Mission Mermaid - Déferlement
Autrice auto-éditée : Angélique CADET
ISBN : 978-29-59 172-80-9
Mis en ligne par | Lectivia |
---|---|
Dernière mise à jour | 06/09/2024 |
Temps estimé de lecture | 2 heures 38 minutes |
Lecteur(s) | 6 |
Partager ce cours
Partager le lien
Partager sur les réseaux sociaux
Partager par email
Veuillez s'inscrire afin de partager ce Mission Mermaid - Déferlement par email.
Chapitre 56
Une alerte retentit soudain.
— Qu’est-ce qui se passe ? demandais-je à Elma.
— Himaya est en danger ! Eragot a déclenché d’alarme ! L’Oracle nous prévient d’une attaque imminente, panique Elma. Je vois les ondines évacuer les enfants, Ilana escorter les créatures fragiles hors du royaume. Une petite armée de sirènes et d’ondines se forme rapidement autour du palais. J’aperçois
au loin une créature géante dotée de nombreux tentacules.
— Le kraken ! s’exclame Elma.
Il y a une différence entre voir les guerres à la télé et s’y trouver confrontée en réalité. Tout se déroule au ralenti, pas de musique dramatique, pas de gros plan, juste un foutu bordel. On sent son cœur battre au point d’exploser. Pendant un instant, on est absent, déconnecté de la scène.
On a même le temps de se dire : « Mais qu’est-ce que je fous là ? »
***
Le gardien vient vers nous pour m’éclairer avec sa lampe torche et nous interrompt :
— Hey, petite ! Il est tard, tu devrais rentrer chez toi.
— OK…, acquiescais-je.
Ne t’inquiète pas, je reviendrai bientôt. Promis ! Je te cueillerai des fleurs du jardin de mamie.
— Alia ! crie quelqu’un près du portail.
Le gardien l’éblouit avec sa lumière. Mais… Qu’est-ce qu’elle vient faire ici ?!
- Fin du chapitre et de l'histoire -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Une brune aux yeux bleus, un corps de déesse, une fleuriste… JADE ?
— Jade ? soufflais-je.
Les larmes aux yeux, elle hoche la tête et me prend dans ses bras. Je reste figée.
— Hum… excusez-moi, mais…
J’ouvre une poche dans mon sac, à la recherche de la photo que m’a montrée ma mère.
— Est-ce vous ?
— Tu ressembles tellement à ta mère.
À l’annonce de ces mots, j’ai la boule au ventre. C’est bien elle, pas de doute.
— Donc, vous êtes la marraine d’Alia ? intervient Mickaël.
— Et toi, tu es ?
— Mickaël Payet, un ami d’Alia.
Jade pose ses mains devant son visage et laisse tomber la photo. Pour cacher sa honte ? Sa culpabilité ?
— Mick… Mickaël.
Jade recule de trois pas, jusqu’à atteindre son comptoir sur lequel elle s’appuie. Son visage se décompose, sous le choc, on dirait. À sa réaction, je comprends qu’elle est également la mère biologique de Mickaël. Je tiens la main de mon acolyte pour lui insuffler ma force.
Tu as le droit de craquer, Mickaël, je serai là pour te relever.
Mes doigts semblent se briser sous la pression de ceux de mon ami.
— Vous êtes ma mère biologique ?
Elle hoche la tête. Mickaël lâche ma main, fait trois pas en avant et supplie :
— Pourquoi ?
—… Je… je suis désolée. Je pensais te protéger de tout ça.
Je…
— Ayez au moins la décence de me regarder dans les yeux, aboie Mickaël.
Jade relève la tête, tant bien que mal. Elle est pétrifiée.
— Tout ce temps et tu étais juste là ! À vendre tranquillement tes foutues fleurs pendant DIX-NEUF ANS ! Et tu n’as jamais cherché à me connaître !
— Mickaël… te laisser a été la décision la plus… la plus difficile de toute ma vie ! Mais… je…
— Vous m’avez abandonné ! hurle Mickaël qui frappe un grand coup sur le comptoir avant de quitter le magasin en courant.
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Une voiture pile devant moi, à deux doigts de m’écraser. Il faut dire que j’ai traversé la route sans regarder. Erreur que j’ai déjà commise…
— Mickaël ?!
— Alia ?!!!
— Mais qu’est-ce que tu fais ici ? T’es folle ! J’ai failli te tuer !
— Il y a un STOP ! Repasse ton permis au lieu de me hurler dessus constamment !!
— Où est-ce que tu cours comme ça ? T’es toute seule ?
— …
— Allez, monte !
Je grimpe côté passager. Je n’ose pas tourner la tête vers Mickaël et constate le silence pesant qui se répand dans la voiture. Sérieusement, quelle coïncidence ! Tomber sur la personne qu’on aime, à l’autre bout de l’île, se retrouver au même endroit, au même moment.
Mickaël lance les hostilités :
— Tu vas te décider à me répondre ? Qu’est-ce que tu fiches ici ? Est-ce que tu me suis ?
— Non ! Je ne te suivais pas. J’ai pris le bus…, bredouillé-je en tentant d’attacher mes cheveux humides.
Le siège de Mickaël va être trempé. Je n’aime pas le voir énervé après moi. On s’est tellement rapprochés, ces dernières semaines. Ce goujat ne remarque même pas mon effort vestimentaire pour être plus féminine. J’angoisse à l’idée de lui expliquer que je suis retournée voir les sirènes sans lui. Mais je ne dois plus avoir peur, il faut que je me débarrasse de ce poids.
Trois, deux, un.
— Je suis repartie voir les sirènes, hier soir, pour leur donner un omirum.
— Je croyais qu’on faisait équipe ? Tu leur as donné quoi ?
— Iris se retrouve dans cette situation à cause de moi, je dois trouver une solution. J’ai l’impression de risquer ma vie chaque fois que je mets un pied dans l’eau ! Je n’ai pas envie qu’il t’arrive quelque chose et devoir te regarder mourir sous mes yeux ! C’est… ma mission, pas la tienne !
— Iris est ma sœur, Alia ! Je suis prêt à risquer ma vie pour elle ! Accepte-le. J’ai fait ce choix, tu ne peux pas décider à ma place. Ne m’écarte pas de la mission Mermaid, je suis déjà trop impliqué.
— OK. On peut aller discuter calmement ?
On se gare sur le parking de la marina. Il pleut toujours des cordes. On court se poser dans une boulangerie, juste à côté. Je me décide enfin à tout lui raconter.
Il termine son café et, à son tour, il m’avoue :
— J’ai une piste pour ma mère biologique. Maurine a développé un logiciel pour retrouver des personnes disparues. Elle a trouvé une certaine J. Green qui aurait travaillé chez un fleuriste en ville, il y a quelques années. Je n’ai pas son prénom, juste un nom.
— C’est un bon début. Tu n’as pas l’air ravi.
— Et si je ne la retrouvais pas ?
— Et si tu la retrouvais ?
Nous quittons la boulangerie et nous parcourons la ville ensemble. Je cherche désespérément un signe de poisson volant et Mickaël visite de nombreux fleuristes. Je tombe sur d’innombrables fausses pistes, jusqu’à me rendre ridicule devant un poissonnier. Le ridicule ne tue pas, merci de m’épargner tout commentaire.
