Anthologie du conte créole réunionnais
Editeur : UDIR
Auteur : Laetitia Samlong-Ah Kiem
ISBN : 978-2-87863-084-8
Mis en ligne par | Lectivia |
---|---|
Dernière mise à jour | 06/09/2024 |
Lecteur(s) | 4 |
Partager ce cours
Partager le lien
Partager sur les réseaux sociaux
Partager par email
Veuillez s'inscrire afin de partager ce Anthologie du conte créole réunionnais par email.
0. Avertissement
L’anthologie du conte créole réunionnais ouvre à ces imaginaires insoupçonnés où le langage tient le réel à distance, tout au moins le langage éloigne le réel de ce qu’on nomme un ailleurs du sens. Ce qui s’avère alors le réel, c’est le fantastique, le merveilleux, l’impensable qui n’exclut pas une certaine violence dans les mots et les événements quand il s’agit de contes. Cette violence pourrait choquer les lecteurs, même si elle n’est pas le seul fait du conte, elle est présente aussi dans la poésie et le roman réunionnais, autour de la thématique de l’esclavage et du marronnage, de la misère et de l’exil en métropole.
Aujourd’hui, nous aurions tendance à stigmatiser cette violence.
Cependant, dans Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim présente à juste titre les contes comme un héritage culturel. Il affirme deux choses importantes : « La vie réelle n’est pas que soleil », et la violence, l’enchantement, le dualisme, le dilemme œdipien, le mensonge, la méchanceté, l’angoisse de séparation, la trahison, « tout en divertissant l’enfant, l’éclaire sur lui-même et favorise le développement de sa personnalité. » À présent que le conte fait partie du patrimoine immatériel de l’humanité, il ne viendrait à l’idée de personne de mettre en doute son utilité à servir de guide à l’enfant. C’est un fait acquis. Nos traditions orales nous offrent une richesse culturelle unique à partager avec le monde, d’où cette anthologie qui répond à un véritable besoin.
Initié par la Dac de La Réunion et réalisé par l’Udir, ce projet éditorial remet nos contes au goût du jour et participe à la revalorisation de la langue créole qui joue un rôle fondamental dans la construction de notre identité.
Traditionnellement le conte est mystère, même si le sens des textes change au fil du temps. Si la voix du lecteur ne s’entend pas, celle du conteur ou du rakontèr zistoir enchante l’oreille par la métamorphose du souffle. Donc, il appartient aux conteurs d’adapter chaque conte à la scène. De fait, nous avons reproduit les contes dans leur graphie d’origine, sans rien modifier non plus quant aux vocables et à la syntaxe, quitte à ce qu’on fasse un indispensable effort de lecture pour se les approprier. Une telle approche montre que la marche vers une graphie officielle de la langue créole réunionnaise s’inscrit dans le temps et ne peut être que le fruit d’une longue réflexion. Entre la graphie des contes anciens et les graphies proposées ensuite par Lékritir 77, KWZ ou Tangol, on remarquera des différences notables.
En 2003, Daniel Honoré propose une graphie phonologique pour lire le créole : un signe correspond à un son et tout signe se prononce (sauf le « e » muet à la fin de certains monosyllabes). Le souci de respecter les différences de prononciation selon les régions géographiques et les milieux socio-culturels l’a amené à adopter les propositions de la graphie Tangol ou 2001, mais en les simplifiant.
ä peut se lire a ou an : käne, kane ou kann
ë peut se lire é ou eu : sër, sér, seur
ï peut se lire i, u ou ui : plï, plu, plui
ö peut se lire o ou on : döne, done, donn
sh peut se lire s ou ch : soz, shoz
gn peut se lire gne ou ye : guingn, guingne, guinye
Pour une lisibilité plus grande, Daniel Honoré a choisi également de doubler le « s » final de certains monosyllabes ou d’ajouter un « e » muet. Exemples : « pass » au lieu de « pas » et « danse » au lieu de « dans ». Il a ajouté aussi un « e » muet à certains monosyllabes terminés par un « t » quand ce dernier est précédé d’une consonne. Exemple : « porte » au lieu de « port ». Ces précisions sont importantes, car si la langue créole est parlée par plus de 80 % de la population, seul un petit nombre de Réunionnais parvient à lire facilement la langue écrite. En effet, apprendre à lire le créole est une étape incontournable, car c’est une vraie langue qui possède déjà une riche littérature : fables, poèmes, contes, pièces de théâtre, romans, récits, nouvelles, livres pour la jeunesse.
