êtes donc au courant de rien ? Ce sont vos sœurs qui ont construit ce royaume !

Je suis déçue. Je cherchais une sauveuse et je me rends compte qu’elle ignore tout. Si ça se trouve, elle n’a même pas de pouvoirs de guérison…

— Mes sœurs ?

— Oui ! Daphnée, Éléanore, Eileen, Victoria et vous ! Vous êtes considérée comme une déesse. À Himaya, vous avez une statue à votre effigie ! Là-bas, on vous appelle Esmée.

— Esmée…, répète Jade, tétanisée.


J’enfouis mon visage au creux de mes mains, je suis désespérée. Je sens la cause perdue d’avance.

— J’ai déjà entendu ce nom dans mes songes. Depuis toujours, j’ai des flashs où je vois des sirènes, d’étranges créatures, un dragon aquatique et un immense royaume. Pendant longtemps, j’ai cherché des explications à toutes mes visions, sans jamais comprendre. Alia, il faut que tu saches que, lorsque ta mère était enceinte…


— Je sais. Elle me l’a dit. Vous l’avez soignée.

— C’était horrible. Nous étions perdues sur un radeau de sauvetage en pleine mer. Le navire coulait sous nos yeux. Il y avait tous ces cris autour de nous. Ta mère avait un morceau de verre dans la poitrine. Je ne voyais que le sang et le regard terrifié de Lili. Je me suis servie de mes pouvoirs pour la soigner.

— Et vous avez transformé ma sœur en sirène ! l’accusais-je.

— Je ne savais pas qu’il y aurait de telles conséquences sur ses filles. Je voulais juste sauver ma meilleure amie. Ta mère avait perdu beaucoup de sang, je ne pouvais pas rester là sans rien faire. Tu comprends, n’est-ce pas ?

J’en ai le souffle coupé et, malheureusement, je ne peux que me mettre à sa place.

— J’ai posé mes mains sur son ventre pour savoir si vous alliez bien et je t’ai vue, toi, Alia.

— Moi ?

— Oui, toi ! Je sais que cette histoire peut te sembler improbable, mais aujourd’hui tu es là devant moi. Je t’ai vue t’opposer à une guerre. Tu es celle qui rétablira la paix !

Je me sens mal et perdue. C’est trop pour moi. Je n’ai pas envie de pleurer. Je refuse le fardeau, me lève, prends les clés du magasin posées sur la table basse et quitte la maison.

Je sors dans la rue et cours sans me retourner. Est-il possible de fuir son destin ?



(29) Non, ce n’est pas une référence à moi-même.

(30) Série télévisée américaine des années 2000.



- Fin du chapitre - 


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