Mission Mermaid - Déferlement

Mission Mermaid - Déferlement

Autrice auto-éditée : Angélique CADET


ISBN : 978-29-59 172-80-9

4,99 €
4.99 EUR 4,99 €
4,99 €
Mis en ligne par Lectivia
Dernière mise à jour 06/09/2024
Temps estimé de lecture 2 heures 38 minutes
Lecteur(s) 6
Français Débutant(e) Fantastique
Mission Mermaid - Déferlement

Chapitre 56

Une alerte retentit soudain.

— Qu’est-ce qui se passe ? demandais-je à Elma.

— Himaya est en danger ! Eragot a déclenché d’alarme ! L’Oracle nous prévient d’une attaque imminente, panique Elma. Je vois les ondines évacuer les enfants, Ilana escorter les créatures fragiles hors du royaume. Une petite armée de sirènes et d’ondines se forme rapidement autour du palais. J’aperçois

au loin une créature géante dotée de nombreux tentacules.

— Le kraken ! s’exclame Elma.

Il y a une différence entre voir les guerres à la télé et s’y trouver confrontée en réalité. Tout se déroule au ralenti, pas de musique dramatique, pas de gros plan, juste un foutu bordel. On sent son cœur battre au point d’exploser. Pendant un instant, on est absent, déconnecté de la scène.

On a même le temps de se dire : « Mais qu’est-ce que je fous là ? »


***


Le gardien vient vers nous pour m’éclairer avec sa lampe torche et nous interrompt :

— Hey, petite ! Il est tard, tu devrais rentrer chez toi.

— OK…, acquiescais-je.


Ne t’inquiète pas, je reviendrai bientôt. Promis ! Je te cueillerai des fleurs du jardin de mamie.

— Alia ! crie quelqu’un près du portail.

Le gardien l’éblouit avec sa lumière. Mais… Qu’est-ce qu’elle vient faire ici ?!



- Fin du chapitre et de l'histoire - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 32

Nous arrivons sur une grande place animée par des milliers de poissons. Je constate différents aspects : certains sont immenses, longs, larges, aplatis, décorés de motifs rayés, pointillés, tachetés… D’autres sont difformes et effrayants. Je remarque aussi des créatures lumineuses, des hippocampes géants qui nagent à travers les coraux. Face à moi se dressent cinq grandes statues, dont quatre sirènes et un humain. On dirait qu’elles ont toutes le même visage… Encore un mystère.

J’interroge Elma :

— Ce sont des sœurs ?

— Oui. Victoria, symbole d’amour, Daphnée, propageant la fertilité, Éléanor, inspirant la force, Eileen, la bonté, et la dernière…, s’interrompt-elle en pointant la dernière statue de forme humaine.

Elle sourit et reprend :

— La dernière, nous l’avons nommée Esmée. En elle, nous voyons l’espoir. Ce sont les sœurs fondatrices. La légende raconte qu’elles étaient les premières sirènes. Mais Esmée avait des jambes, elle a dû grandir auprès des hommes.


Waouh…


— Nos histoires se ressemblent tellement ! Des sœurs séparées par leurs différences pour vivre dans deux mondes opposés. Complètement dingue !

Troublée, j’observe Elma. Elle me ressemble, mais elle n’est pas moi. Elle est belle, douce et dégage un truc, comme une énergie. Avec elle, je me sens en sécurité. J’ai un sentiment de bien-être extrêmement puissant. Comment l’expliquer ? J’ai eu l’impression toute ma vie d’attendre quelque chose, sans trop savoir quoi. L’évidence se trouve sous mes yeux. Elle est ce que j’espérais depuis toujours. Tout ce temps, elle était là, cachée sous l’eau. Je commence à comprendre pourquoi l’océan m’attirait autant. Je me sens tellement entière lorsque je plonge dans l’eau. Chaque nuit lorsque je nageais, je me sentais étrangement liée à ma sœur.


— Dépêchons-nous, ils nous attendent ! ordonne Elma.

— Qui ?

— Le Conseil ! répond ma sœur en s’éloignant à toute vitesse en direction de la plus grande tour du château.


***


J’entre timidement dans une pièce gigantesque et somptueuse.


Des coraux blancs créent de grands murs, arrondis vers le plafond, et aux reflets bleu vert. Je m’y sens minuscule. Je lève la tête et découvre un grand trou au plafond, qui forme la seule fenêtre pour éclairer le lieu. Je me retrouve nez à nez avec trois personnes autour d’une table ronde : une sirène, une ondine et une étrange créature verte et poilue. Cette dernière me regarde bizarrement, avec son unique œil, et ressemble plus ou moins à un vieil extraterrestre.

Je cache discrètement la brosse dans mon dos.

— Nous t’attendions. Assieds-toi, Alia Grondin du monde des hommes, annonce une sirène.

Elle a de longs cheveux blancs, un regard bleu clair, et sa queue de poisson verte s’agite sous mes yeux.

— Bonjour… Euh…, bafouillais-je, terrifiée.

— Je me présente. Je suis Hannah, présidente du Conseil du royaume d’Himaya. Voici Maria, ondine chargée de la garde du palais. Eragot, l’Oracle. Et enfin, tu connais déjà ta sœur, Elma, notre fidèle messagère.

Je bégaie et n’arrive plus à placer un mot après l’autre.

— Hum… je… euh…

— Nous t’avons convoquée au sujet de ton amie, Iris.

— Iris est ici !? m’écriais-je.

— Elle a été victime d’un terrible enchantement. Nous ne pouvons pas la soigner. Mais nous pensons que quelqu’un d’assez puissant peut la sauver, m’explique Maria.

— Un enchantement ?

— Notre royaume a été bâti par quatre sœurs que nous appelons les sœurs fondatrices. Lorsqu’Himaya fut menacé, elles se sacrifièrent pour nous protéger. La légende raconte que la plus jeune, Esmée, est la seule survivante. Elle vit sur Terre. Esmée est la seule à pouvoir sauver ton amie, déclare Hannah avec fermeté.

— Comment... Mais… euh… Vous voulez que je retrouve cette guérisseuse ? balbutiais-je.

— Je l’ai vue. Vos destins sont fortement liés, déclare l’Oracle en me prenant la main.

Je fronce les sourcils et recule brusquement. J’ai du mal à tout comprendre. Tout cela est bien réel ? Ils se trompent de personne ! Moi retrouver une sorte de… DÉESSE disparue ? Je me sens complètement perdue.

Et Elma, je n’arrive plus à la quitter des yeux.

— Où se trouve Iris ? suppliais-je.

— Je t’accompagne, me répond Elma.




- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 31

Je repense aux fées, serre fort ma brosse magique dans la main gauche et ferme les yeux.

Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un.

JE RESPIRE ! Je m’esclaffe en réalisant que je peux respirer sous l’eau. Mon poignet me brûle toujours autant. Je me demande si je peux aussi parler.

— Elma ?


Je sursaute en entendant ma voix.

— Oui ?

Je bloque instinctivement ma respiration. L’effet est immédiat, je me sens défaillir.

— Alia, tout va bien. Tu dois lâcher prise. Respire ou tu risques de t’étouffer bêtement.

Je place une main sur ma poitrine pour sentir mon cœur battre. Je suis toujours en vie.

Respire. Tu peux le faire. Tout va bien, Alia. TU PEUX PARLER SOUS L’EAU !! Truc de fou !

— Où… hum… euh… où allons-nous ? demandais-je enfin soulagée.

— Au royaume d’Himaya.

— Iris se trouve là-bas ?

— Oui, suis-moi, par ici, m’indique-t-elle en traversant un genre de cercle d’énergie puissant.

Nous arrivons devant un immense palais en pierre. Les détails sont impressionnants. La tour centrale est recouverte de mosaïque bleue, verte et violette, on pourrait presque la confondre avec un tourbillon. Un paysage à la fois beau, mais effrayant !