Dans ma préface au livre d’Aude-Emmanuelle Hoareau, Concepts pour penser créole, j’ai écrit ceci : « Avec les tentatives d’aménagement et de standardisation d’une orthographe (Lékritir 77, 1983, 2000, etc.), voire d’une écriture normalisée en langue créole, les écrivains n’ont cessé d’écrire en créole ; les chanteurs n’ont cessé d’écrire et de chanter en créole ; les conteurs n’ont cessé de conter en créole ; les hommes de théâtre n’ont cessé d’écrire et de jouer des pièces en créole. Parce que la langue créole véhicule une pensée, une culture, une histoire, un avenir, depuis des dizaines d’années on l’étudie pour l’écrire, pour l’enseigner, pour publier des dictionnaires, des grammaires, des manuels scolaires – et pour en faire une langue à part entière. »
Si la littérature donne à la langue créole ses lettres de noblesse, les contes créoles traditionnels sont porteurs d’un univers qui n’a pas fini de nous enchanter, notamment avec ses valeurs ancestrales. Ils nous offrent aussi une prise de conscience, une esthétique, une nouvelle manière de penser créole, et que les idées progressent, et que l’homme avance avec le monde vers l’acceptation des différences, vers plus de lumière.
Jean-François SAMLONG
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Kriké !
Kraké mésyé !
La klé dan out pos, la tay dan mon sak !
Mésyé la foi li manz son foi ek in grin de sel, touzour li ; i manz pa sa plis, li, zist ek son grin de sel.
É bin, in bo zour, lavé in boug li travay la foré, plant maï. Mé, selman, si li travay la, i fo, tou le tan son fam la lé ek li, in ! Li pé pa, li, sanpas son fam ; alor i mont lao, gran matin ; i sort isi, an ba, i travay la foré.
Kom foré Dékot , na in bon pti bou ki mont Bagatel la, in ! Pli o ankor, koté zot l’arivé la kaz mésyé Marsli, la, i apel Dékot ; pa tro o pour moin, mi voi pa tro o, moin, pask mi sava la sas, mi ariv pli loin ke sa !
Bin, tou lé matin, le boug i sava travay ek sa fam, i met manzé la. É bin, i di :
— Marmay, é ! Ala zot manzé lé kui, manz ! Apré zoué azot.
Li nana troi zanfan ; dé pti fiy, in garson.
Bin, nana in zoizo, tou lé zour a pé pré ver diz er kom sa, in ! Zoizo i ariv ; soidizan in zoizo, mé sété in dyab ; i ariv la, i kri :
— Té ! Marmay, marmay !
Marmay i di :
— Oui !
— Mmmmmm… I di i resanb zot lé plin de pou dan la tet, in !
Marmay i di :
— Oui !
Dan se tan la lavé le pou.
— Vyin, la di, ma rod le pou dan zot tet.
Marmay i vyin ; li rod premyé ; kan zoizo i zoué dan zot tet la, marmay i dor ; i arod sé ke lot, i dor ; la fini fé kom sa ; trap tout marmay, i met dormi. I sa laba, i dékouver marmit ; bingo ! I bing zafer band marmay la, li ; apré, li, an rout. Mé la band marmay i gagn pi manzé ditou, la ; é marmay i déses, i mégri.
É bin, le papa i di :
— Oté, i di, kosa i donn pa manzé marmay la ?
— Koman ! I di, tou lé zour, mi tir zot manzé, mi met la devan ou, ou voi pa ?
— I fo ou donn pa manzé marmay, la ! Akoz marmay i vyin fay kom sa, in ? La di, di pa la poin ! De ri la poin, mé maï la ! (É sa enn afer lé bon sa ! Marmay i doi etr kosto ! I di, get koman marmay l’apré veni fay !
La fam i di:
— Non !
Anfin, i armet manzé marmay ; zoizo la i vyin, i dénis mem.
Kriké !
Kraké mésyé !
La klé dan out pos, la tay dan mon sak !