— Mickaël ! Regarde le poisson, là-bas, sur la banderole !
— Non, c’est un hibiscus. Super, encore un fleuriste !
Nous entrons, le cœur serré, dans le magasin. Il est rempli de splendides fleurs exotiques : des orchidées, des roses de porcelaine, des oiseaux de paradis, qui se fondent en parfaite harmonie entre les immenses bouquets d’œillets. Au-dessus de nos têtes, une immense allée de bougainvilliers violets. On se croirait dans un rêve. L’ambiance qui se dégage est enchanteresse. L’intérieur est chaleureux et lumineux. Un parfum de lavande flotte dès l’entrée.
— Bonjour, puis-je vous aider, les enfants ? demande une ravissante jeune femme.
— Nous recherchons une Mme Green, lui répond Mickaël.
La mystérieuse inconnue me fixe avec insistance, ses yeux changent de couleur et passent du bleu au gris.
— Alia ! s’exclame-t-elle.
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Le lendemain matin
Je prépare mon sac à dos avec le minimum du kit de survie — vêtements, chargeur, brosse à dents et dentifrice, argent, brosse magique. Je suis rentrée tard, hier soir, mes parents m’attendaient de pied ferme. J’ai passé un sale quart d’heure. Ils ne m’ont pas parlé de l’omirum, je ne sais même pas s’ils ont remarqué sa disparition.
Et ce matin, je me suis réveillée super tôt. 6 heures à peine et je suis prête à partir. Mais auparavant, il faut que je peaufine ma nouvelle identité. Aujourd’hui, je deviens une héroïne badass, style Xéna la guerrière (27), forte et sexy. Pour parfaire mon rôle, j’en suis venue à porter la lingerie neuve de ma mère. Tu sais, ce truc riquiqui dont je cherchais l’utilité. Il s’avère, après quelques recherches sur Internet, que c’est un body très tendance. Comme un maillot de bain, mais tout en dentelle.
Mais non, ce n’est pas du vol… Disons juste un emprunt.
Maman n’a pas si mauvais goût, je dois l’avouer.
Un dernier regard au miroir : j’admire mes cheveux lâchés, mon top moulant, mon jean slim. Je chausse mes chaussures à talons compensés et attrape ma casquette noire pour le côté « mission » ! Ah, mince… Est-ce que Xena la guerrière était maquillée ? Je devrais peut-être essayer. Pour la touche finale, je teste un rouge à lèvres mat et des lunettes de soleil de diva. Quel canon ! Si Michael me voyait…
Je secoue la tête et le chasse de mon esprit. Tu le fais pour toi, Alia, pas besoin d’un mec pour se sentir séduisante.
6 h 30. Voilà le plan : je garde ma brosse magique à la main, au cas où elle voudrait m’indiquer quelque chose. Quoique je ne sache pas trop comment elle est censée fonctionner hors de l’eau… Mais je finirai bien par trouver. Donc je me lance dans un road trip aléatoire. Heureusement que je vis sur une île, cela réduit le champ des possibles.
Je prends le bus direction Saint-Denis, c’est la ligne qui longe toute la côte ouest. Si je ne trouve rien de ce côté, je reviendrai par la côte est de l’île. Au petit bonheur la chance…
Je suis en cavale et veux me sentir éloignée de mes parents, des sirènes, de Mickaël, de Blair et James. Quelques minutes plus tôt, j’étais en mode warrior et, l’instant d’après, je me lamente sur mon sort. Même en enfilant mon plus beau masque, je ne trompe personne. J’ai l’impression que la situation me dépasse totalement, que je perds le contrôle de ma vie, ainsi que mes proches.
Bien assise, je retourne cette brosse minuscule dans tous les sens. Elle ressemble à une brosse pour bébé. Je me demande comment vont apparaître les poissons… Le dragon aurait pu me laisser la notice. Le dragon… Incroyable !
J’observe les gens autour de moi, je ne sais pas si je dois les envier ou les plaindre. Regarde cette bande d’ados scotchés sur leurs téléphones avec, pour seules préoccupations existentielles, leurs profils, leurs stories, leurs followers… Cette vieille dame qui sort du bus, impatiente de payer sa facture d’électricité. Comment je le sais ? Non, je ne suis pas l’Oracle, je viens seulement de la voir entrer dans un point relais EDF. Ce mec qui se dispute avec sa copine, sûrement à cause d’une énième tromperie. Ils ignorent tous qu’ils sont enfermés dans une petite bulle.
Bref coup d’œil sur l’objet magique insoupçonné de tous et je me plonge dans une crise existentielle. Mon passe-temps favori, quand je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts.
Les gens doivent se demander pourquoi je garde une brosse dans les mains. Je dégage quelle image ? Suis-je la fille solitaire et mystérieuse qui regarde le paysage par la fenêtre ? Suis-je cette fille invisible dont personne ne remarque l’existence ? J’ai si peur de me projeter dans l’avenir. Grisant et effrayant à la fois.
Dans mes rêves les plus fous, je m’imagine autrice à succès publiant best-seller sur best-seller. L’année prochaine, j’essaierai tant bien que mal d’entrer dans certaines cases et je laisserai, malgré moi, Parcoursup (28) décider de mon avenir. L’angoisse ! Dommage qu’il n’y ait pas l’option « Aventurier ».
Mince, il pleut. Je ressemble à une idiote avec mes lunettes de soleil posées sur la tête. Note à moi-même : vérifier la météo avant de partir en mission.
Soudain, la brosse devient gelée entre mes doigts. On y est ? Je me lève et fixe la brosse. Je cherche des poissons volants qui m’indiquent la direction à prendre. Je jette un coup d’œil vers la vitre et aperçois mon reflet. Mes yeux ! Ils sont blancs, presque livides. Je me les frotte, prise de panique. Que m’arrive-t-il ?
Je m’approche plus près de la fenêtre et aperçois, dehors, devant un panneau STOP, un poisson-fantôme ! Je tourne ma tête instinctivement vers les autres passagers pour voir si le phénomène les interpelle. Apparemment, non.
J’appuie sur le bouton d’arrêt et descends à Saint-Gilles-les-bains. Me voilà enfin à l’air libre, prête à suivre mon poisson. Je me mets à traverser la route précipitamment.
BIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIP
(27) Héroïne de la série Xéna la guerrière des années 1990. Icône féminine.
(28) Logiciel en ligne qui traite les demandes d’études supérieures.
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Je rentre chez moi, dépitée. Je n’ai aucune piste. Mickaël me fait la gueule. Je ne sais pas par où commencer mes recherches. Je découvre un mot sur la table, de la part de mes parents :
ils sont partis faire les courses. Je m’apprête à regarder les infos pour voir les dernières actualités, mais surtout si des phénomènes étranges ont été aperçus en mer, ces derniers temps. La télécommande ne fonctionne plus. Les piles sont sûrement mortes. Je fouille les placards, scrute autour de moi et lâche un grand soupir.