Autour, j’aperçois une ville qui s’étend à perte de vue. Des milliers d’habitations construites à base de coraux et de plantes aquatiques fluorescentes offrent un cadre spectaculaire. Au-dessus des maisons, de grosses sphères blanches suspendues rayonnent comme des ampoules magiques. J’avance avec prudence, croise un ensemble de créatures ressemblant à des sirènes ou des ondines. Elles partagent naturellement l’espace avec les poissons.

Je sens une piqûre sur ma cheville, ce qui me stoppe net.

— Aïe !

Je baisse la tête et recule vivement.

C’est quoi, ça !?

Devinant ma question muette, Elma chuchote :

— Ce sont des polirepmonts. Ils peuvent se montrer un peu agressifs, parfois.


J’observe ces petites bestioles vertes se tenir en file indienne sur plusieurs mètres. Elles ont la taille d’un petit crabe et je soupçonne que les antennes qui sortent de leur tête sont la cause de ma douleur. Une centaine de petits yeux se posent sur moi et je remarque que ces petites choses n’ont qu’un œil entre leurs deux antennes, ainsi que trois grandes pattes d’araignée.

— Ils ne sont pas très…

— Chuut… Ils sont très susceptibles, m’interrompt Elma.

Ils sont bizarres, mais pas si méchants. Ils reprennent leur route dans une démarche folklorique, toujours en rang.

— Où vont-ils ?

— Les polirepmonts viennent des eaux les plus profondes. Ils partent alimenter les linns à la tour des Lumières. Tu vois ces grosses boules scintillantes qui éclairent la ville ? Ce sont des linns.

— Waouh…

Je sens des chatouilles sur ma jambe. Oh, un polirepmont s’est accroché à moi ! Je tends les mains et il vient s’y poser calmement.

Ne me pique pas, s’il te plaît !

Il incline la tête gentiment. Je pose un doigt sur sa petite carapace en velours. C’est doux. Je le repose par terre.

— Retrouve ton groupe ! l’incité-je mielleusement.

Le petit animal s’en va dans une cadence rythmée. Ces petites choses se déplacent comme pour une parade.

— Regarde là-bas. Tu vois la grosse masse noire derrière les algues ? C’est Kyléa. On l’appelle aussi la « baleine noire égarée ». Contrairement aux autres baleines du monde, elle peut respirer sous l’eau. Elle ne remonte à la surface qu’une fois par an, un soir de pleine lune. Personne ne sait vraiment pourquoi, même pas l’Oracle. Mais Kyléa veille sur les polirepmonts et au bon fonctionnement de la tour. Tu la vois ? La tour est juste derrière la baleine, elle est recouverte de plantes et de coquillages blancs. Elle transfère l’énergie des polirepmonts et la transforme en linns.

Je suis totalement fascinée. Les sons deviennent beaucoup plus clairs et j’ai l’impression d’entendre le bruit du courant et des poissons. Je m’habitue au sel de la mer qui s’engouffre dans mes narines sans pouvoir atteindre mes poumons.

Quoique… le goût de sel qui reste dans la bouche est un peu gênant, mais je suppose qu’à force on doit s’y faire.

— Himaya signifie « Protection infaillible », précise Elma. Les plus belles créatures de l’océan se cachent donc ici…



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 30

J’arrive essoufflée à la petite plage. Je cale mes affaires entre les racines de deux arbres, en face de la mer. Je mets les pieds dans l’eau et trempe doucement la brosse dans le courant de l’eau. Au bout de plusieurs secondes, toujours rien.

— Iris ! Iriiiis ! m’époumonais-je.

Je sors ce cri de détresse, de souffrance. Je veux qu’elle revienne. Je donnerais ma propre vie. J’ai si mal. J’ai besoin de mon amie, je voudrais qu’elle soit là, maintenant.

Je plonge, nage un moment et retourne sur la plage. Impuissante, je m’assois là où le sable est mouillé. Je m’abandonne désespérément au lieu, au bruit des vagues, au chant des oiseaux dans les arbres. Mon cœur se nourrit d’espoir et je sais qu’ici l’impossible devient possible.

Je prends une poignée de sable épais et réalise l’infinité des grains, ici et à travers le monde. Le soleil se couche à l’horizon. L’océan est vaste, sublimant le paysage. Je me demande pourquoi les gens ne prennent pas le temps de venir se poser pour contempler un tel spectacle. Les plages devraient être remplies, chaque jour, chaque heure, chaque minute même. L’océan est si beau. Si le monde pouvait le voir comme moi, peut-être serait-il meilleur.

Je tourne la tête de droite à gauche, personne aux alentours. Il commence à faire nuit, mes yeux s’habituent à l’obscurité. Je perçois les fragments de coquillages et de coraux glisser entre mes doigts. Je préfère l’infiniment petit à l’infiniment grand. J’aime me sentir puissante face à un monde dont je ne comprends pas les règles.


La mer s’agite, la marée monte, le ciel se couvre. Je le sais, je le sens dans l’air comme quelque chose d’inhabituel. Je me redresse et aperçois une silhouette au loin sortir de l’eau. Iris ?

— Alia…

— Je t’attendais, dis-je, avant de réaliser que ce n’est pas Iris.

— Suis-moi.

— Je… tu es…

Je m’approche de la créature craintive.

— Mais comment est-ce que… c’est… ? J’ai le tournis.

Respire, Alia.

Je m’écroule sur le sable. Je n’en crois pas mes yeux. Mon cœur se révèle être un puits dans lequel j’ai l’horrible sensation de tomber. La chute est vertigineuse. Sans même ouvrir la bouche, tout mon être se met à rugir. Depuis toutes ces années, le puits renfermait un ouragan monstrueux. J’ai la tête qui tourne, prête à m’évanouir. Je percute de plein fouet chaque paroi de brique qui réveille ces souvenirs enfouis que j’ai tenté désespérément d’oublier. Chaque Noël, chaque anniversaire, chaque repas de famille, toutes les soirées pyjama. Chaque moment où j’ai tellement rêvé qu’elle soit près de moi.

Le puits est en train d’exploser. Je suis en sanglots, j’ai trop longtemps retenu mes larmes. Mais c’est elle. J’ai l’impression de me regarder dans un miroir. Ça ne peut être qu’elle, Elma, ma sœur. J’ai retrouvé ma moitié. Elle a le même le visage, les mêmes cheveux, le même regard et pourtant je la trouve plus belle que moi. Sans même la connaître, en voyant la douceur de son regard, je ne peux que l’aimer.

Elle est revêtue d’algues qui camouflent l’ensemble de son corps et j’essaie de trouver sa cicatrice identique à la mienne. Et elle a… Une queue de sirène ! Incroyable !

— Tends-moi la main, n’aie pas peur…

Je m’exécute sans hésiter. Elma enveloppe mon poignet avec une algue qui a l’air vivante comme des serpents gluants. L’étrange texture crée une fente dans ma peau et s’y incruste.

— De l’oxoriphorbe. Tu risques d’avoir un peu mal, mais tu pourras respirer sous l’eau, déclare ma sœur.

Je ne ressens pas l’impact de sa peau sur la mienne et je comprends alors qu’elle est une ondine, comme Iris. Enfin, plutôt une ondine-sirène. Elle est unique. Je n’ai pas peur, la laisse faire et ne retire pas ma main. Mon poignet me brûle atrocement. Elma le trempe dans l’eau pour nettoyer la plaie, je perds un peu de sang. Mes veines sont noircies et gonflées, ça picote, mais j’en fais abstraction.

Je la suis sous l’eau. Elle nage devant moi, tout en s’illuminant. Un spectacle fabuleux ! Je retiens encore ma respiration, dans le doute que l’oxoriphorbe ne fasse pas son effet tout de suite ou même pas du tout. J’ai du mal à lâcher prise.


***


Si on te disait que tu as le pouvoir de voler, tu sauterais d’un immeuble sans réfléchir ?