Bin, le boug i di :
— Ou koné ? La di, mi konpran pi moin ! Koman marmay i vyin fay kom sa ?
Mé nana enn la répond, la di :
— Papa, la di, ou i di sa, ou ? Nana in zoizo i vyin isi, la di, tou lé diz er la, in ! Rod le pou dan not tet, la di, ni dor, li manz ; kan ni lev, manzé na pi.
Papa i di :
— A ! Alé don !
— Oui, i di, li manz tout not manzé !
— Bon, i di, bin, ma vey ali.
Le boug i sarz son fizi, tir manzé marmay ; tout i kit la ; kit son zanfan ; ek son fam i di :
— Mont aou ; taler ma venir.
Le boug la kasyet ; nana enn armoir, dan la kuisinn, na in pti bifé alor, asé o ; la kasyet déyer ; ver diz er, le dyab la i ariv ; zoizo la i poz :
— Marmay, marmay !
Zoizo la fini venir kosto ! Depui konbyin de tan li l’apré manz manzé marmay la ! In bel zoizo, kom sa !
— Oui !
— Papa la pa la ?
— Non ! La di, la parti travay.
— Vyin, la di, ma rod le pou dan out tet, la di ; zot pou lé malizé fini sa, in !
— Oui, la di, lé malizé fini mem !
I rod enn, met dormi ; i arod lot, met dormi ; i fé lé troi zanfan kom sa ; parti.
Dé ki la dékouver marmit, boug la la sorti ; i di :
— Alor ! Sé ou ki manz manzé mon zanfan !
Li la rod volé. Pan ! A ter !
— A ! I di, moi la trap aou !
Anfin, sof de lo ; i sava dir band marmay, i di :
— Lev azot, la di, moin la finn trapé zoizo la, la di, sa mem i manz zot manzé.
— Papa, la di, li mem i manz nout manzé.
— Bin, la di, na manz ali osi ; lé gra li !
Apré, le papa i nétoiy le zoizo, tout, met dan enn marmit ; mé selman, le tan ke l’apré nétoiyé la, zoizo la i sant ; i trap zoizo la pour tranp dan lo ; zoizo la i sant :
I tranp zoizo la dan lo ; zoizo la i di :
Gazimouyaya, gazimouyaya ! Poulim amoin tou douseman, mon Dyé,
Gazimouyaya ; amoin mem mi mouloukou, mon Dyé ; gazimouyaya.
— Mmmmm… ! La di, « moulouloukou ! Moulouloukou ! » ; pour manz manzé mon zanfan, ou lé pa moulouloukou ! Ou l’apré détrui mon zanfan, la di, ma montr aou !
Fini plimé, i komans koupé ; zoizo la i di :
Gazimouyaya, gazimouyaya ! Koup amoin tou douseman, mon Dyé,
Gazimouyaya ; amoin mem mi mouloukou, mon Dyé ; gazimouyaya.
— Gaz out pti mouyaya, si ou vé ! La di ; asoir, ni manz aou nou !
Trapé, met dan enn marmit ; i fé rousi ; zoizo la i di :
Gazimouyaya, gazimouyaya ; tourn amoin tou douseman, mon Dyé,
Gazimouyaya ; amoin mem mi mouloukou, mon Dyé ; gazimouyaya.
— Mmmmmm… ! La di, fé koman ou i vé, la di, ou va péyé manzé la !
Boug la i gout ; in kou de sel ; zoizo la i di :
Gazimouyaya, gazimouyaya ; gout amoin tou douseman, mon Dyé,
Gazimouyaya ; amoin mem mi mouloukou, mon Dyé ; gazimouyaya.
— Oué ! La di, lé bon ! Mi nétoiy aou, moin, ou moulouloukou !
Trap marmit, i kouver, met laba, i di :
— Marmay, i di, asoir, kan m’arivé, na manz sa, la di. Tous pa sa, in !
— Oui, papa !
La fini ariv kom d’isi, a pé pré, la Grand Ravinn ; li ardsand, li di :
— É ! Marmay, la di, tansyion i tous sa, in !
Zanfan antété ! Kan ou parl, ou di :
— Fé pa sa.
I fé ; la tet lé dir !
— Tansyon i manz sa, in !
— Oui papa, i di, ni manz pa.
