Anthologie du conte créole réunionnais

Anthologie du conte créole réunionnais

Editeur : UDIR

Auteur : Laetitia Samlong-Ah Kiem

ISBN : 978-2-87863-084-8

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Dernière mise à jour 11/10/2024
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Français Jeunesse Créole Débutant(e)
Anthologie du conte créole réunionnais

0. Avertissement

L’anthologie du conte créole réunionnais ouvre à ces imaginaires insoupçonnés où le langage tient le réel à distance, tout au moins le langage éloigne le réel de ce qu’on nomme un ailleurs du sens. Ce qui s’avère alors le réel, c’est le fantastique, le merveilleux, l’impensable qui n’exclut pas une certaine violence dans les mots et les événements quand il s’agit de contes. Cette violence pourrait choquer les lecteurs, même si elle n’est pas le seul fait du conte, elle est présente aussi dans la poésie et le roman réunionnais, autour de la thématique de l’esclavage et du marronnage, de la misère et de l’exil en métropole.

Aujourd’hui, nous aurions tendance à stigmatiser cette violence.

Cependant, dans Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim présente à juste titre les contes comme un héritage culturel. Il affirme deux choses importantes : « La vie réelle n’est pas que soleil », et la violence, l’enchantement, le dualisme, le dilemme œdipien, le mensonge, la méchanceté, l’angoisse de séparation, la trahison, « tout en divertissant l’enfant, l’éclaire sur lui-même et favorise le développement de sa personnalité. » À présent que le conte fait partie du patrimoine immatériel de l’humanité, il ne viendrait à l’idée de personne de mettre en doute son utilité à servir de guide à l’enfant. C’est un fait acquis. Nos traditions orales nous offrent une richesse culturelle unique à partager avec le monde, d’où cette anthologie qui répond à un véritable besoin.

Initié par la Dac de La Réunion et réalisé par l’Udir, ce projet éditorial remet nos contes au goût du jour et participe à la revalorisation de la langue créole qui joue un rôle fondamental dans la construction de notre identité.

Traditionnellement le conte est mystère, même si le sens des textes change au fil du temps. Si la voix du lecteur ne s’entend pas, celle du conteur ou du rakontèr zistoir enchante l’oreille par la métamorphose du souffle. Donc, il appartient aux conteurs d’adapter chaque conte à la scène. De fait, nous avons reproduit les contes dans leur graphie d’origine, sans rien modifier non plus quant aux vocables et à la syntaxe, quitte à ce qu’on fasse un indispensable effort de lecture pour se les approprier. Une telle approche montre que la marche vers une graphie officielle de la langue créole réunionnaise s’inscrit dans le temps et ne peut être que le fruit d’une longue réflexion. Entre la graphie des contes anciens et les graphies proposées ensuite par Lékritir 77, KWZ ou Tangol, on remarquera des différences notables.

En 2003, Daniel Honoré propose une graphie phonologique pour lire le créole : un signe correspond à un son et tout signe se prononce (sauf le « e » muet à la fin de certains monosyllabes). Le souci de respecter les différences de prononciation selon les régions géographiques et les milieux socio-culturels l’a amené à adopter les propositions de la graphie Tangol ou 2001, mais en les simplifiant.

ä peut se lire a ou an : käne, kane ou kann

ë peut se lire é ou eu : sër, sér, seur

ï peut se lire i, u ou ui : plï, plu, plui

ö peut se lire o ou on : döne, done, donn

sh peut se lire s ou ch : soz, shoz

gn peut se lire gne ou ye : guingn, guingne, guinye

Pour une lisibilité plus grande, Daniel Honoré a choisi également de doubler le « s » final de certains monosyllabes ou d’ajouter un « e » muet. Exemples : « pass » au lieu de « pas » et « danse » au lieu de « dans ». Il a ajouté aussi un « e » muet à certains monosyllabes terminés par un « t » quand ce dernier est précédé d’une consonne. Exemple : « porte » au lieu de « port ». Ces précisions sont importantes, car si la langue créole est parlée par plus de 80 % de la population, seul un petit nombre de Réunionnais parvient à lire facilement la langue écrite. En effet, apprendre à lire le créole est une étape incontournable, car c’est une vraie langue qui possède déjà une riche littérature : fables, poèmes, contes, pièces de théâtre, romans, récits, nouvelles, livres pour la jeunesse.