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 29

Mon père me dépose devant chez Chloé. J’entre chez elle cinq minutes, prétextant devant sa mère venir récupérer un livre de sciences, et ressors aussitôt. Je marche pendant une demi- heure jusqu’au motel situé près de la petite plage. Je trimballe désormais mon gros sac à dos en plus d’un manuel de cinq cents pages qui ne me servira absolument à rien.

J’ai réservé une chambre à cinquante euros le week-end avec un code promo sur hoteling.go. Chloé m’avait déjà ruinée. Bien que mes économies se réduisent à néant, je m’en fiche. Je suis déterminée à retrouver Iris et, qui sait, peut-être aussi ma sœur Elma.

Arrivée à l’accueil, je récupère les clés, je monte au premier étage, porte 106, et dépose mon sac sur le lit. Je jette un vif coup d’œil à la pièce pour voir si elle est semblable à la photo du site, mais pour cinquante euros je n’espère pas le grand luxe.


Candidate dans l’émission « Bienvenue chez nous », voici quelles seraient mes notes :

Accueil : 4/10. L’hôte m’a éternué en plein visage. Malgré son air sympathique, il ne mérite pas plus.


Chambre : 3/10. Les murs sont recouverts de papier peint rouge criard avec des toiles d’araignée à chaque recoin. Le lit grince beaucoup trop et, le pompon…, pas d’eau chaude !


Rapport Qualité-prix : 6/10. Et je suis généreuse.


Bref, je dépose le manuel de sciences sur la commode, me munis du strict nécessaire : serviette, vêtements de rechange, téléphone, brosse magique. Et quitte aussitôt la chambre.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 28

Je rentre chez moi pour m’isoler dans mon antre. Je regarde encore le book qu’Iris voulait m’offrir, il y a même une photo extrêmement rare de moi en maillot de bain.

Pour mes quatorze ans, elle m’avait « forcée » à l’accompagner au parc Aquatis (24). Géniale, la surprise ! Une des dernières fois que je m’étais autant exposée au regard du grand public.

Je m’inquiète pour Iris et Elma, bien que je doute qu’on puisse mourir deux fois…


BZZZZ BZZZZ


Mon téléphone vibre :


Blair : Il y a une soirée déguisée chez Josh Techer demain soir à 21 h, on se retrouve là-bas !

A : Je ne pense pas y être invitée…

B : Tu rigoles ? Regarde dans tes notifications. Facebook, il a créé un événement. Nous sommes marquées à tout jamais

dans l’histoire pour avoir provoqué « la bataille du siècle ». Désormais, une fête ne sera plus une vraie fête sans Alia Grondin !

A : Waouh, je viens de regarder mes notifs. Véridique, j’ai reçu la demande ! Okay ;-) À demain !



Waouh…

Je n’arrive pas à y croire ! Moi, Alia Grondin, invitée à une fête de Josh Techer ! Pourquoi est-ce que mon cœur bat si vite ? Aucune raison de paniquer. C’est quoi, ce sentiment ? De la culpabilité ? Puis-je poursuivre la vie d’une ado normale ? Après tout ce qui s’est passé ces dernières semaines ?

Et Iris… elle serait tellement fière. Elle aurait adoré participer à la bataille de bouffe, être invitée à cette fête, avoir de nouveaux amis. Au fond de moi, je pense qu’elle voudrait que je profite amplement de la vie. Je n’ai pas le droit de me morfondre. En plus, je serai accompagnée de Blair et James, tout se passera bien. Mickaël et son nouveau top model n’ont qu’à bien se tenir !



TOC TOC TOC


Je sursaute. Je vois mon père ouvrir la porte et devine qu’il souhaite « renouer le dialogue » avec sa petite fille chérie.

— On peut discuter ?

J’acquiesce et il vient s’asseoir près de moi. Je referme le book pour le glisser discrètement sous ma couette.

— Tu sais, tu n’es pas obligée de tout me raconter. Mais, si tu as envie de parler de quelque chose, de n’importe quoi, je suis là.

— D’accord.

— Tu as retrouvé ton magnifique tableau, constate papa en regardant vers mon bureau.

— Papa ?

— Oui, poussin ? me demande-t-il.

—As-tu déjà été très proche de quelqu’un, au point d’imaginer une forte connexion entre vous, et finalement réaliser que ce lien particulier était seulement dans ta tête ?

— Hum… Oui. Ce lien existe bien, si toi tu l’as ressenti. Certaines personnes ne savent pas comment faire face à leurs sentiments. Certains ont peur, le nient et d’autres fuient. Quelques-uns affrontent leurs émotions. Mais le trop-plein d’énergie qui se dégage de cette connexion empêche souvent les deux personnes d’être sur la même longueur d’onde.

Je me rapproche de lui pour lui faire un câlin et, une fois dans ses bras, je lui demande :


— Comment tu as fait avec maman pour rester connecté ?

Papa a toujours réponse à tout. Il m’explique leurs difficultés à rester en symbiose, à apprendre à marcher ensemble en équilibre sur un même fil. Même s’ils avaient une cohésion, une complicité évidente, ils ont souvent chuté. Avec le temps, ils ont appris à s’écouter, se comprendre et avancer ensemble.

— C’est si difficile de trouver la bonne personne, celle avec qui on peut maintenir un tel équilibre, Alia… Écoute, je vais te dire une phrase un peu bancale, je sais, mais, tu as toute la vie devant toi !


J’ai toute la vie devant moi ?

Pourtant, elle me paraît si abrupte. Je ne peux pas lui répondre. Il doit déjà le savoir, qu’il n’a pas trouvé les bons mots. Elma et Iris n’ont pas eu cette chance…

— J’aimerais que tu passes un peu plus de temps avec ta mère et moi. Ça marche ?

Papa me caresse les cheveux, il m’apaise. Il sait comment m’amadouer. Je cède à sa requête pour mieux lui poser une question à mon tour.

— OK, Papa. J’ai encore une dernière chose à te demander.

— Tout ce que tu voudras…

— Je peux passer le week-end chez Chloé ? Elle me soutient


beaucoup et sa maman est d’accord. Ça me ferait un bien fou !

— J’appellerai sa mère tout à l’heure pour confirmer.

— Merci, t’es le meilleur ! m’exclamé-je.


Mon père est génial. Je déteste lui mentir, mais je n’ai pas le choix. Je m’empresse aussitôt de régulariser mon week-end.


Alia : Je triple ta paie pour me couvrir pendant ce week-end.

Mon père va appeler chez toi pour confirmer.


Chloé : Ça tombe bien, grand besoin d’argent ! J’ai fait quatre ans de théâtre, j’imite la voix de ma mère à la perfection. T’inquiète, je m’en occupe !


(24) Parc aquatique



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 27

Deux jours plus tard


Dernier jour des travaux d’intérêt général et les vacances s’enchaînent tout de suite après. Soit trois semaines après l’attaque d’Iris.

Je n’ai pas de nouvelles de Mickaël depuis notre incroyable aventure. Comment peut-on expliquer ce genre de comportement ? Moi, j’appelle ça un silence radio.

Je tente de me remémorer les scènes en boucle, les fées, la forêt qui murmure. Comment avons-nous fini dans cette hutte ? Tant de questions et si peu de réponses… J’essaie tout de même de reprendre le cours de ma vie. Ai-je vraiment le choix ?

Blair, James et moi sommes positionnés sur le secteur du front de mer de Saint-Pierre. Nous avons ramassé toutes sortes de déchets : canettes, sacs en plastique, mégots de cigarettes et, beurk…, même des préservatifs ! Les gens sont dégoûtants ! James est allé prendre des boissons fraîches à la boulangerie d’à côté pour fêter la fin de notre calvaire.

— Vous avez l’air d’être inséparables. Ton frère et toi êtes


très complices. Quelle chance ! J’aurais aimé avoir une sœur, confié-je à Blair.

— Oui… il est tout ce qu’il me reste…


Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ?

— Tu as perdu une amie. Elle s’appelait Iris n’est-ce pas ? Je suis gênée. Que dois-je répondre ?