Anfin, li pran semin, li mont, li sa travay, li ! Li ariv laba, li di son fam, i di :
— É bin ! I di, moi la trapé zoizo, la di ; le toupé li lavé, li ! Kan moi l’apré nétoiy ali, la di amoin plim pa li tro for ! Li, zoizo moulouloukou Bon Dyé ! Kan moin l’apré plim ali, tranp ali dan lo so, la di plim ali dousman ! Moin la plim ali, la di, la fini kui dan marmit laba.
Fam la i di :
— Oui, la di, pangard sé in dyab !
— Kel dyab ? I di, ali dyab ! Manz manzé mon zanfan, lé pa in dyab ! É pi, pour fé kui, pour manz ali, le dyab ; bin, i di, asoir, na manz ali.
Mé ali, le frer la, li lé pli fondé, li lé pli gourman.
Kriké !
Kraké mésyé !
La klé dan out pos, la tay dan mon sak !
Anfin, lété pour manzé, voi, maï la, i trangl gozyé sa.
Le frer i fé sanblan fé :
— A ! A ! A ! Ou ! Ou !
Son ser i di :
— Kosa l’ariv aou, sa ?
— Mi sava tranglé, a di, Ou !...
Manter ! De lo lé loin ; pour son ser alé sers do lo, pour li gout zoizo la.
Kriké !
Sas !
Tansyon zoizo moulouloukou, in !
Anfin, le ser i kour vitman, voi son frer i sa mor. Sava trap in pé de lo pour son frer ; ali déyer dékouver marmit, vitman trapé zoizo, manz. Kap ! Kap ! Zoizo la i di :
Gazimouyaya, gazimouyaya ; manz amoin tou douseman, mon Dyé,
Gazimouyaya ; amoin mem mi mouloukou, mon Dyé ; gazimouyaya.
— A ! I di, démerd aou sa ! La di, tou le tan i manz nout manzé, tou le tan ! I di, mi manzra pa, moin ! Kan mem i esper papa, kap ! Kap ! Kap ! Zoizo la i sant mem :
Gazimouyaya, gazimouyaya ; manz amoin tou douseman, mon Dyé,
Gazimouyaya ; amoin mem mi mouloukou, mon Dyé ; gazimouyaya.
Mon noir ! Marmay la fini arivé, pti boug la, la fini venir bébet ! Manz sa, dé zyé la fini sort bel ! Marmay la fini gonflé ! Son ser l’arivé kom sa, la trouv ali ; la, li vé désir son ser ! Alor, li sant, la :
— Ou !... I di, son ser— i fé kom sa— i di, mon Dyé ! Ala nout frer la fini venir bébet ! La fini venir in dyab !
I débat, i débat ; le ser la i le tan kouri. Li a veni a bou kas la kaz ; li la sort an dedan, li la bour déyer son ser pour li trapé pour manzé.
Son ser i sant mem an montan, la :
La di son frer la veni bébet ; la manz zoizo, la veni le dyab ! I kour mem an montan, i kour mem ; i kour mem, i sant mem ; i kour mem, i sant mem ; i kour mem, i sant mem. Kan li ariv koté le papa, lé dé zanfan tonb a ter. Papa i vir kom sa, li voi in dyab i mont.
— A ! A ! La di, kosa l’arivé ?
— Bin, la di, li la manz zoizo la, papa.
— Mon Dyé, la di, li vyin pour désir band la, li la ! li vyin pour manz son papa, tout, li la !
Mé le papa, sa ke li lavé pour fé, li voi zanfan la finn ariv bébet ; i vyin pour manz azot. Li la fou in kou de fizi ; zanfan la tonbé ; é la fam i di :
— Ou la vi ? Moin la di aou sa ; falé pa fé kui sa !
— A bin ! La di, mi koné pa moi ; é kan moin la di « manz pa sa, tous pa », afer la tousé ? Zanfan tet dir !
Touzour mi di :
— Marmay, kan gran moun di kek soz la, ékout ! Pask si ou i ékout pa, i pé arivé danzé. Dé foi, in gran mounn lé bet vréman, mé li voi in pé pli loin.
É ou marmay, kosa ou di :
— In ! in !
Pask moin lété marmay lontan, in ! É tou se ke mon papa té i di amoin fé pa, in !... I apelé amoin « Le Roi » azot.