Dans ma préface au livre d’Aude-Emmanuelle Hoareau, Concepts pour penser créole, j’ai écrit ceci : « Avec les tentatives d’aménagement et de standardisation d’une orthographe (Lékritir 77, 1983, 2000, etc.), voire d’une écriture normalisée en langue créole, les écrivains n’ont cessé d’écrire en créole ; les chanteurs n’ont cessé d’écrire et de chanter en créole ; les conteurs n’ont cessé de conter en créole ; les hommes de théâtre n’ont cessé d’écrire et de jouer des pièces en créole. Parce que la langue créole véhicule une pensée, une culture, une histoire, un avenir, depuis des dizaines d’années on l’étudie pour l’écrire, pour l’enseigner, pour publier des dictionnaires, des grammaires, des manuels scolaires – et pour en faire une langue à part entière. »

Si la littérature donne à la langue créole ses lettres de noblesse, les contes créoles traditionnels sont porteurs d’un univers qui n’a pas fini de nous enchanter, notamment avec ses valeurs ancestrales. Ils nous offrent aussi une prise de conscience, une esthétique, une nouvelle manière de penser créole, et que les idées progressent, et que l’homme avance avec le monde vers l’acceptation des différences, vers plus de lumière.


Jean-François SAMLONG


- Fin du chapitre - 


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Anthologie du conte créole réunionnais
10. Zanguille papa ec Malrouze

a

vé in homme avec in femme. Zot dé té travaille ensembe dann bitation, i gratte i plante maïs.

In zour, l’homme i di :

— Ma femme, ti conné po nous bien vive, faut rode in zanguille, ma mette dans mon vivier, comme ça ni passe ni oi ça i zoué coup d qué là-dans: lé zoli! Sar in distrac po nous.

La femme i di ali oui mon mari.

Li na qua rodé !

Boug i sava. Sépa quel manière li fé, li plonze, li sa lève Saint-Pierre, li trape le roi zanguille. Mette ça dans son vivier, monte la femme.

— Oui mon mari, regarde in pé zoli zanguille-là, lé listré, i clate. Moin l’envie d’caresse ali.

— Ah ma femme, ec mon zanguille i zoué pas ditout ditout, guette ec ot zié. Ainsi ou nana ot bande camarade va rive là, porte entention q ou i sava pas rouve la porte vivier-là po zanguille allé. Tant pi po ou, hin ! Guette ec ot zié.

— Ah bin non, mon mari, mi pé pas moin à l’hèr q i lé, allé rouve ça, ma acoute aou.

Vire tourne, vire tourne. Camarade i vien là.

— Guette in pé zoli zanguille là !

Na ène té plis toupé, li :

— Mais oui, madame, ma rouve in ti pé po moi oir ?

Li trape… zanguille fffrt parti…

Et l papa po travaille là-haut dann bois, son kèr i saute. Zanguille fine parti, li arrive. Li fé comme ça.

— Ah oquilé mon zanguille ?

— Bande là la rive là, la ni, la zoué zoué avec ça, le zanguille la parti.

— Mi conné pas. V’allé cercé.

Alors le garçon i di ali :

— Moin naté pas laissé moin papa, mais zot té zoué avec, le zanguille la çapé, la parti, la pas moins l’autère.

— Non, mi condamne pas ou, mounoir, simplement i faut ou i sa cerce zanguille papa là-bas. Maman laisse ali.

— Lé bon, m’allé.

Li sava. Li arrive Saint-Paul. Plonze li arlève en France.

« Zanguille papa

Niamnian badilo

Coté ci coté là

Niamnian badilo

M’allé çassé

Niamnian badilo »

Li trape in ti zanguille. Point n barbe. Li amène.

— Mounoir, ça la pas zanguille papa, ça ! Oua lé cercé !

Collé le manman, prend in gouni, fou l manman endans, pendille bien la case en l’air, allime défé dessous, brile piment sec.

Le manman en l’air i terne : Hh ! hime ! Piment sec fé touffe ali. Le garçon :

— Papa ! Mon mon près touffé !

— Bin va-t-en vitement cercé mon zanguille, ma largue ali.

Pauve diabe, li cour. Li arplonze comme au Port, li sa lève comme dans l’Allemagne là-bas.

« Zanguille papa

Niamnian badilo

Coté ci coté là

Niamnian badilo

M’allé çassé

Niamnian badilo »

Li attrape in aute. Avec peine in ti moustace té po poussé. Et çaq son papa navé grand barbe.

Li arrive. Li cour coté son manman.

— Papa, ala, largue manman, alala.

— Hin hin hin, mon garçon, la pas ça, ça. Allé cerce zanguille papa !