— Hum… oui, soupirais-je.

— Toutes mes condoléances. On raconte que tu étais avec elle lorsqu’elle est… Pardon, je suis indiscrète. Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise.

Brouille les pistes, vite !

— Désolée. Je n’ai pas très envie d’en parler pour le moment.

— Je comprends. Mais si tu as besoin, je suis là.

— De quoi vous parlez ? nous interrompt James en arrivant derrière nous.

— Oh, de rien, des trucs de fille, s’exclame Blair en me faisant un clin d’œil.

— Est-ce que par hasard il s’agirait d’un garçon ? Je t’ai vue traîner avec un mec, l’autre soir, près de la petite plage. Brun, plutôt grand et musclé. Je crois que je viens de le croiser justement à la boulangerie d’en face.

Je tourne vivement la tête pour vérifier si c’est bien lui.

Mickaël ?


— Il est à une table en terrasse et bien accompagné, en plus ! affirme James.

Mon regard me trahit devant Blair et James. Ils voient que je tente tant bien que mal de dissimuler ma gêne. Nous terminons de jeter les ordures que nous avons ramassées et traversons la rue. Je vois Mickaël avec une magnifique jeune femme, brune et apparemment plus âgée que moi. Elle porte une minijupe rouge et un décolleté plongeant. Je bouillonne de jalousie ! J’en tire vite ma propre conclusion.

Une nouvelle petite amie ?

Comment peut-il prendre le temps d’avoir une copine après tout ce que l’on vient de vivre ? Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi ? Un corps de rêve ? Une plus grande maturité ? Elle paraît si parfaite.

Je m’apprête à baisser la tête en passant devant lui. Tout à coup, James me prend la main et je reçois une dose de courage. Je relève le menton et détourne mon regard de Mickaël en m’efforçant de sourire. J’espère qu’il me remarquera.

Reprends-toi, Alia !

Après tout, entre lui et moi, il n’y a eu que deux baisers échangés en cinq ans. Juste des gages, un jeu stupide, rien de plus. Je ne dois pas accorder autant d’importance à ces moments intimes et fugaces. Comme si je pouvais plaire à Mickaël Payet !


Je me remémore notre échange houleux, sur la petite plage, en revenant d’Anvadoloris. Il était anxieux et déstabilisé. J’essayais de le convaincre de retrouver Iris. On ne pouvait pas rentrer chez nous après toute cette aventure. Mickaël tenait à peine sur ses jambes et s’était mis à me hurler dessus :

— Mais qu’est-ce qui cloche chez toi ? On a failli se faire tuer, Alia !

Je m’étais mise à pleurer, je lui répétais :

— On ne peut pas la laisser là-bas ! C’est ma meilleure amie !

Je l’ai vu péter les plombs et me briser le cœur avec ses dernières paroles :

— Ma petite sœur est morte. On l’a enterrée et tu penses vraiment pouvoir la ressusciter ? Tu te prends pour qui ? Dieu ?! J’ai besoin d’être seul pendant quelque temps !


Mickaël a raison, finalement. Pour qui je me prends ? Je ne suis qu’Alia Grondin. À ses yeux, rien d’autre que la meilleure amie de sa petite sœur. Je ne serai jamais une héroïne. Encore moins le genre de fille splendide, forte et populaire qui l’intéresse, apparemment.

Fais-toi une raison, Alia. Auprès de lui, tu t’es sentie invincible, mais ce n’était qu’une illusion. Tu es tout simplement lamentable. Continue d’avancer, surtout ne te retourne pas.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 26

L’horizon s’éclaircit. Tout est beaucoup plus net, désormais. Au-delà de ce que j’aurais pu imaginer. Nous ne sommes plus qu’à quelques mètres du château. Le paysage semble apocalyptique, dévoilant un champ de roses séchées. Les fleurs ont perdu leur couleur et leurs pétales noircis tombent avec le vent. Des mouches rôdent à proximité. Le décor autour de l’architecture du château me fait froid dans le dos.

Tu vois la Tour Nuage (22) dans les Winx Club (23) ? Eh bien, j’éprouve le même sentiment. Le ciel rosé s’obscurcit de nouveau. Des volatiles font des rondes au-dessus des tours. Des corbeaux ? Trop glauque ! Subitement, la foudre s’abat sur le royaume. Instinctivement, je m’agrippe au poignet de Mickaël. D’ici, j’entends les cris de ces oiseaux de malheur dans lesquels je reconnais une atmosphère pesante, une ambiance oppressante.

Un calme et un courant glacial s’installent, provoquant un frisson sur tout mon corps. Quelque chose de terrifiant s’annonce. Mickaël prend ma main et la serre très fort.


— Alia…, chuchote-t-il.

Sa main devient brûlante, je le lâche et crois voir son tatouage prendre vie…

J’hallucine !

Son dessin bouge sur sa peau ! Des cris surviennent au loin.

— Elliot, qu’est-ce qui se passe ? lâché-je, inquiète.

L’elfe ne me répond pas et court à toute vitesse. Il n’emprunte même pas le sentier et se met à piétiner les roses.

On ne peut pas le suivre pieds nus !

— Elliot, attends ! s’écrie Mickaël.

— Viens, on passe par là ! Il faut rattraper Elliot !

Que la course-poursuite commence ! Comment j’ai pu faire confiance à cette créature ? Il perd complètement les pédales. Nous courons le plus vite possible pour ne pas perdre Elliot de vue. Je suis partagée entre la colère, l’adrénaline et la peur. Je veux rentrer chez moi ! Je vois qu’il se fatigue. Il est court sur pattes. Mickaël accélère. On le tient presque !

— Sacrebleu ! Abominable présage ! Fâcheux ! annonce l’elfe en levant les yeux au ciel.

Des milliers de petites créatures quittent soudain le palais, se dirigent vers nous en s’envolant.

— Ne me dites pas que…

Impossible de trouver les mots, j’en ai le souffle coupé.


Elliot s’agite en remuant ses petits bras dans tous les sens, fait de grands signes et crie :

— Gentes dames ! Je vous sais gré de votre aide. Mes compagnons doivent rejoindre leur demeure incessamment sous peu !

Les fées s’arrêtent, stupéfaites, en nous voyant. On dirait une nuée de figurines féeriques avec leurs ailes de papillon scintillantes. Elles se concertent avant de nous donner une réponse. J’entends leurs petites voix aiguës. Résonne autour de nous un langage presque inaudible et incompréhensible.

Mickaël fait une de ces têtes ! Il garde la bouche ouverte, je me demande s’il respire encore.

— Plaît-il ? Oh, merci, gentes dames ! Auriez-vous entrevu mon couvre-chef violet ? interroge Elliot.



BOUM


Je sursaute. Le sol tremble. Les roses se fanent d’un seul coup et les pétales se mettent à flotter autour de nous. Je sens les doigts de Mickaël s’agripper autour de ma taille.

— C’est quoi, ça ? s’exclame-t-il en pointant du doigt l’entrée du château.

— Vite, vite ! Ils arrivent ! panique Elliot.


Je fronce les sourcils. À travers les milliers de pétales suspendus dans l’air, je discerne des créatures imposantes s’avancer vers nous. La brume revient, j’ai du mal à les identifier.

— Qui « arrivent » ? baragouiné-je.

— Les trolls ! hurle l’elfe affolé.

Je sens encore plus fort les ongles de Mickaël s’enfoncer dans ma chair. J’aurai certainement des traces. J’ai peur pour ma vie, pour nos vies. Je tourne la tête vers mon acolyte, il est tétanisé. S’il lui arrivait quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais. Mon souffle est lourd et des larmes s’échappent.

Les fées forment un cercle autour de nous et se déplacent rapidement comme pour former un tourbillon. Quel bruit épouvantable ! On croirait entendre une mauvaise fréquence radio. Nous décollons du sol doucement, puis nous sommes propulsés dans les airs avec une force surhumaine ! La main glisse, Mickaël me laisse partir.