— Le Roi, i di amoin, fé pa sa !
— Oui, papa.
Mé demin mi sa fé. I di amoin :
— Fé pa enn afer la, in !
Toudsuit la, in ! Selman, vi voi, moin lavé enn bonn sans. Mem ke mi fé sa, sé pa, le Bon Dyé lété koté de moin. Malizé pour moi ariv de danzé. I ariv pa moin de danzé. A ! Oui ! Moin té in marmay tet dir, vréman ! Tout se ke papa i di amoin fé pa sa, moin té i fé mem, moi !
Ryin ke vol de mounn, zafer de mounn, sa, moin la pa fé. Pask si ou i amenn enn afer la kaz, mem ke ou la trouvé, mem in morso de kann, mem in bout de mayok, si ou l’arivé, papa i di :
— Ou sa ou la gagn sa ? Ou la trouvé ?
In raklé !
— Alé armetr sa ou sa la trouvé !
Mon papa la zamé vouli toler amoin. É kom moi osi, mon zanfan osi. Mi toler pa azot. Touzour mi di azot :
— Ou la ganyé ?
— Oui, in kamarad la donn amoin enn afer.
— Mon zanfan, avan de prandr, i fo kalkilé kosa ou i fé ! Pé se fer li pé vol enn afer, i donn aou. Demin matin, ou lé frit, in !
Pask moin, moin la vyéyi. Pour mon az, zamé pey in prosé verbal léta divres. Pask moin té i boi in bou kou de sek, kom tou le mounn. Mé selman, zamé zamé zamé la loi i trouvra zamé mon kayé. Pétet, le Bon Dyé na pityé ? Mi pé pa mor kom sa ! Mé mem ke mi trouv in boug, li rod ravaz amoin, bin, mi réflési, mon Dyé ! Kosa mi fé ? Moi lé kapab tap ali, in ! Mi tap ali ; na enn afer ladsou lé pa bon, vi voi. La loi la fé « kap » . Ou la pli moiyin bouzé ou la, enn foi ke la mark aou. I pé se fer enn foi ke na in zanfan, in zour, na bezoin in papyé, in ! La loi li aplik sa. Se boug la, poin ! Orevoir !
Touzour, mi pri Bon Dyé les amoin kom sa mem, ziska tan ke moin mor. Apré moi nora mon trankilité. Pa annuiyé par personn.
Zistoir lé terminé.
Sainte-Suzanne
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Kriké !
Kraké mésyé !
La klé dan out pos, la tay dan mon sak !
Alor, donk, in zour, lavé in vyé bouge ek son vyé fam ; zot lavé poin de zanfan ditou.
Alor, li kalkil in kou, li di :
— Békali, la di, get sa, nou la poin de zanfan ; la, nou dé lé tou sel ; Bon Dyé i donn pa nou in zanfan, don !
Aster li di ek sa fam, la di :
— Priyer in pé Bon Dyé, la di, pétet in zour nou va ganyé in zanfan.
É bin, afors priyé, priyé, priyé, li gagn in garson ; mé se garson la, li é pa kom tou le mounn, li. Koup le kor in boug an dé, li nana enn zanb, in bra, enn moityé… dizon koup in mounn an dé, enn moityé de mounn alor.
Alor le non de se boug la i apel Réval . É bin, marmay la i grandi, grandi, grandi, grandi. In zour i di ek son papa, i di :
— Papa ! Maman !
— Oui, mon garson, i di, kosa ou i vé Réval ?
Bin la, i di :
— Moin la fini gran, i di, mi sava marsé, mi sava in kou loin, moin.
Son maman i di :
— Mon zanfan, kosa ou sava ? Get ou lé invalid, la di, ou lé in boug enn moityé, ou nana enn zanb, ou nana in bra, out figir lé koupé an dé alor, ou lé moityé de mounn !
— Bin, i di, Bon Dyé la fé amoin kom sa, les ali, kosa ma fé ?
Anfin, pran semin, li sava, i sava, i sava, i sava ; i trouv pi ali, pandan a pé pré dé troi zan.
Isi, le papa ek le maman, le vyé maman lé trakasé plis li pour son garson, in ! Li asiz la, li pler mem. Le vyé boug i di :
— Kosa i fé pler aou ?