Pauve diabe, li arcour encore.

« Zanguille papa

Niamnian badilo

Coté ci coté là

Niamnian badilo

M’allé çassé

Niamnian badilo »

Li plonze, li artrape in aute. La barbe in ti pé plis longue. Content, li.

— Papa alala !

— Mounoir ! Papa na pitié d’où, mais simplement là, là i coupe pas, là.

Le manman là-bas i terne : Hh ! Hh !

Le garçon le kèr i fé mal. Li plère. Li arplonze encore :

« Zanguille papa

Niamnian badilo

Coté ci coté là

Niamnian badilo

M’allé çassé

Niamnian badilo »

Plonzé, la trape ène. Té zanguille son papa minme !

— Papa largue vitement !

Tel le papa dèfe gouni, mette à terre (li fine trape son zanguille, mette dann vivier), le manman mort ! Le manman mort !

Le zenfant i plère : la tié manman !

Enfin là, le garçon po calkile ali astèr : papa fine tié manman, i faut mi trape papa. Li di :

— Papa mi sa rode lapin, mi sa rode zoiseau.

— Allé mon garçon. (Là li mazine pi li fine tié manman marmaille là).

Marmaille i sava là-haut dann bois, i souque le roi malrouze.

Et le papa navé in gros paquet camarade. Tout lé dimance i vien là po guette son zanguille tout ça là. Et malrouze plis zoli ! (Ca lé noir ça, na point cevé dans la tête).

— Papa ala mon malrouze. Mi mette dans mon parc, dans mon volière là. Ot camarade va rivé, li va guette ec son zié. Tention li touce hin ! Si touce, tant pis po ou !

— Oui, mon garçon. Ah papa ! empêce azot toucé.

Marmaille après travaille, bande là i arrive.

— Hé mon frère, ot garçon la pêce in zoli malrouze ma guetté.

— Hin, mon garçon la di guette pas ça.

— Ma guette in ti pé.

— Guette aou in ti pé, mais ouve pas trop la porte.

Tel li mette la min, malrouze zioup parti ! Marlrouze parti, le garçon le kèr i saute, i descende.

— Papa, quilé mon malrouze ? I plère li.

— Mon garçon, ot malrouze, camarade la rive là, la zoué avec, la parti.

— Papa ou i plère, ou la vi comment ou la moungue manman, oua passe autant ou. Allé cerce mon malrouze, o sinon-là, oua regretté.

Colle le manman (son bel-mère) par le qué d cévé. Rale son bel-mère (le papa lavé prend in aute femme), fou dann in gouni.

— Papa, ala ot madame en l’air, hin. Oua lé cercé mon malrouze, après ma largue ali.

Emmerdé li, Li plère.

« Hi, mon garçon

M’allé cercé là-haut dann bois.

Malrouze mon garçon ». (Camarade la parti ça !)

Trouve in malrouze. Li fé in bond. Li saute comme ça. Malrouze parti. Li po veillé, li çante minme :

« Malrouze mon garçon

M’allé çassé là-haut dann bois ».

La-haut dann bois ! LI trape ène ti. Content, li po largue son madame :

— Mon garçon, alala.

— Papa, mon malrouze lé comme ça ? Mon malrouze, le roi malrouze !

— Le roi malrouze, mon garçon ?

— Oui cé le roi malrouze.

Li arsava.

« Malrouze mon garçon

 M’allé çassé là-haut dann bois

Là-haut dann bois m’allé çassé

Là-haut dann bois »

Li trape ène. Li amène. Le garçon i di :

— La pas ça.

— Ah ce fois ici ma monte plis haut.

Alors lavé in ravine descende là. Le roi malrouze té posé si in brance debois par l’aute coté la ravine. Et li par ici.

— Alala mon malrouze !

Navé in paille en ki i vole en l’air. Paille en ki là ça i vole vole tout l temps si bord ravine.

Li sava ; li vire tourne, sépa comment la fé, colle le paille en ki. Tire la zaile paille en ki, colle ec li : dé zaile. Li guette malrouze là-bas.

« M’allé çassé

M’allé çassé

Malrouze là-bas »

Li voup ! Ca la tombe à terre, la taille la fané.