Je ferme les yeux. Je me sens comme dans les montagnes russes. J’ai le cœur qui chavire.

Ne vomis pas sur les fées, Alia !

L’air est humide, je sens des gouttes d’eau salée se poser sur ma langue. Soudain, je comprends. Nous retournons dans l’océan !

— Mickaël ! Retiens ta respiration ! lui conseillé-je à travers le bruit assourdissant.


***


Complètement dingue ! Et si tu veux tout savoir, les fées ont une odeur de barbe à papa ! Sérieux, je ne blague pas. Pourquoi j’inventerais un truc pareil ?



(22) École d’une sorcière qui enseigne la magie noire dans la série

Winx Club.

(23) Série d’animation fantastique qui met en scène un groupe de fées qui affrontent les forces du mal.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 25

Nous traversons des bois immenses et étrangement silencieux. Je trouve que les forêts ont quelque chose de magique et d’apaisant. On peut entendre le chuchotement des feuilles dans le vent.

Cette fuite m’inspire. Je me laisse porter par mon imagination.

Je me dessine un arbre magique.

D’abord planter la graine, et l’arbre grandirait à une vitesse folle. Et puis soudain apparaîtrait un chêne avec une porte dans le tronc, comme celui de Jean-Christophe et Winnie (21). La trappe serait un passage qui me mènerait à toi. L’arbre porterait un nom bizarre : Palapapa. On y construirait une cabane pour s’y confier nos secrets. Chaque branche serait un souvenir de nos moments passés ensemble. Palapapa chanterait pour nous quand les feuilles s’envoleraient. À cet instant, mon seul désir est d’avoir un arbre magique avec toi. Tu me manques tellement et je suis là, quelque part, perdue dans une forêt avec Mickaël et un elfe, à chercher un lieu de rencontre qui n’existe pas.



Nous arrivons dans une prairie, enfin, je crois. Je n’y vois pas grand-chose, je me sens nager au milieu des nuages. La température change subitement, provoquant des frissons en moi. Brusquement, l’horizon s’éclaircit, déployant dans le ciel une centaine de nuances de couleurs sous nos yeux.

Une coccinelle géante vole au-dessus de nos têtes. Incroyable et hyper flippant ! Instinctivement, Mickaël, Elliot et moi, nous nous baissons au sol en regardant la mystérieuse créature passer. J’enfonce mon ongle dans mon pouce et ressens une légère douleur. Je me mordille la langue pour être sûre que je ne rêve pas.

Aux abords du champ de fleurs, j’aperçois un château ! Je me demande si Walt Disney lui-même s’est déjà rendu dans un lieu comme celui-ci. Mickaël interrompt mes pensées :

— Alia, tu te souviens du jour où nous avions fait une heure de route pour aller pique-niquer à la forêt de Notre-Dame-de-la-Paix ?

— Comment oublier ? La météo annonçait un beau temps et, une fois sur place, nous étions tous déçus sauf Iris.

Je m’en souviens parfaitement, en effet.

Un immense brouillard cachait la vue et Iris trouvait ce paysage féerique. Nous avions douze ans. M. et Mme Payet dressaient le pique-nique. Mickaël jouait sur sa console et moi, je cueillais des petites fleurs jaunes près d’un grand arbre. Iris contemplait la brume.

À l’heure du déjeuner, Iris continuait de tourner la tête vers le brouillard qui cachait les montagnes. Sa mère finit par lui demander ce qu’elle fixait intensément. La petite fille répondit :

« Imaginez que, derrière ce brouillard, il existe l’endroit le plus merveilleux, un incroyable royaume magique ! Nous ne sommes certainement pas dignes de le voir, mais un jour, peut-être… »

Tout le monde éclata de rire. Mickaël faillit s’étouffer avec son pain grillé. L’après-midi fut doux et léger. Nous jouâmes aux mimes, fîmes la sieste et discutâmes de tout et de rien. Mais, jusqu’au départ, au plus grand regret d’Iris, la brume ne se dissipa jamais.


— Aujourd’hui, le brouillard se lève, Alia. Nous en sommes dignes ! s’écrie Mickaël.

Mais le sourire qui se dessine sur nos lèvres s’estompe aussitôt.

— C’est quoi, ce bordel ?


J’aurais dû m’en douter, trop beau pour être vrai.



(21) Référence aux personnages de Winnie l’ourson. L’arbre magique dans le film Jean-Christophe et Winnie permet à Jean-Christophe d’entrer dans la forêt des rêves bleus.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 24

~ ANVADOLORIS ~


— Vous avez l’air de beaucoup l’aimer, entends-je.


C’est quoi cette voix étrange ?


En me réveillant, je comprends que je me suis évanouie. Je sens la main de Mickaël sur mes cheveux. J’ouvre les yeux et le vois assis près de moi. Il me sourit. Où suis-je ?

J’observe les environs. Je suis allongée sur un petit lit en toile sans matelas. J’ai froid, je suis encore mouillée et en maillot de bain. Je tente tant bien que mal de me recroqueviller sur moi— même, car je suis horrifiée d’être ainsi exhibée. Nous sommes dans une petite hutte. Le toit et les murs sont faits de feuillages et de vieux bois. Des casseroles, des fourchettes et des biberons sont suspendus au plafond. Plusieurs odeurs se mélangent dans la pièce : citron, café, javel. Étrange. Aucune fenêtre, pas de lumière. À ma gauche, je constate une tôle sur des rochers en guise de table. Les ustensiles se mettent à tambouriner bruyamment entre eux. Quel lieu insolite !

Je me redresse vivement et découvre en face de moi une


créature effrayante, semblable à celles que l’on découvre dans les contes de fée ou dans les jeux vidéo. Cet être étrange ressemble à un humain, mais de plus petite taille avec de longues oreilles pointues et une peau ridée recouverte d’un duvet brillant. Il m’observe avec des yeux blancs translucides sans iris. Son regard est déstabilisant.

— Est-ce que vous êtes un… un… ? bafouillais-je.

— Je suis Elliot, un elfe d’Anvadoloris. Et vous, à qui ai-je l’honneur ? Vous vous apparentez à un hominien. Est-ce possible ? Un simple humain ne pourrait pas venir ici…

— Un elfe ? répétais-je, abasourdie.


Je serre la main de Mickaël.

Oh, mon dieu, UN ELFE !

J’observe attentivement la créature. Les rares cheveux blancs qui s’échappent de son crâne fripé lui donnent un air de savant fou. Elliot est vêtu de guenilles. Je remarque une marque ovale sur son front. Un œil ? Comme celui de Mickaël sur son poignet ?

— Je disais à votre compère que vous devez décamper ! Vous n’êtes pas les bienvenus ! Restez éloignés des sirènes !

— Les sirènes !? m’exclamais-je.

Je me pince le bout des doigts. Suis-je en train de rêver ? Je nage en plein délire ! Je ne l’écoute plus, je suis fascinée par cet endroit.


Je me lève pour faire le tour de la cabane. Il n’y a pas de carrelage ni de parquet, seulement de l’herbe humide. Pas de télé, de frigo ou d’armoire, uniquement quelques étagères en métal doré. Des étagères en or ? Des objets bizarres sont parsemés un peu partout sur ce que je pense être une table.

Soudain, je remarque ma brosse. Je l’avais laissé tomber, Elliot a dû la trouver. Je la récupère discrètement. Des symboles sont gravés sur les poutres en bois de la cabane. Celles-ci soutiennent l’habitation. Je m’en approche pour les déchiffrer et me retourne vers l’étrange créature :

— Est-ce que vous savez où nous pouvons trouver ça ? l’interromps-je en désignant le coquillage gravé sur la poutre.

C’est exactement le même qui a fait perdre la vie à Iris. Je le reconnaîtrais parmi mille dessins de coquillages.

— Vous êtes au courant pour les omirums ? s’exclame Elliot. J’ignore ce que je dois lui répondre.