Mes yeux s’arrêtent alors sur la porte ouverte de la chambre des parents. Je me faufile dans la pièce et cherche dans l’armoire un indice qui pourrait me ramener à Jade/Esmée. Mon cœur bat la chamade. Depuis combien de temps sont-ils sortis ? Je ne trouve rien, ici. Je regarde ensuite la commode et découvre, à ma grande surprise, de la lingerie neuve. J’en sors une pièce en dentelle rouge et me demande dans quel sens on enfile ce mini truc.
Soudain un flash ! Décidément, la mémoire me revient assez facilement. Je revois Michael essayant de lever mes bras pour m’enfiler mon haut de pyjama. Je ressens encore son regard focalisé sur mon visage. Encore cette étrange sensation ? Je me mords les lèvres. Je m’égare, là…
Lâche ce morceau de tissu, Alia ! Concentre-toi !
Je referme les tiroirs et m’assois sur le lit, tout en continuant à examiner la chambre.
Je contemple le grand cadre fixé au mur, une photo de maman, papa et moi à la fête foraine. J’imagine Elma qui pose avec nous devant la grande roue, une barbe à papa à la main. Je l’ai souvent fait : visualiser des moments de ma vie, des situations auxquelles je devais faire face, avec ma sœur à mes côtés.
Je tourne la tête vers la commode. Ce serait presque trop facile. J’ouvre le petit tiroir violet. À l’intérieur s’y trouvent : un paquet de pastilles à la menthe, un médicament contre la nausée, un stylo quatre couleurs et une Bible.
Près de la lampe de chevet, je remarque une boîte à bijoux rose clair et ronde. Elle représente à cet instant mon dernier espoir. Je tapote le couvercle et me décide enfin à l’ouvrir. C’est quoi, ce bord* !
***
Je me rends à la petite plage. J’ai les pieds dans l’eau. Je suis en maillot de bain, je veux dire UNIQUEMENT en maillot de bain. Une maman et son enfant viennent de partir. En début de soirée, les plages deviennent désertes.
Un omirum en main, je me sens en danger. Ma mère a gardé ce coquillage dans sa boîte à bijoux. Pourquoi ? Depuis combien de temps ? Quelle source d’ennuis, ce truc ! L’un d’eux a mené Iris à sa perte.
Dans mon autre main, je tiens fermement la brosse magique, elle devient glaciale.
Une partie de moi m’interpelle, un peu comme un spectateur extérieur de la scène : « Put*, Alia, mais qu’est-ce que tu fous !? ». Est-ce qu’une sirène va essayer de me tuer, moi aussi ? Je possède des objets MAGIQUES. En les fixant, je n’estime même pas l’étendue de leurs pouvoirs.
Dans un film, il y a toujours cet instant où le héros franchit une barrière, un interdit. Eh bien, nous y sommes ! Tu as beau crier derrière ton écran : « Nooon, ne fais pas ça, c’est trop dangereux, fais demi-tour ! »
Irrévocablement, il doit le faire, afin de nous plonger au sein d’une intrigue, poursuivre l’histoire. C’est à ce moment-là qu’il en devient le héros, lorsqu’il fait preuve de courage. La peur est un sentiment qu’il doit être capable de surmonter.
Je plonge pour suivre les petits poissons qui s’illuminent vers les profondeurs de l’océan. Je perds mon souffle, brusquement, incapable de remonter à la surface.
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Un chant familier me réveille doucement. Mon souffle est lourd, je dois faire beaucoup plus d’efforts pour respirer. Je connais cette sensation, je suis sous l’eau et je sens la légèreté de mon corps. Mes paupières sont lourdes, je réussis difficilement à entrouvrir mes yeux.
J’aperçois soudain des écailles blanches aux reflets vert brillant flotter autour de moi. Cette mélodie… Je l’ai déjà entendue quelques jours avant la mort d’Iris. Cette voix, je l’entends dans ma tête. Une chose gigantesque me tourne autour. Elle m’oppresse. J’ai terriblement mal à la nuque et ma vision est assez floue. Ai-je été attaquée, comme Iris ? Où est l’omirum ?
De grands yeux bleu turquoise me scrutent. Je sursaute et vois mon reflet à travers ses deux globes semblables à d’immenses boules de cristal.
C’était donc toi ?
Il acquiesce et déploie ses longues ailes. Je recule malgré moi. J’ai senti toute sa force sans qu’il me touche. Le dragon d’Himaya ! Il est tellement beau. Il a l’air inoffensif. Les chants s’arrêtent sans que j’aie pu comprendre le sens des paroles. On aurait dit une fable ou une berceuse.
— Enfin, tu es réveillée ! résonne une voix familière.
Je force sur mon cou et me retourne. Je lâche un rire de soulagement.
— Elma !
Elle est accompagnée des autres membres du Conseil. Nous sommes dans une sorte de grotte ou de crique gigantesque. Suis-je à Himaya ?
— Tu as pris de grands risques pour nous rapporter ce coquillage, Alia. Sais-tu ce qu’il représente ? me demande Hanna, la présidente du Conseil des sirènes.
— Non, pas vraiment.
L’elfe d’Anvadoloris m’en avait brièvement parlé, mais je ne sais pas ce qu’il représente. Je déglutis. Hannah, Maria et Eragot sont toujours aussi impressionnants. La sirène m’explique qu’il existe quatre omirums, un pour chaque déesse : Victoria, Daphnée, Éléonore et Eileen. Conçus par les ondines, ils contiennent, chacun, l’âme d’une des sœurs fondatrices. Celui que j’ai récupéré est l’omirum de Daphnée, symbole de la fertilité.
Ces coquillages ont été placés aux quatre coins d’Himaya, afin de protéger le peuple de toutes menaces, notamment du dieu des enchantements, l’infâme Olmar. Depuis qu’on les a perdus, les sirènes ne sont plus en sécurité.
— Comment avez-vous fait pour perdre les omirums ? interrogais-je.
— Il y a à peu près dix-huit ans, Olmar a frappé un grand coup sur les profondeurs de l’océan et les omirums se sont tous dispersés. Nous avons promis d’exaucer un vœu à quiconque nous en rapporterait un et tu es la première à le faire !
Je reprends mon souffle. J’ignore comment j’ai atterri là. Une douleur me gêne dans la poitrine. Mon poignet me brûle à nouveau ; l’oxoriphorbe fait son effet, je suppose. Malgré tout, je tente de garder mon calme et cherche à trouver des réponses.
— Et la sirène qui a tué Iris ?
— Elle n’est jamais venue jusqu’à nous. Nous ignorons qui elle est et où elle est allée avec le coquillage. Nous pensons que c’est un coup d’Olmar, il prépare une attaque contre notre peuple. Il ne nous reste plus beaucoup de temps pour retrouver les autres omirums.
— Pourquoi est-ce qu’il voudrait s’en prendre à vous ?
Hannah m’explique qu’Olmar, fou de chagrin depuis la disparition de sa femme, Sedna, reste enfermé dans son palais. Il a toujours refusé toutes discussions. Ce dieu désire exterminer toutes les sirènes pour venger la mort de sa femme, les tenant pour responsables. Si les sirènes ne retrouvent pas les omirums à temps, alors Himaya sera condamné à une guerre sanglante.