— A ! La di, get Réval la parti, la di, ni trouv pi ; mem la di, in sel zanfan ou nana, la di, sa la parti ; sé pa lé mor.
Alor le vyé fam, in zour ek son mari la di :
— Mi sava moin.
— Ou sa ou i sava ?
— Mi sa rod mon zanfan, la di, pask… moin na zist sa mem ; i fo mi sa rodé.
Anfin, li sava ; alor, firmazir li sava, li sant. Li trouv in boug dan le semin, li tat, li voi pli kler, li tat, li sant :
Li tat ; na dé bra ; la li, dan son santé la, i di aou son garson nana in bra ; « tangouni » sé le bra, la min ; li tat la zanb, li sant :
« Toungounoulouni, oi manzari la toungréal,
Oréalasoua, oréalasoua »
La di :
— Sa, la pa mon garson sa ! La di, mon garson nana zist in bra, enn zanb ; li atak la figir :
« Masounoulouni, oi manzari la masréal,
Oréalasoua, oréalasoua »
La di :
— Sa, la pa mon garson, la di, figir lé antyé, la di, mé mon garson nan enn moityé figir, enn moityé le bra, enn moityé la zanb.
Li arlarg le boug la, li, li arsava ; li artrouv in ot, li fé parey. Mé afors marsé, marsé, marsé, li a bit sir son garson ; li trap in kou le bra, li di :
« Tangounoulouni, oi manzari la tangréal,
Oréalasoua, oréalasoua »
Li di ek son garson :
— Mi voi pa kler, mi trouv pi aou, mé la di, sa, le bra la, i resanb a out bra.
Le garson bouz pa.
Li atrap la zanb :
« Toungounoulouni, oi manzari la toungréal,
Oréalasoua, oréalasoua »
Le garson i bouz pa.
Li artat an ler, i di :
Masounoulouni, oi manzari la masréal,
Oréalasoua, oréalasoua »
A ! La di, maman, a di, amoin mem sa !
La, li atrap son maman, li la porté, li a parti, amenn son kaz. Kan li ariv laba, i di :
— Papa, a di, koman ou i les maman marsé kom sa pour venir rod amoin ?
— A ! Bin ! I di, maman li mazinn aou ; la veni rod aou, a di ; moin, kosa mi pé dir ali, moin ? Kosa mi pé dir ali, moin ? Moin, mi koné pa ou sa ou i lé, mi sa marsé kom de mounn fou ?
— Bin ! La di, vi voi, maman la rodé, la veni rod amoin la trouv amoin.
Bin, li aret ek son maman, ek son papa, ziska tan ke lé dé vyé mounn lé mor. Ali osi la pa amiz tro osi ; mouyé !
Mi trouv ali, mi di :
— Réval, mi di, koman ou fé pour manzé ?
La di :
— Mi manz kom ou, la di ; ou nana dé min, ou i gagn marsé, ou i gagn manyé, i di, mé moi nana in bra, enn zanb ; bin, mi mars ek mon bra, ek ma zanb, mi roul kom sa.
— Bon, mi di, bin ou lé fin ! Mi di, ou lé pa kom moin ditou.
Afors agas ali, ma la trouv moiyin rantr lopital ; la pa koup amoin in doi de pyé ! Erezman, la koup zist le doi ! Pask dokter i di amoin, dokter Trésak alor, i di amoin :
— Kan moi la fini oper out pyé, i di, bouz pa, get pa ryin, pask si ou bouz, mi tir enn zanb !
Mi di :
— Mon Dyé, pangard mi vyin Réval ! La moin sera zoli, la !
Bin la fini kom sa. Zistoir lé terminé.
Sainte-Suzanne
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Alor, zisteman, lavé mesyé le Gran Dyab. Alor li invit tout lé zanfan, nadfoi ke l’ariv, in, le samdi, li lé paré, li invit tout lé zanfan. Li di :
— Mont lao, i di, marmay, i di, vyin !
I fé bouyir in pé patat, vi voi, li té plant plito la ter, li, li na son verzé li, la, na tout son afer la dedan.
Alor, pli na de marmay, pli li invit, li, pour li anvalé. Alor li invit marmay, i di :
— Marmay, i di, vyin ni va fer in parti lao ek moin, amenn otan ke nana, in !