— Sacrebleu ! reprend l’elfe. Déguerpissez ! Incessamment ! Vous ne devriez pas vous mêler de cette histoire. Un terrible événement se manifeste !

— De quoi parlez-vous ? demandais-je, effrayée.

— Une guerre, ma chère ! Il ne faudrait pas qu’un ogre vous repère. La fiole de Mordibur ! Oh, mon chapeau ! Vous n’auriez pas vu mon chapeau violet ? Il est circulaire avec une plume noire qui l’agrémente, s’exclame Elliot.


Il m’a complètement perdue !

Je le vois courir dans tous les sens et chercher quelque chose sur ses étagères. Il finit par nous donner une petite fiole dont l’odeur ressemble à un mélange de roquefort et de diarrhée de nouveau-né. Beurk ! Quelle puanteur ! Hors de question que j’avale ce truc !

— Ne perdez pas de temps ! Aromatisez-vous !


Nous nous exécutons et nous parfumons de notre plein gré. Nous suivons Elliot qui quitte sa hutte. J’en profite pour analyser une dernière fois sa petite maison recouverte d’écorce d’arbre. Elle est unique, mais je ne saurais pas vraiment dire pourquoi. L’elfe a l’air de vivre bien isolé des autres créatures, car il n’y a aucune autre habitation aux alentours, seulement des champignons, un grand nombre de champignons bleus minuscules partout sur la colline, à perte de vue.

Elliot nous conseille de ne pas nous éloigner du sentier ni de toucher à l’un de ces bolets. Si on m’avait dit que je me retrouverais un jour en maillot de bain accompagnée de Mickaël Payet en pleine promenade dans la nature avec un elfe…

Mon ami me regarde avec un sourire idiot.

— Qu’est-ce qu’y a ?

— Rien… T’es belle quand tu dors.

— Ce n’est pas le moment, Mickaël ! le réprimandais-je, gênée.


Il continue sur sa lancée :

— En maternelle, je regardais les filles dormir. Ma maîtresse trouvait cette manie mignonne.

— Mignon, mais tordu, répliquais-je avec un sourire.


En marchant, mon esprit commence à s’égarer et j’imagine un instant qu’il y a peut-être des créatures qui vivent dans tous ces champignons, genre des Schtroumpfs. Je ne sais pas si c’est cette idée ou un effet secondaire de ce parfum répugnant, mais j’ai soudain envie d’éclater de rire. Cette situation est déjà arrivée à tout le monde, j’en suis sûre. On ressent la même sensation quand la maîtresse nous regarde d’un air furieux, mais qu’il y a une idée loufoque qui nous ronge de l’intérieur. Un rire fou et incontrôlable veut sortir à tout prix. J’ai déjà les larmes aux yeux et je chuchote à l’oreille de Mickaël la réplique de Gargamel (20) :

— Je me vengerai et ma vengeance sera terrible !

Mickaël ne l’avouera jamais, mais il adorait regarder les Schtroumpfs avec Iris et moi. Et nous pouffons de rire sous le regard menaçant de l’elfe qui continue d’avancer sans trop chercher pourquoi on ricane soudainement. Ça fait longtemps que je ne me suis pas sentie aussi légère.


(20) Personnage de fiction, méchant magicien du dessin animé et bande dessinée Les Schtroumpfs.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 23

Il est 1 h 43 du matin. Je me sens comme une prisonnière enfermée dans sa cellule. Mes parents sont plus vigilants et surveillent le moindre de mes faits et gestes. Je les soupçonne presque d’avoir installé des caméras autour de la maison. Je suis confinée dans ma chambre, entre mon lit, mon bureau et mon armoire. Je fais les cent pas sur mon tapis rose en fausse fourrure pour me dégourdir les jambes.

Enfin, à 2 h, l’heure de l’escapade a sonné, mon cœur bat la chamade. Je pars retrouver Mickaël à la petite plage où il m’a donné rendez-vous dans la soirée.

— Hey ! J’ai entendu parler de tes exploits, « la bataille du siècle » ! s’esclaffe Mickaël en s’approchant pour me faire la bise « sur la joue ».

Je sens une brûlure émerger dans ma poitrine. Je ne comprends pas la distance qu’il crée entre nous. Je repense à ce délicieux baiser échangé l’autre soir et me surprends à fixer ses lèvres. J’aimerais l’embrasser à nouveau. Je ne sais pas quoi faire, quoi dire. Je ne peux pas ignorer notre connexion de l’autre nuit. Il me scrute d’un regard inquisiteur. Pourquoi ? Il attend peut-être


une réaction. Non, mais, il est sérieux, lui, avec son sourire en coin ?

— Tu sais, un jour, j’ai frappé un p’tit con qui harcelait ma sœur, reprend-il, l’air de rien.

OK ! Le message est clair. Ressaisis-toi, Alia, ce n’était qu’un bisou. Passe à autre chose ! Un mensonge de plus ou de moins à moi-même…

— Iris ne m’en a jamais parlé.

— Peut-être qu’elle en avait honte. J’en suis encore à faire des travaux d’intérêt général.

Il tourne la tête vers l’horizon.

— Iris me manque, Mickaël…

— À moi aussi…



Nous sommes assis sur le sable épais, sous les gros arbres qui cachent presque l’existence de cette toute petite plage. Seuls les vieux pêcheurs traînent parfois ici, tôt le matin, s’asseyant sur les rochers qui longent la mer un peu plus loin. J’enlève mes chaussures pour sentir le sable sous mes pieds. L’odeur de l’eau salée s’étend sur des kilomètres. On contemple attentivement le courant de l’eau, espérant qu’Iris réapparaîtra.

— Tu penses que je suis un monstre ? murmuré-je.

Mickaël ne me répond pas de suite, prenant un moment pour


réfléchir. Il se lève et me tend la main. Je la saisis et il m’attire brusquement contre lui. Il est torse nu. Je retrouve son odeur, la chaleur de ses bras, le rythme de son cœur. Il me relève le menton et je suis confrontée à son regard. Il a un air grave.

— Tu n’es pas un monstre. Tu es juste une personne qui s’est laissé dévorer par la peur.

— Alors la peur fait peut-être de nous des monstres. Quand mes parents ont eu peur, ils m’ont caché la vérité. Lorsque j’ai eu peur, j’ai laissé mourir Iris. La peur est un sentiment ignoble que nous devrions combattre. Je voudrais être assez forte pour ne plus jamais la ressentir.

— Hey ! Je suis là ! Regarde-nous… deux fous contre le monde ! La peur ne pourra pas nous arrêter.

J’ai de la chance d’avoir un allié vaillant comme Mickaël, qui a toujours le mot pour rire. Nous sommes de nouveau côte à côte, ce qui me fait un bien fou. J’avais besoin de retrouver sa présence si réconfortante. On reste là à gamberger, s’interrogeant sur l’événement vécu à la piscine. Est-il en lien avec les sirènes ? Mickaël me confie qu’il est venu ici tous les soirs, depuis mardi dernier, pour apprendre à nager tout seul. Apparemment, rien de surnaturel ne s’est produit. Pas de tornade ni de sirène en vue. Je me sens un peu vexée qu’il ne m’ait pas invitée à le rejoindre plus tôt. Mais je décide de ne pas le lui montrer.


Parfois, nous avons besoin d’affronter certaines choses seuls. Mon acolyte se met debout, court jusqu’à la mer et plonge pour faire quelques longueurs. Comme pour me dire : « Regarde, maintenant, je sais nager ! ». Je ne peux m’empêcher de sourire. J’en profite pour mater un peu Mickaël, il est plutôt sexy en nageur. Je m’approche du bord de l’eau pour y tremper mes pieds. À ma grande surprise, je me sens craintive face à l’océan. L’eau est glacée.


SPLASH !


Mickaël m’éclabousse un grand coup. Mais je n’ai pas le cœur à jouer. Je fais demi-tour et m’étale, le dos sur le sable. J’observe le ciel, même les étoiles me donnent un sentiment d’inquiétude. Je sens des gouttes d’eau atterrir sur mes jambes.