— Je pense que ceci t’appartient, chuchote une ondine en me tendant ma brosse.
— Merci.
J’examine son allure plutôt musclée. Elle porte une longue tresse ; son visage est assez fermé. Comment s’appelle-t-elle, déjà ?
— Maria, souffle-t-elle.
— Maria, répété-je.
Ah… Maria, l’ondine chargée de la garde du palais. Le dragon rugit tout à coup et je sursaute, affolée. Pas si inoffensif que ça, finalement ! Je tiens ma brosse et me tourne vers la bête qui s’incline devant moi.
— Où as-tu trouvé cette brosse ? interroge l’immense créature d’une voix féminine et rassurante.
— Vous parlez ? réponds-je, sous le choc.
— Cette brosse ne peut guider qu’un cœur dont les intentions sont pures. Elle te mènera vers ton destin, déclare le dragon.
Je repose mes yeux sur cette brosse. Comment est-ce possible ?
— Tu peux l’entendre ? demande Maria.
— Oui, je crois… Pas vous ?
— Réclame-lui ton souhait, me pousse Hannah.
Trois, deux, un.
— Peux-tu ramener Iris à la vie et la guérir, s’il te plaît ?
— Si je le pouvais, tu n’aurais pas eu à le souhaiter, m’annonce la créature.
— Peux-tu m’aider à retrouver Esmée, dans ce cas ?
La brosse s’illumine. Surprise, je la lâche. Elle se met à flotter et à tournoyer au-dessus de nous à toute vitesse. L’objet finit par retomber brusquement à mes pieds. Je m’accroupis pour la ramasser. Elle se noircit et les gravures de poissons changent de couleur. Le bleu turquoise donne une allure psychédélique à ma brosse.
— Tu n’auras qu’à suivre les poissons. Ils te guideront jusqu’à elle, reprend le dragon d’Himaya.
— Merci !
— Je vous l’avais dit. C’est elle, je l’ai vue ! Elle est…, s’exclame Eragot, l’Oracle.
— De quoi parlez-vous ? le coupé-je en me retournant.
Ils ont tous les yeux rivés sur moi. Je regarde mon entourage hétéroclite : un dragon marin, une sirène, une ondine aux airs de guerrière, un extraterrestre vert et poilu et ma sœur ressuscitée. Une scène qui me semble presque insolite.
Je fuis l’œil noir et globuleux de l’Oracle. Je me recentre sur Elma pour tenter de me calmer, mais Eragot finit par répondre :
— Tu es l’Élue ! Une humaine dont le cœur fut touché par l’amour, séparé de sa moitié par le destin. Assignée à rétablir l’ordre entre les mondes. Tu représentes notre ultime espoir, Alia Grondin du monde des hommes.
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
J’aperçois Mickaël, une cigarette à la main, assis à une table sur la terrasse. J’ai couru pour arriver plus tôt mais il a toujours un coup d’avance.
— T’es déjà là ? m’esclaffais-je.
— J’avais le pressentiment que tu serais un peu en avance…
— Juste un peu ?
— Un grand café et un cappuccino au chocolat, s’il vous plaît, m’interrompt Mickaël pour s’adresser au serveur dont je n’ai pas entendu la venue.
— Je… je suis désolée pour hier… je… J’ai trop bu, balbutiais-je.
— Première cuite ?
— Oui, acquiesçais-je, gênée, en remontant ma bretelle
de maillot de bain qui tombe sur mon épaule.
Il rougit.
Punaise ! Est-ce qu’il pense à hier soir ?
Michael baisse les yeux et fait mine de tousser. Il est gêné, c’est évident.
— Qu’est-ce que tu as raconté à Blair et à James, hier soir ? reprend-il.
— Je ne m’en souviens plus. Blair m’a envoyé un message, ce matin. Elle pense que j’étais saoule et dans un délire, que je racontais n’importe quoi.
— Oui, entre le déguisement de sirène et l’alcool, t’as pas dû être si crédible ! Dis-moi maintenant, qu’est-ce qui se passe ?
Je n’arrive plus à le regarder dans les yeux. Je tortille un morceau de ficelle que j’arrache de mon tee-shirt et il pose sa main sur la mienne pour me calmer. Sa main est chaude. Je ferme les yeux une seconde et un flash-back m’apparaît. Je ressens un vague souvenir d’hier soir, lorsqu’il m’a bordée. Je crois même que je l’ai embrassé. Le pauvre ! Un baiser au goût de vomi. Beurk !
— Hum… Merci pour hier.
Michael rit nerveusement et me dépose un baiser sur la paume qui me donne un frisson.
— Ne touche plus jamais à une goutte d’alcool, compris ? Un autre flash. Je suis sous la douche, assise par terre,
pleurant pendant que Michael me lave les cheveux. Oh non ! Impossible ! La honte !
— Alia, qu’est-ce que tu ne me dis pas ?
Il m’a vue dans un état déplorable et il est toujours là, égal à lui-même, prêt à m’aider.
Allez, Alia, tu peux le faire.
Cinq, quatre, trois, deux, un.
— Iris souffre d’un sortilège qui lui fait revivre sa mort en boucle. Je dois retrouver une certaine guérisseuse, Esmée, qui s’avère être aussi ma marraine, Jade.
— Tu es allée la voir sans moi ?
— Je t’ai vu avec ta copine, je ne voulais pas…
— Mer*, mais il s’agit de ma sœur, Alia !
Le serveur nous interrompt un instant en déposant nos boissons.
— Je… Je suis désolée…
— Déjà, je n’ai pas de copine. Si tu parles de Maurine Valiame du club de geek, je l’ai embauchée pour retrouver mes parents biologiques. C’est moins cher qu’un détective privé et plus efficace.
— Oh…
Son téléphone posé sur la table se met à vibrer. Il le prend pour consulter son nouveau message. Son visage se décompose et il se lève :
— Je dois y aller. Je suis déçu. Tu aurais dû m’en parler directement au lieu de picoler avec tes nouveaux amis. TU devrais revoir ton sens des priorités !
Il est sérieux, là ? Il part comme ça !
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Nous roulons depuis une heure. La tête posée contre la vitre, je contemple le paysage qui défile, dans un état subconscient. Je m’enfonce dans une multitude de questionnements sur la création de l’univers.
Les différents mondes sont-ils réunis ? Les hommes, les fées, les elfes et les sirènes vivent-ils en harmonie ? Les humains ignorent tellement de choses, aujourd’hui. Pourtant, nous les faisons vivre à travers des histoires, des contes et des fables. Et la vérité : les possibilités qui nous entourent sont infinies. Je commence à remettre toutes mes croyances en doute, en passant par la légende de la petite souris et celle du père Noël.
Un grand camion nous double et me bouche la vue. Je sors de mes rêveries et me souviens de ma soirée. Je repense à ce que Josh m’a dit. Je n’ai pas tout saisi, mais je me questionne sur cette notion de point de non-retour.
Le point de non-retour… Un concept effrayant. Une situation tellement grave que rien ni personne ne pourrait la changer. Elle nous frappe de plein fouet le jour où notre erreur devient irrévocable. Aucun retour en arrière possible. Ai-je atteint ce point de non-retour ? Nous, les personnes brisées, nous avons
cette faculté à reconnaître cette fêlure chez les autres.