Marmay lé kontan ; marmay lé kontan ; i kri :
— Gran papa…
I di pa « Gran Dyab » ; i koné pa sa i manz de mounn, sa.
— Gran papa i di anou mont lao ; bin, i di, ni mont.
Anfin, tout marmay i rasanbl, a pé pré enn vintenn kom sa, in ; i mont lao, i ariv laba ; Gran dyab i arzoin azot an semin.
— A ! I di, marmay l’arivé. Le gran papa, dizon alor, i di : patat la fini kui ; kosa zot i manz zordi ?
Marmay i di :
— É bin, i di, gran papa, zordi, i di, ni manz, sé pa in, banann !
Bin, li get sa, lé roz la ! Bin, i di :
— Lé bon !
I koup banann, met a ter ; tout marmay i manz, i manz ; la fini manzé. A ! Li tourn i vir ; alor, li rézerv enn, dan tout la, li tri ; i di :
— Marmay, i di, ou koné, a di, zot i sava la, l’er l’arivé la, i di ; regard pa déyer ditou, i di, pask kan i sava devan, i regard pi déyer.
Marmay i di :
— Bin, oui, gran per.
La di :
— Selman, ni sava an santan, in !
I di :
— Oui !
I di :
— Alé, komans, i di, ni sant, in !
Marmay i di :
— Bin, la di, oui, kel santé gran per ?
I di :
— Mi sant : « Tou le mounn, gran mounn, moi tou sel marmay ». Alor, marmay, tout i bat la min.
I di :
— Bat la min, in
I di :
— Oui.
Alor la i bat la min ; i sant :
La, marmay i bat la min la, an santan, sant mem la… I di :
— Ankor ! Sant ankor !
« Tou le mounn garamounn, é moi tou sel maramay
Tou le mounn garamounn, é moi tou sel maramay »
La i di :
— Sant mem la, sant zot, la !
Kan li ariv a pé pré in bonn distans, la, i di :
— Marmay, i di, vir pa la tet déyer, i di, sant azot mem, in ! I di, pask i fo pa vir la tet déyer, in !
Marmay i di :
— Oui !
I di :
— Pask mi ariv, mi sa mon kaz moin, la.
Anfin, i fé kom sa ; marmay get pa ; li kap… ap ! I manz enn. I di :
— Vir pa la tet déyer, i di, alé azot, in !
I di :
— Oui !
Tout marmay i sant mem an dsandan, la :
« Tou le mounn garamounn, é moi tou sel maramay
Tou le mounn garamounn, é moi tou sel maramay »
I sava, mé li la fini manz enn, in zanfan dan enn famiy de mounn, la. I ariv zot kaz. Tout zanfan i rantr. Mé nana in per de famiy la, i rod son zanfan ; la poin. Anfin, i pas partou ; i demand tout marmay té avek. I di :
— Marmay, i di, zot la monté la, mé, i di, ou ki lé in tel ?
I di :
— Bin, i di, bin… Nou lété avek.
I di :
— Bin, mé, i di, li la pa rantré !
— Bin, i di, daoir, lété apré… La ret dan le semin, la zoué, é pi sa la pa monté…
I get la…
Pandan se tan la, la loi lété pa séver kom koméla. I regard ; la poin. I regard ; la poin. Alor, i pas dé troi zour. Anfin, i fini kom sa, in.
Ali, le vyé gran per soidizan, Gran Dyab, ali vir li tourn, li vir li tourn. Semenn ansuit, la fini donn azot la dat pour monté. I sava enn foi par moi sa. L’er ke li la fin, i donn la dat li, l’er ke la anvi de manzé. Alor i di :
— Marmay, bin…
Anfin marmay i armet paré pour armonté ; la dat l’arivé. I armont. Kan l’er i ariv, li armet enn ot de koté, li. Mem to ; parey mem la. Mé afors, afors, afors li a manzé, li la fini manzé kek zanfan de mounn, li la, enn, enn, enn, enn… Mé zot i vené touzour. Sak famiy i pran enn, i pran enn…
Mé in zour band marmay i koz, i di :
— Oté ! La di, tou sa i mont an o laba, la, i di, bin, la poin person i trap marmay laba ?