— J’ai oublié ma serviette, m’annonce Mickaël, tout penaud.


Je me retourne, fouille dans mon sac à dos et fais tomber par inadvertance la brosse de Jade.

— Tu as emporté la brosse ? constate Mickaël.

— Hum… Je ne suis pas revenue ici depuis la dernière fois où Iris est apparue. Parce que j’avais peur de ce moment… où je l’attendrais désespérément, le cœur plein d’espoir, et qu’elle ne reviendrait pas, avoué-je en laissant tomber mes larmes sur


la brosse sans m’en rendre compte.

— Alia ! La brosse !


Je baisse les yeux et vois des gravures en forme de poissons briller au contact de mes larmes.

— Tu penses que… ? marmonnais-je.

Je n’ai pas besoin de terminer ma phrase, nous avons exactement la même idée en tête. Sans tergiverser, j’enlève mes vêtements. Mickaël m’admire de la tête au pied, je crois même le voir rougir.

— Tu es… magnifique, bafouille-t-il.

Je lui souris sans dire un mot. Nous nous empressons de nous lever pour nous précipiter dans l’eau avec la brosse. Il se produit alors l’événement le plus fabuleux auquel j’ai pu assister. Le bois de chêne (17) devient glacial entre mes doigts. Les trois petits poissons alignés gravés sur le dos de l’objet se mettent à s’illuminer sous l’eau. Ils se détachent soudain de la brosse. Avec leurs reflets fluorescents, on dirait des petits fantômes. Ça semble irréel, nous en avons le souffle coupé.

Pendant toutes ces années, mes parents ont conservé cette brosse magique sans connaître ses secrets ! Je découvre enfin une partie de mon passé, me sentant intensément liée à cette magie qui m’entoure. Comme si elle avait toujours été présente, qu’elle faisait partie de moi.

— N’aie pas peur, chuchote Mickaël en me prenant la main.

Nous nous retrouvons encerclés par de petites créatures fantastiques. J’ai l’impression d’être dans un rêve avec mon ami. J’essaie d’en attraper un, sans succès.

— C’est incroyable, Mickaël…


Ils sautent l’un par-dessus l’autre en prenant la même direction. Les poissons-fantômes s’éloignent peu à peu vers les côtes qui rejoignent le petit pont de la Rivière d’Abord. Nous les suivons à la nage.

— Où vont-ils ? s’exclame Mickaël, à bout de souffle.

Ils disparaissent sous le pont. Nous nous regardons stupéfait.

Mickaël plonge vers l’inconnu et je me lance à ses côtés.

Soudain, nous sommes en chute libre. Je suis séparée brutalement de mon ami. Mon cœur s’accélère à un rythme anormal, j’approche de la crise cardiaque. Pire que la fois où je suis montée dans ce manège, aux Florilèges (18), le XXL (19).

Je ferme les yeux très forts, je veux me réveiller de ce cauchemar. Je crois que la mort m’attend et la peur m’envahit entièrement. Ma dernière pensée est : « Laissez-nous rejoindre Iris et Elma ».

Brusquement, le temps ralentit. Je regarde autour de moi et vois Mickaël au loin. Lui aussi a l’air de tomber, mais plus doucement.

Reprends-toi, Alia !

C’est certainement une sensation qui se rapproche de ce qu’on pourrait appeler un « Bad Trip ».

Nous ne sommes plus sous l’eau. J’en prends enfin conscience et respire. Un épais brouillard nous entoure, mais il s’étend rapidement. Je découvre l’herbe humide sur laquelle j’ai atterri. Les poissons ont disparu. La brosse rebondit à quelques mètres de moi. Impossible de bouger le petit doigt.

Mickaël, j’ai besoin de toi.

J’essaie de crier, mais rien ne sort de ma gorge. J’ai la tête qui tourne et les oreilles qui sifflent. Vidée de toute énergie, je ferme les yeux.




(17) Arbre sacré dans de nombreuses traditions, synonyme de force et solidité.

(18) Événement de la ville du Tampon

(19) Manège à sensations fortes



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 22

Je rentre exténuée à la maison vers 17 h 30. Je vérifie que mes parents ne sont pas là, je tente de les éviter autant que possible. Je les imagine en pleine confrontation avec la proviseure.

Je file discrètement prendre une douche en me remémorant le bombardement en riant. Je culpabilise un instant pour mes parents, pour les élèves qui ont massacré leurs beaux vêtements de marque, pour les cuisiniers qui s’étaient donné tant de mal à préparer les repas.

Mais ça ne dure pas longtemps, je retrouve vite le sourire. Je m’habille et regarde en même temps mes notifications sur les réseaux : « La bataille du siècle », « Moment unique dans une vie » ou « C’est le feuuuuuu !!! » On ne parle plus que de notre affrontement sur les fils d’actualités. Malgré tout, c’était énorme ! Dire qu’Iris a raté…

Je m’apprête à m’évader de la salle de bains pour rejoindre ma chambre en passant inaperçue tel Mickaël Scofield (16), quand je crois entendre mes parents se disputer. Je descends quelques marches. La porte d’entrée claque brutalement. Je jette un œil discrètement à travers la rambarde de l’escalier ; je vois ma mère seule et désemparée. Je devine que mon père a fait une sortie théâtrale. Je me souviens de la lettre d’Iris et pars me réfugier dans la galerie, au sous-sol, en espérant que ma mère m’y rejoigne, « comme avant ». J’allume la lumière tamisée et fais le tour de la galerie. Elle ressemble beaucoup plus à un espace poussiéreux pour stocker de vieilles affaires. Des odeurs de gouache, de peinture à l’huile envahissent la pièce. J’admire les textures de pastels et de craies, les mélanges de couleurs, les assortiments de rose et de jaune, les esquisses d’aquarelle et d’acrylique. Cet endroit m’avait manqué.

En contemplant tous ces tableaux, je trébuche sur l’un d’eux.

Je le ramasse et l’observe, surprise.

— Tu devais avoir six ans quand tu l’as peint, me surprend maman, derrière moi.

Je sursaute. Mon « œuvre » m’échappe des mains. Je m’accroupis pour le ramasser sans trouver la force de me relever. Je m’affale finalement par terre. Maman me rejoint à même le sol, entre les vieux cartons et les toiles d’araignées.

Je prends une grande inspiration et demande :

— J’ai dessiné une sirène ?

— Oui. Ce jour-là, je t’ai raconté l’histoire d’une petite sirène. Sa famille avait des jambes, comme nous. Pour cela, ils ont dû être séparés de leur fille. La petite sirène devait vivre dans un autre monde, sous l’océan. Et tu sais ce que tu m’as dit ?

— Non. Je… je ne m’en souviens plus.

— Tu m’as confié que la sirène devait certainement accomplir une mission très importante, chuchote maman.

— Laquelle ? soufflé-je.

— Une mission top secrète. Tu ne voulais pas cracher le morceau déjà à cet âge.

Maman et moi lâchons un petit rire léger qui me réchauffe le cœur. Je pense à la « MISSION MERMAID » et, sans même m’en rendre compte, je la prononce à voix haute.

— Mission mermaid ? répète maman.

— Oui, je crois que c’est le nom que j’aurais pu donner à cette mission.

Je vois le visage de ma mère se décomposer.

— Je suis désolée, Alia.

— Pourquoi ?

Dans la pénombre, je pose une main sur sa joue et j’essuie ses larmes.

— J’ai été en colère, ce jour-là. Tu t’obstinais à me répéter qu’un jour la petite sirène aurait des jambes, qu’elle retrouverait sa famille, même si cela prendrait du temps, car sa famille l’attendrait toujours. Et je ne sais pas ce qui m’a pris. Je… je t’ai crié dessus.