La douleur de Josh m’a percutée au point de me sentir connectée à lui. Hier soir, nos regards se sont croisés et j’y ai aperçu ce quelque chose d’horrible, cette plaie béante. Je devrais reparler à Josh, mais la vérité me tétanise toujours. Je ferme ma conscience au cas Josh.
Je cherche dans mon blouson combien d’argent il me reste pour poursuivre ma quête infernale. Quatre-vingt-un euros et six centimes ! Je pense qu’avec ça, je pourrai loger dans un petit hôtel standard de plus et me déplacer en bus. J’observe mes parents qui bataillent sur l’actualité, les sorties cinéma, le voisin d’en face. Et dire qu’il y a quelques jours ils me parlaient de sirènes ! Sans doute qu’être dans le déni leur permet de passer à un autre sujet. Au fond, ils sont peut-être envahis par la peur.
Maman commence à se recoiffer et pose son sac sur ses genoux, signe que nous sommes presque arrivés.
— Voilà, on y est, déclare mon père.
— Tu es déjà venue ici quand tu étais plus petite. On venait faire des promenades à cheval, ajoute maman.
Je me souviens vaguement y avoir fait une chute à cheval quand j’avais sept ans. Traumatisée, je ne suis plus jamais revenue.
On part s’installer sous le seul kiosque disponible, face à un terrain vague où une famille joue à la pétanque. L’aire du Relais est un grand espace en plein air où l’on peut pique-niquer, pratiquer diverses activités, parmi lesquelles le moto-cross et le quad.
Maman sort la nourriture de la glacière, dont son merveilleux taboulé. Papa nous sert à boire dans des timbales. Je profite de ce moment de calme pour leur soumettre mon interrogatoire :
— Parlez-moi de Jade, s’il vous plaît. Comment était-elle ?
J’écoute maman d’une oreille attentive raconter sa rencontre avec sa meilleure amie. J’imagine ma mère dans une galerie d’art, éblouie devant un tableau énigmatique, en train de faire la conversation avec cette femme.
— Elle aimait contempler les belles choses, surtout les fleurs. D’ailleurs, elle tenait une boutique de fleuriste, en ville. Jade était radieuse, proclame maman avec des étoiles plein les yeux.
Papa se rappelle à quel point son amie était gentille, à l’écoute et combien elle aimait chanter. Apparemment, mes parents l’ont fréquentée pendant plusieurs années.
— Vers la fin de sa grossesse, ta mère était avec Jade à un séminaire artistique sur un yacht. Il y a eu une terrible tempête. Le bateau a chaviré et ta mère s’est gravement blessée. Nous n’en sommes pas sûrs, mais nous pensons que Jade a tenté de vous sauver, cette nuit-là…, lâche papa.
— De nous sauver ? Mais comment ?
Maman m’explique qu’avant l’arrivée des secours, elle souffrait terriblement.
— Jade m’a guérie. Sans elle, je n’aurais pas survécu.
Ses souvenirs restent assez flous, mais maman m’avoue qu’elle continue de faire des rêves étranges, dans lesquels elle voit Jade poser ses mains sur son ventre. Elle se retrouve ensuite aveuglée par une puissante lumière.
Un bref silence s’installe. Je percute et réagis enfin :
— Elma est devenue sirène à cause d’elle ? Parce qu’elle a utilisé ses pouvoirs sur toi ? Si elle ne l’avait pas fait, alors…
— Je serais morte, Alia ! Je suis certaine que Jade avait de bonnes intentions ! m’interrompt maman sèchement.
— Et comment tu peux en être certaine ?
— Parce qu’elle me l’a dit ! J’avais confiance en elle. Je ne connaissais pas tous ses secrets, c’est vrai. Elle est devenue distante après l’accident. Elle a conservé tout un mystère autour de sa magie et ses origines. Après avoir abandonné Elma, Jade a disparu de nos vies. J’ai trouvé ça injuste, à l’époque, mais je suis certaine que c’était dans le but de nous protéger. Malgré tout, elle reste mon amie et je n’ai jamais douté d’elle, insiste-t-elle.
— Voici une photo de ta mère et de ta marraine.
Je prends la photo que papa me tend. Je reconnais les traits de son visage. Il me rappelle une des statues que j’ai vues sous l’eau, une sœur fondatrice d’Himaya abandonnée sur terre, la fameuse guérisseuse qui peut sauver Iris.
Je l’examine. Elle a des cheveux noirs ondulés et des yeux bleus qui me paraissent familiers. On dirait ceux de… hum… Non… Je ne dois pas tout mélanger ! Jade et Esmée sont une seule et même personne ! Je fronce les sourcils et observe la photo de plus près. Je retourne le cliché pour y chercher un indice. J’y vois noté : « Lili et Jade, 2001 » et, à côté, un symbole. Est-ce un poisson ? Un signe ? Il n’y a plus de doute, je l’ai retrouvée, enfin presque. Jade est bien Esmée et elle a la vie éternelle.
Sur le chemin du retour, personne ne prononce un mot. Arrivée enfin devant la maison, je n’entre même pas, je préfère courir jusqu’au Coffee Lyn’s pour retrouver Mickaël.
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Le lendemain
Je me réveille dans ma chambre d’hôtel dans un état second. La soirée d’hier reste très vague. Je me souviens que Mickaël est venu me chercher. Et puis, black-out.
9 h 30. Je consulte mes messages et vois trois appels manqués de maman. Je dois être devant chez Chloé à 10 h 30.
Blair : Je pense que tu as un peu trop bu, hier soir. Tu t’es prise pour une vraie sirène et tu as inventé une histoire complètement délirante ! J’espère que tu t’en es remise, à toute. Bisous
Mais qu’est-ce que j’ai bien pu lui raconter ? Elle m’a prise pour une gogole. Génial !
Mickaël : Je t’ai ramenée à l’hôtel comme tu me l’as demandé… Puis tu as vomi sur ton déguisement, je me suis permis de te faire prendre une douche et de te rhabiller avant de te mettre au lit. J’ai promis à Iris de veiller sur toi, alors, la prochaine fois, évite de faire ce genre de conneries ! Retrouve-moi au Coffee Lyn’s à 16 heures, apparemment on a des choses à se dire…
OH, MON DIEU ! Je balance la couette par terre et découvre que je porte mon nouveau pyjama rayé. Je me recroqueville sur moi-même. La honte me percute de plein fouet. Mickaël m’a vue toute nue ! Les yeux fermés, je tente tant bien que mal de me souvenir de ce moment, mais impossible. Je relis le message au moins quatre ou cinq fois. Est-ce qu’il a fait attention à ma cicatrice ? Bien sûr que oui, pauvre idiote ! Comment aurait-il pu la rater ?
— Et merde !
Je constate un message de maman, envoyé à 7 h ce matin. Sérieusement, elle est déjà réveillée un dimanche aussi tôt ? Ce n’est pas le rêve de tous parents normaux de faire la grasse matinée ?