I di :
— Non ! Oté ! Gran mounn la, kontrer, gran per i donn anou manzé ; kan ni sava, i fé kui patat ; nadfoi i ti in koson ; anfin i donn anou manzé.
Bin, nana enn in pé pli gran, in, bin la di :
— Ou koné ? La di, mi mont ek zot, moin.
Band la i di :
— Bin, alon !
Mé li lavé in instin. Li la arpas in kouto. Pas ali in bon kouto ; Lontan i koné pa pti zafer la. I asété ali in kouto ; i arpas sa byin ; li la ferm sa, li la met dan son pos.
Anfin, gran mounn, le gran per soidizan, le Gran Dyab, li abityé fé sa, son travay manzé. Anfin i di :
— A ! La di, zordi zot amenn in gran pour moin.
— A ! I di, oui, li konpagn ; bin, i di, li in pé pli gran ; kan ni dsand, nou la per ; bin, li la veni ek nou.
Mé i di :
— Lé bon !
Le gran Dyab li , li mas pa, li ! Kom li la fé, kap ! Li anval. Le boug na le tan dres son afer an dedan.
Anfin li ariv ; fé kui manzé, lété patat, sé pa kosa i fé kui ; i manz ; fini manzé. Gran papa i di :
— Alé, marmay, i di, met sir le ran, i di, la fini arivé l’er pour dsand, la.
— A ! Bin, marmay i di oui.
Alor, li trap in ot lo, li. Le pli gran i di :
— Non, la di, amoin, i rest koté ou, gran per.
— Bin, i di, bin lé bon, mon garson !
Li kalkil li va gagn in bon vant ek sa !
Anfin, i dsand, i dsand, i sant :
« Tou le mounn garamounn, é mou tou sel maramay
Tou le mounn garamounn, é moi tou sel maramay »
I di :
— Vir pa la tet déyer, in !
I di :
— Oui, gran per !
Band marmay la i sava mem, i sant, i sant. Kap ! Li anval, li. Dé ki la anvalé, marmay ( ,) la poin le tan mor. La rouver ali, rouver ! Kom la rouver li, la, li la tonbé. A ! Lavé marmay, la trouvé tout lé zanfan. La fini, la fini mor ; sa ke lé mor, lé mor ; sa ke la fini veni le zo, la fini veni.
Aster, li arkri band la. La di :
— Alé pa ! Asper in instan.
Li la sorti li. La di :
— Asper in instan, i di, pask, i di, ala zot gran per la, la di, la koup ali zordi !
A ! Tout marmay la artourn déyer ; li arkoné sa ke la pi, sa ke lé le zo, sa ke la fini mor, li, dan son vant.
Anfin, tout la dsand, parti rakont zot famiy. La famiy tout la monté. I ariv isi, i voi le gro Gran Dyab a ter.
— A ! La di, sé li té pour manz tout zanfan isi, alor ?
— Bin, i di, li mem.
Bin la, le mounn la komans rouver lé zyé. Lavé pi konfyans, vi voi. Si par egzanp in gran mounn i kri in marmay, gran mounn i di :
— É ! Ou sa la parti ?
Alor, la famiy komans tap marmay aster. I di :
— Ou sa ou i sort ?
— A ! I di, nou la parti la kaz mésyé in tel.
I sa demandé :
— La té isi ?
— Oui !
Mé, malgré, i fou amoin in rinsé, pask lontan lavé Gran Dyab la té i manz de mounn.
Bin, in bo zour, mi bat in karé lao, moi, koté ou Gran Dyab i lé. Bin, la trouv tout le mouvman, mé Gran Dyab na pi ; lé fini. Lavé enn kalbas, in pyé kalbas mi di aou, enn zoli kalbas kom sa. Sa lé blé ! Mi di :
— Mi sa gagn in bon kari.
Mon kamarad ! Moi la fé kui sa. Bin la poin de zafer lé amer kom sa. Ou i regard sa, ou i kroi enn bonn afer, mé personn la pa manzé.
Mé moi la di :
— Avan gout kalbas la, bin, mi koup, mi gout avan si lé bon ; ou si lé pa bon mi manz pa.
Alor, zistoir lé terminé.
Sainte-Suzanne
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.