Je ferme les yeux et crois me souvenir de ce moment. J’étais assise par terre avec mon tableau et maman me l’a arraché des mains en me hurlant : « Elle ne reviendra pas, Alia ! »

— Tu étais si confiante. Tu criais : « Elle va revenir, maman, elle va revenir ! » Je n’aurais pas dû réagir comme ça. Mais depuis, j’ai pris du recul, ma chérie, et tu m’as finalement apporté quelque chose d’inestimable.

Maman enroule son bras autour de moi et se rassure en sentant mes cheveux. Elle le fait toujours quand elle déprime.

— Qu’est-ce que c’était ?

— L’espoir…

Je sens un doux baiser se poser sur mon front.

— Tu penses qu’Elma reviendra, un jour ?

— Je ne sais pas, ma chérie, mais on sera là, je te le promets.


Maman me fait un câlin et je me sens de nouveau en sécurité. Les bras d’une mère qui se ferment autour de son enfant forment un cocon dans lequel se cache un trésor précieux. Un amour inconditionnel qui rassure et apaise le cœur.



***


J’aurais dû te ramener le tableau pour te le montrer. Peut- être que tu as déjà eu l’occasion de le voir ? J’y avais peint une plage, avec un bel arc-en-ciel en arrière-plan et, au milieu de l’eau, une sirène. Une sirène aux cheveux roux et bouclés avec de grands yeux verts. Depuis tout ce temps, je le savais, au plus profond de moi.

On fait une pause ? Ça fait combien de temps que je suis là ? Une heure ? Peut-être deux. J’ai perdu la notion du temps. J’ai faim. Un chewing-gum barbe à papa ? Tu te souviens de ce goût particulier ? Quelqu’un est venu te voir, récemment ?

Bref… Ce n’est pas important…


(16) Le héros de la série Prison Break. Ingénieur en génie civil qui tente de faire évader son frère de prison.



- Fin du chapitre - 


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Mission Mermaid - Déferlement
Chapitre 21

Cela fait deux semaines qu’Iris est partie. Au lycée, tout perd son sens. J’accumule les retards, mes notes chutent considérablement. Le pire, dans ce chaos ? Je n’ai aucun ami.

Je tortille mes pâtes refroidies depuis au moins dix minutes, avant de m’apercevoir que des individus s’arrêtent devant moi.

— Bonjour, on peut s’asseoir ? m’interpelle une fille aux cheveux rouges affublée d’une robe noire moulante.

— Bonjour. Euh… On se connaît ? répliqué-je en l’observant attentivement.

Elle me semble familière.

— Je ne pense pas, nous sommes nouveaux, ici. On arrive tout droit de Londres ! me répond un beau brun ténébreux qui l’accompagne.

On dirait un couple un peu glauque à la Twilight (14).

— Je m’appelle Alia, asseyez-vous ! m’exclamais-je un peu trop fort.

Je suis surexcitée de pouvoir faire de nouvelles rencontres. Enfin des relations simples avec des gens normaux. Une infime échappatoire à cette histoire de dingue. J’espère qu’avec eux je pourrai continuer à être celle que je me suis toujours efforcée d’être aux yeux des autres. Donner l’image de la fille sympa, tranquille, qui est toujours en accord avec tout le monde. Une ado sans problèmes.

La grande volcanique reprend ses présentations :

— Blair, enchantée. Et voici James, mon frère ! Si on s’asseyait plutôt à cette table, là-bas, près de la grande baie vitrée ?

— Oh ! La table de Jessica ? Je ne suis pas sûr que…

— Je ne vois aucune pancarte « Réservé ». On est dans une école publique, pas au restaurant, à ce que je sache, me coupe Blair en nous faisant signe de la suivre.

Je sens les regards se braquer sur nous pendant qu’on se pose. Les chuchotements sont semblables à un bourdonnement d’abeilles, jusqu’à ce que la Reine J. s’exprime.

— Je peux savoir ce qu’Alia Grondin et ses nouveaux petits copains font installés à ma table ? s’étonne-t-elle en ne s’adressant qu’à moi.

— Nous profitons de la vue qui donne sur le terrain de basket. Mais il reste de la place, là-bas, à côté des poubelles, si tu veux ! Ça couvrira l’odeur de ce parfum nauséabond qui émane de toi, déclare Blair d’un ton sec.

As-tu déjà vu un chameau en plein désarroi ? Moi oui ! À l’instant même. Notre chère Reine mutante porte toute la misère du monde. Mais, lorsque la Reine revient à elle, elle claque des doigts et ses sujets s’exécutent.

Annabelle renverse sans hésitation son flan au caramel sur la robe de Blair. Ma nouvelle copine se met à rire nerveusement, s’attache les cheveux et prend une poignée de pâtes dans mon assiette.

J’apprends alors qu’en temps de guerre, il existe différentes sortes d’amis. Ceux qui restent à couvert et ceux qui sont assez courageux pour faire face à l’ennemi. En ce jour, Blair Kaval, nouvelle élève au lycée Mercure, contribue alors à la naissance de la plus grande bataille de bouffe que cet établissement ait jamais connue. Jessica reçoit des pâtes en sauce en pleine tête, ce qui éclabousse au passage Cindy qui se trouvait juste derrière elle. Cindy, championne de catch, terrifie la plupart des élèves avec son air glacial et ses muscles. La catcheuse n’est pas du genre à se laisser asperger de sauce. Alors commence une troisième guerre mondiale.

Jessica hurle comme une hystérique, Cindy lance des boulettes de viande sur le pauvre Tom, élève en seconde. Une action menant à une autre, des quantités de nourriture gaspillée survolent les tables. Les vitres sont recouvertes de moutarde et de ketchup, le sol aspergé d’un mélange de soda et de spaghettis. Une sorte d’euphorie massive se propage dans la salle. Du jamais vu au lycée. Pire qu’un concert d’Ed Sheeran (15). C’est le vacarme, entre les cris inaudibles et ces rires étranges qu’on pourrait confondre facilement avec des bruits d’animaux sauvages. Pendant que certains font des snaps, au risque de voir leurs téléphones aspergés de jus de pomme, d’autres — les surveillants peut-être — hurlent en menaçant tous les élèves d’exclusion.

Impossible de retrouver le calme. Il y a une perte de contrôle total au sein du corps enseignant. Le respect est mort ! Autorité zéro ! Le concierge beugle sur la proviseure qui refuse d’appeler la police.

Moi-même, je n’ai plus la notion du temps. Combien de minutes se sont écoulées depuis l’impact de pâtes sur le visage de Jessica ? Cinq minutes ? Peut-être quinze ? Je cours jusqu’à l’entrée de la cafèt avec un plateau en guise de bouclier. Au passage, je me prends des frites, un tiramisu et ce qui m’a l’air d’être un gratin de choux-fleurs. Je ferme les yeux. J’explose le verre qui protège la sonnette d’incendie avec mon bouclier de fortune. Je n’arrive pas à croire que j’ai osé ! Mais je ne pouvais pas rester plantée là sans agir. Ce n’est qu’après avoir entendu l’alarme que tout le monde décide de baisser les armes.


Évidemment, on ne peut pas exécuter tout un peuple, il leur faut trouver des coupables. Les parents sont rapidement informés. Après la promesse d’un avertissement et de quelques heures de colle, la proviseure laisse rentrer chez eux la majorité des élèves présents à la cafétéria.

Jessica, ses trois clones, Blair, James et moi, jugés coupables de ce chaos, sommes exclus du lycée pendant une semaine. En plus de nettoyer la cafétéria, nous sommes également soumis à des travaux d’intérêt général au sein de la commune.

Voilà le prix à payer pour se faire de nouveaux amis ! La mutante a enfin été neutralisée. Iris serait tellement fière. J’aurais dû immortaliser ce moment avec une photo. Quelqu’un a peut-être filmé ? Je suis sûr de la retrouver avec les hashtags : #sorcièredulycéemercure #spaguettisdanstaface #tumefaispitié.



(14) Film inspiré du best-seller de Stephenie Meyer

(15) Auteur-compositeur-interprète anglais



- Fin du chapitre - 


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