Maman : Bonjour chérie, n’oublie pas, on passe te prendre à 10 h 30, ne sois pas en retard.
Je prends un oreiller, le pose sur ma tête et hurle à m’en casser la voix.
Mon téléphone sonne. Encore ma mère ! Je rejette son appel instinctivement. Ne prends pas cet air choqué, ce genre de comportement chez les ados est beaucoup plus fréquent que tu ne le penses. Ce n’est pas contre elle. Je n’ai pas envie de répondre au téléphone pour le moment. Ma voix me trahirait simplement en disant « Allô ». Les parents devinent quand quelque chose chagrine leur enfant. Je lui envoie un texto pour la rassurer et me prépare pour nos retrouvailles.
Enfin prête, je quitte l’hôtel. J’ai le temps de passer à la boulangerie pour prendre un cappuccino et me rendre chez Chloé. Je passe par les ruelles les plus étroites afin de ne pas croiser mes parents sur la route. Ils sont généralement ponctuels, même souvent en avance.
Me voici enfin devant la charmante maison de ma soi-disant « nouvelle meilleure amie ». J’entre, le temps de déposer le manuel emprunté, et ressors aussitôt.
Papa et maman débarquent à ce moment-là dans leur voiture qu’ils appellent leur « petit bébé ».
Je prends une pause naturelle.
— Salut m’man, salut p’pa !
— Bonjour, ma puce. Alors, ton week-end chez ta copine, c’était comment ? me demande papa.
Je grimpe à l’arrière de la voiture, toute guillerette, et m’exclame :
— GÉNIAL !
— Tant mieux. Aujourd’hui, on va prendre un peu l’air dans les hauts, annonce maman.
— Chouette ! On sera rentrés pour 16 h ?
— Je pense que oui. Pourquoi ?
— Oh… Rien de grave, je dois juste présenter des excuses à quelqu’un.
— Des excuses ? Tu t’es disputée avec Chloé ? m’interroge papa.
— Tout va s’arranger ? ajoute maman.
Ce n’est pas possible ! Ils se font déjà leur propre scénario. Je souris intérieurement. Leur imagination facilite mon mensonge.
— Vous savez, les amis s’embrouillent parfois pour pas grand-chose. J’aimerais vraiment me faire pardonner.
— On sera de retour pour 16 h, ne t’inquiète pas.
— Merci, maman.
Je suis soulagée qu’ils n’aient pas insisté sur l’origine du problème.
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Quand j’étais petite, maman était amie avec la mère de Josh. Il me faisait toujours des misères, en me tirant les cheveux ou en dévissant les têtes de mes poupées. Il me menaçait et j’avais interdiction de rapporter aux parents. Quel sale gosse ! À l’époque, pendant que ma mère prenait le thé en bas, je me réfugiais dans cette salle de bains, cachée derrière les mêmes rideaux à fleurs jaunes.
J’entends la porte s’ouvrir et claquer. Je sursaute, prise en flagrant délit. Je reste immobile un instant et j’entends l’eau du lavabo couler. Je regarde discrètement et distingue Josh qui a les yeux rouges et gonflés. Il se fixe un moment dans le miroir, puis tourne la tête vers moi.
— Alia ?
— T’as fumé un joint ou t’as pleuré ?
— À ton avis ?
Il enjambe la baignoire pour venir s’installer en face de moi, je recule instinctivement.
— Qu’est-ce qui n’va pas ? me demande Josh.
— Tu t’es déjà senti coupable au point de te détester et d’essayer de devenir une nouvelle personne ?
— Oh… Oui ! Depuis l’âge de huit ans, je me sens coupable de t’avoir collé un chewing-gum dans les cheveux.
— J’ai dû me les couper à la garçonne. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu me détestais autant !
Son regard s’assombrit.
— Mais bien sûr que si, tu le sais ! Tu m’avais vu dans les toilettes du centre commercial avec Christelle !
— Ta baby-sitter ! Oui, je m’en souviens, mais je ne comprends pas.
— Chacun a sa part de responsabilité, au final, soupire-t-il.
Je comprends qu’il ne va pas m’en dire plus. Je l’observe un instant, il divague complètement. Il pose sa tête sur le rebord de la baignoire et lève les yeux au plafond.
Josh respire profondément et reprend :
— Christelle… Mes parents n’ont rien vu. Toi. Moi. Qui était Christelle ? Une personne sombre, perdue, horrible ? Rien ne pourra justifier ses actes ! Je hais Christelle. Je hais ce monde ! Un vrai fils de p* ! Il est où le point de non-retour ?
— Hum… Je ne suis pas sûre de saisir. Le point de non- retour ?
—…
— Josh ?!
Est-ce qu’il ronfle, là ?
Je constate qu’il s’est assoupi dans une drôle de position. Il est vraiment effrayant avec son maquillage blanc et ses cheveux verts. Je n’ai jamais vu Josh dans un état pareil. Pauvre garçon ! Je sors de la salle de bains sans faire de bruit et redescends au rez-de-chaussée.
Je rejoins Blair et James au bar où ils me servent un cocktail maison.
— Où étais-tu passée ? me demande Blair.
— Je faisais la queue aux toilettes, inventais-je en faisant mine de siroter la boisson.
J’avale à peine une gorgée d’un goût amer. Je me sens toute bizarre. Tout se met à tourner autour de moi.
— Raconte-nous plutôt ce que tu faisais hier soir, m’interpelle James.
— Hier soir… hum… Je suis allée à la petite plage et j’ai rencontré ma sœur, Elma. Elle m’a emmenée au royaume d’Himaya. J’y ai rencontré le Conseil des sirènes qui m’a demandé de retrouver Esmée, l’une des sœurs fondatrices, celle qui pourrait guérir Iris. Elle souffre d’une terrible malédiction qui torture son âme et lui fait revivre en boucle le moment de sa mort.
— Alia ! Mais qu’est-ce que tu fais ! hurle Mickaël en me tirant par le bras hors de portée de Blair et de James.
— Esmée m’a dit qu’un dragon avait apaisé Iris avec des
algues enchantées… Puis… puis je suis allée sous le pont pour essayer de repartir à Anvadoloris et demander conseil à Elliot, mais ça n’a pas marché, alors… je… je suis rentrée à l’hôtel, terminais-je.
— ALIA ! PUT* ! MAIS C’EST QUOI, CETTE
HISTOIRE ? fulmine-t-il en me traînant dehors.
— Mickaël ? Je… je ne me sens pas bien. Emmène-moi à l’hôtel Alizée…
***
Attends ! Tu ne penses tout de même pas que j’étais saoule à ce point ? J’étais dans un état second, je n’avais plus aucun contrôle.
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Jenny Perse, une connaissance du cours d’espagnol, déguisée en dame de saloon, me conduit à la soirée de Josh. Bien pratique d’avoir dans ses contacts une redoublante qui a déjà son permis et sa propre voiture. Nous arrivons enfin à la fête, il est 21 h et je dénombre un grand nombre de voitures garées dans les ruelles et devant la maison en bois blanc, ainsi qu’une dizaine d’étudiants dispersés en plusieurs petits groupes. Certains fument et d’autres sont au téléphone ou en train de discuter.
Parmi eux, notre hôte déguisé en Jocker (26). Je suis finalement presque soulagée de mon déguisement de sirène !
Jenny m’abandonne soudainement. Je suis complètement perdue, j’envoie un texto à Blair.
A : T’es où ?
B : Chez Josh et toi ?
A : Juste devant. J’arrive !
Je salue vivement Josh d’un signe de main et m’empresse d’entrer dans le séjour. J’aperçois, parmi la foule, la déesse égyptienne et son frère démoniaque assis sur le canapé en cuir. Je cherche Mickaël du regard, mais, dans une foule de gens déguisés, impossible de le retrouver.
J’ai littéralement l’impression d’être un pingouin. Je lutte pour mettre un pied devant l’autre, avec ma queue de sirène qui me gêne et mes talons hauts. Je m’en veux d’avoir voulu jouer les fashionistas. Si je voulais rendre jaloux Mickaël, c’est raté. Je suis loin de défiler comme un mannequin ! Le sang ne circule plus dans mes orteils. Et surtout, ma queue de poisson menace de me faire trébucher à chaque pas que je fais.
— Hey, mais quelle beauté ! James me tombe dessus.
— Une desperito ? me propose Blair.
La musique est hyper forte. Soit je n’ai pas compris ce qu’elle vient de dire, soit je ne connais absolument pas l’existence de ce mot.
— Hum… une quoi ?! aboyais-je pour me faire entendre.
— C’est excellent ! Une desperados retournée dans un mojito ! Tu peux même ajouter du sirop, y en a pour tous les goûts, m’explique Blair.
— Choisis et je te sers ! précise James en pointant toutes les bouteilles suspendues au bar.
— Hum… Je ne bois pas d’alcool, désolée.
— Tu rigoles, j’espère ! Lâche-toi un peu. Allez, viens, on va rejoindre le groupe qui joue à « je n’ai jamais », me répond-il.
Iris m’aurait certainement fait une liste de bonnes raisons de faire demi-tour et rentrer chez moi :
1— La musique est beaucoup trop forte et je ne sais pas twerker.
2— Les étudiants de première année viennent dans ce genre de fête pour une seule raison : remplir leur tableau de chasse. Comme si les lycéennes étaient beaucoup plus faciles et naïves !
3— L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. On en est envahi, ici.
4— Si les trois premières raisons sont cochées, je dois décamper, et tout de suite.
La majorité des fêtards se donnent une image. Ils font des selfies avec leurs tenues, leurs chichas et leurs bouteilles. Ils parlent avec des gens qui leur insupportent et tentent d’attirer l’attention des gens qu’ils aiment bien. Ils dansent pour crier au monde : « Regardez-moi. J’adore ma vie. » Alors qu’au fond, ils le font pour oublier et fuir la vraie vie.
Le sentiment de « bonheur » est éphémère : le maquillage, les déguisements, les jeux, l’alcool, la musique, les bagarres, les flirts. Juste le temps d’une soirée, assez pour pouvoir se perdre.
Moi, je me suis déjà assez perdue. Mais Iris n’est plus là. Avant, on rigolait bien de cette comédie, mais aujourd’hui je suis seule. Je veux m’abandonner au bonheur éphémère. Juste pour une soirée. J’en ai besoin.
Sans résister, je les suis pour intégrer l’euphorie des autres. Désormais, je serai comme tous ces jeunes, insouciante et en recherche d’ivresse, noyant mes soucis dans la descente de vodka et de gin tonic.
Nous rejoignons un groupe assis autour d’une table de la terrasse qui mène au jardin. Je reconnais trois garçons de l’équipe de basket, déguisés en Dalton, et aussi Louisa Nolz, élève en première, et une autre fille dont j’ai oublié le nom. Ils sont euphoriques. J’entends un des Dalton crier : « Je n’ai jamais embrassé quelqu’un assis autour de cette table ! » Je constate que personne ne boit, sauf Louisa et l’autre fille qui me rappelle vaguement une influenceuse sur Instagram. Je crois que son pseudo sur les réseaux, c’est Lou’miel_pops, bref, appelons-la Lou.
Les basketteurs se mettent à brailler, j’ignore encore pourquoi. Les deux filles rigolent et s’embrassent devant nous. Donc Lou propose à James de continuer la partie avec nous. Tout le monde se serre pour nous faire une place autour de la table.
Okay, Alia, tu peux le faire ! Si tu n’as jamais fait l’action, tu es épargnée. Sinon, tu bois.
Je pourrais mentir ? N’importe quoi ! C’est censé être drôle, je vais jouer le jeu.
— « Je n’ai jamais participé à une bataille de bouffe » ! propose James.
Tout le monde boit cul sec son shooter, y compris moi. Je sens une brûlure me traverser l’œsophage. Mon estomac en fait des bonds, j’en ai la nausée. J’ai envie de courir jusqu’aux toilettes, mais je reste. À moi de jouer.
— « Je n’ai jamais embrassé une fille ». Tout le monde boit, sauf Blair et moi.
— « Je n’ai jamais fait le mur », hurle Blair à son tour. Tout le monde boit.
— « Je n’ai jamais tué quelqu’un » ! crie l’un des Dalton.
J’avale mon shoot cul sec. Soudain, un silence s’installe autour de moi, puis, aussitôt, un fou rire général et incontrôlé. Je sens une petite claque sur mon épaule. Je bouillonne de rage.
Vous trouvez ça drôle, bande de débiles ?
Je me sens terriblement mal. Je sors subitement de table et cours à toute vitesse vers la salle de bains, à l’étage.
(26) L’amoureux d’Harley Quinn dans le film Suicide Squad
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
11 h 30. Je me réveille dans cette chambre inconnue. J’ai très mal dormi, j’ai rêvé d’Iris. Je l’ai revue souffrant de ce terrible sortilège en hurlant mon nom, encore et encore. Je ne pouvais rien y faire. L’impuissance, n’est-ce pas le pire des ressentis ?
Je garde les mêmes réflexes et consulte mon téléphone. Toujours pas de nouvelles de Mickaël. Juste un message de ma mère me souhaitant une bonne journée et un message de Blair…
B : T’as trouvé un déguisement pour ce soir ?
A : Non pas encore et toi ?
B : Rdv à la boutique Ah Kitoo à 13 h
A : OK à toute !
Je fais un point financier pour connaître mon budget déguisement. Il me reste dix euros sur mon compte en banque. Environ deux cents euros dans « Peggy la cochonne », la tirelire offerte pour mes dix ans.
Je me lève du lit avec une affreuse migraine. En tirant les rideaux blancs pour laisser entrer la lumière, j’entends mon ventre crier famine. Je laisse les draps et couvertures dispersés sur le lit.
J’arrangerai ça plus tard.
Je me prépare rapidement. Je prends « Peggy la cochonne » qui vit alors ses derniers instants au fond de mon sac à dos. Je l’embrasse sur le ventre et l’emporte avec moi en sortant de la chambre. J’ai la dalle, il faut que je trouve à manger.
— Adieu, Peggy ! ricanais-je en la fracassant sur le trottoir d’une petite ruelle derrière l’hôtel.
En vérité, je compte cent vingt-trois euros et six centimes que je ramasse. Je planque mon butin dans la poche de mon blouson en cuir.
Je marche jusqu’au fast food le plus proche et je commande sans aucun remords un menu XXL composé d’un burger, d’une grosse portion de frites et d’un grand verre de limonade. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas mangé gras sans culpabiliser.
Je me sens plus grande et plus forte qu’hier. Je n’arrive toujours pas à croire que j’irai à ma première fête sans Iris, ce soir. Mais je m’en sens capable. Après tout, j’ai réussi à voyager
à travers les mondes. Je retrouverai aussi cette guérisseuse, Esmée. Je me sens invincible. Voici une toute nouvelle Alia Grondin.
13 h. Je me trouve au magasin de déguisements, une première pour moi. Je zieute malgré moi James en mode pitrerie dans un rayon avec un masque de diable sur le visage.
— C’est fou tout ce qu’il y a ici ! Il faut que tu voies ce qu’ils proposent dans les catalogues. DINGUE ! s’exclame James.
— Salut ! Blair est dans la cabine d’essayage ?
— Oui, elle enfile une tenue de déesse égyptienne. Tu as une idée de ce que tu vas porter ? me demande James en me montrant le catalogue qu’il est en train de feuilleter.
— Tadaaaaaaa ! nous interrompt Blair en tirant les rideaux, telle une star hollywoodienne.
— Waouh ! CA-NON ! affirmais-je.
— J’ai mis quelques tenues de côté pour toi ! Essaye-les ! me supplie Blair, déchaînée.
J’accepte et je m’empresse d’entrer dans la petite cabine. Je ferme les rideaux et vois trois housses contenant différents déguisements. J’ouvre la première et découvre une tenue d’Harley Quinn. Je tourne la tête et vois la batte de baseball en plastique contre le mur de la cabine. Je me mets dans la peau du personnage. J’ajuste mes deux couettes, j’enfile le tee-shirt
déchiré, le short moulant, les bracelets et le collier gothique, sans même me regarder dans le miroir. Je tire le rideau rouge de la cabine et sors avec un semblant d’assurance.
— Le look de femme badass (25) te va hyper bien ! s’écrie Blair.
— T’as même les cicatrices qui vont avec, remarque James.
— Oh ça… hum…, bégayais-je.
— Mystérieux. Elles te donnent un côté rebelle. J’aime beaucoup ! affirme James.
— Merci, murmurais-je.
Bizarre ! Je ne me sens pas aussi mal que je le serais, en temps normal. Je suis dans la peau d’un méchant de Comics, je ne peux pas me sentir faible.
Souris, Alia !
En sautillant vers ma cabine avec la batte de baseball sur les épaules, je ne peux m’empêcher de rigoler bêtement.
J’ouvre la seconde blouse et, à ma grande surprise, je découvre un déguisement de sirène ! L’ancienne moi aurait dit :
« HORS DE QUESTION ! »
Je repense à Elma. Je pourrais lui ressembler. La tenue est sublime.
Je sors de la cabine d’essayage et vois les têtes de James et Blair Kaval, ébahis. J’ai lâché mes cheveux, je porte un bustier bleu et violet et une jupe moulante verte ayant l’apparence d’une queue de poisson.
— Je pense que tu n’as pas besoin d’essayer d’autres costumes. Celui-ci est juste PARFAIT ! m’annonce Blair.
Je me retourne vers la cabine pour me regarder dans le miroir. Pas très confortable, mais quoi de mieux pour attirer l’attention ? Mickaël sera sûrement là-bas, lui aussi, accompagné de sa nouvelle copine hyper canon.
Ça ne fait rien. Pour la première fois depuis ma petite communion, j’arrive à me trouver vraiment jolie.
(25) Dur à cuire
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Nous quittons la tour. Nous traversons un long couloir scintillant, mais je ne m’attarde pas sur le décor, seulement sur Elma. Je la contemple et je sais que je ne veux plus jamais la perdre. Ni elle ni Iris.
Iris !
Nous descendons des escaliers qui me semblent infinis, mon cœur bat la chamade. On n’y voit presque plus rien, désormais. Nous sommes au sein des donjons du château.
Iris, tremblante, est allongée par terre, enchaînée à des algues. Elle semble être prise d’une crise d’épilepsie.
— Qu’est-ce qui lui est arrivé ?
— Nous pensons qu’elle a été victime d’un puissant sortilège qui lui torture l’âme. Elle a l’impression de revivre de façon répétée le moment de sa mort.
— Oh mon dieu ! Mais c’est horrible !
— Elle est épuisée. Au début, elle hurlait ton nom en boucle, puis nous l’avons attachée à ces algues. Ces plantes ont été ensorcelées par le dragon d’Himaya pour l’apaiser un peu.
— Elle a hurlé mon nom avant de mourir, chuchotais-je en m’accroupissant près de mon amie.
Oh, Iris, je suis tellement désolée… Si je ne t’avais pas donné ce maudit coquillage…
J’ai la boule au ventre, quand les dernières paroles d’Elma me reviennent à l’esprit et finissent par me percuter de plein fouet.
— Euh… Vous avez un… DRAGON ?
— Oui, bien sûr ! Vous n’en avez pas, vous les humains ?
— Non ! Nous, on a des bus, des avions, des bombes nucléaires, mais pas de DRAGON ! m’exclamais-je.
J’observe Iris avec regret. Tout est de ma faute. Je dois réparer mes erreurs, mais je n’ai pas envie de quitter Elma. J’ai l’intime conviction qu’après toute cette aventure, nous pourrons nous reconstruire, elle et moi, ensemble. Iris a besoin de moi. Elma me conduit vers le passage qui mène à la surface. Je pars, mais, quoi qu’il en coûte, je reviendrai.
Je lève les yeux et nage aussi vite que possible. L’océan à perte de vue. Incroyable. Ce bleu turquoise avec certains reflets verts. Je remonte à toute vitesse et crois percevoir le ciel. Je sors enfin de l’eau et lève la tête pour respirer un grand bol d’air frais.
Je rejoins la plage, totalement bouleversée, je me sèche les mains et regarde l’heure sur mon portable : 22 h 30 seulement ! Je ne vais pas m’arrêter de sitôt ! Je longe la route qui mène au pont qui est devenu le passage entre notre monde et celui d’Anvadoloris. Je dois absolument trouver Esmée pour guérir Iris, mais j’ai besoin d’aide. Puis-je appeler Mickaël ? Est-il encore avec cette fille ? J’aimerais trouver des solutions maintenant. L’elfe ? Lui seul peut m’aider.
Après avoir croisé un SDF et laissé un couple traverser la passerelle de la Rivière d’Abord, je descends sur les rochers et plonge sous l’eau. Je nage et remonte aussitôt en m’étouffant. L’oxoriphorbe ne fait plus effet. Je prends une autre inspiration et plonge à nouveau. Je remonte à la surface de l’autre côté du pont. Après six tentatives, j’abandonne et rentre à l’hôtel, désespérée, frigorifiée et épuisée. Je trouverai une solution, tôt ou tard. Qu’importe le temps que ça prendra.
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.