- Fin du chapitre - 


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Anthologie du conte créole réunionnais
9. Liève, Zaco ec Léléphant le Roi

Liève i sa rode cari. I arrive dans in endroit navé in gros léléphant, le roi minme. Ça té pli bel léléphant le roi. Quand i sa promené, i monte dessi. Alors i arrive là-bas, Léléphant la envie fé son besoin. Léléphant i rouvère son fondement là, rouve grand comme ça, Liève sauté ddans. I arrive enndans, tire toute la panne dann vente Léléphant, ça lé bel ça, tire ti cari, li rempli son sac. Li arrive son case, li la mette ça si la braise, trape par ti morceau, li envoye son zenfant.

Et Zaco tè resse près d li. Zaco paréssé. Madame Zaquette là i arrive i di Zaco comment tout l temps là-bas son commère i manze la viande et ou zamais ou i amène in pé la viande, tout l temps ou i amène grain n zaque, ou i amène grain n zaco, tout ça po ot zenfant, guette zenfant comment lé maigue.

Zapette tape ali :

In zour li di :

— Liève amène amoin in coup ouça ti gaingne la viande là.

— (Mon camarade si vé oir ou gaingne le coup, ma mène aou). Prépare aou in ti sac, ec in bon couteau i coupe bien, ma mène aou dans l’endroit. Demain non, moin lé fatigé, mi sar pas, mais après demain n’allé.

Grand matin, li sa fé lève Liève.

— Liève, Liève.

— Hep !

— Moin lé paré.

— Anons amène ton sac ec bon couteau i  coupe bien.

— Oui.

Lé dé i monte : Arrive là-bas, Léléphant i sava c… Alors son fondement i rouvère grand, Liève prend l’élan, sauté dedans.

— Rente a toué vitement avant q li arferme.

Zot dé i rente dedans.

— Ti oi ça, ça lé kèr, ça le foie, toute la grappe là coupe pas, prends la panne partout ouça ou oi la graisse, tire, empli ot sac. Prend par ici ou i oi la graisse, fé vitement, parce in quart d’hère la porte i ferme, i faut nous fine arrive dehors.

Coupé !...

Mais Zaco li oi sac Liève la pas loin plein.

— Touce pas ça, la minme la clé, si ou la coupe ça toute la grappe i pendille, la porte i ferme nous lé pris dedans.

Zaco i regarde sac Liève la lé presque plein et li son grand goni l’encore vide. Bourré sous l kèr, la grappe, le foie, fiac ! Coupé la grappe ! Ebin ! le fondement n Léléphant là-bas la fermé.

— Compère quoça ou la fé, la porte lé fermé, i arrive pi po sorti.

Fondement fermé, lé dé bloqué dedans !

Liève :

— Ou in boug ! Moin la amène aou, ou lé misère, po gaingne aou in pé cari, ou la ferme aou dedans. La lé fouti. Demain la guillotine po nous !

Liève i calkile in plan : « Ou Zaco i faut mi fé tape aou »

— Ou i oi la panse là, ou lé gros, ente aou dans la panse, moin mi rente dans la blade. Demain i faut le roi i fé nir in cèf vétérinaire po fé l’autopsie son léléphant po oir comment q léléphant lé mort. Ça lé soigné, na gardien i veille ça, i donne ça manzé, i faut nou fé in mouvement demain.

Gardien i sa di le roi Léléphant la crévé là-bas. Le roi i arrive, batte tambour. Toute le roi partout i sorte i vien voir : bel léléphant comme ça ! Navé point personne, na point aucun roi navé léléphant aussi gros, zoli comme ça.

Arrive, appelle dé trois boucer ici, rouvère le vente po oir quel maladie, fé nir médecin, toute ça vétérinaire po regardé quel maladie, à cause Léléphant la crévé.

Rouvère le vente et premier çose qi fé, trape la blade, tire la blade pissa pengar va mouille partout, i zette dann zerbe là-bas. Liève i sorte dans la blade i di :

— Hop méssié le roi, mi vien oir l’autopsie ot léléphant, ou i sali amoin comme ça !

— Ah i di, eskise amoin messié Liève, va donne aou in aute costume.

I envoye domestique rode in costime en vitesse, trape savonnette, savonne bien Liève, suie ali bien avec in bon serviette, i arsuie ali. Alors li deboute.

Alors vétérinaire i arrive, i regarde, i coupe par là-bas i di : pétète dann kèr. Liève li aussi li fé comme médecin. Bande la i tate partout, i regarde le corps si la pas gaingne le coup, si la çair, si la cuisse, na point ! Liève i di :

— Messié le roi, moin la pa vétérinaire mais simplement la maladie vot éléphant, vot éléphant daoir manzé in mauvais zaffaire, cé détète dans la panse ça.

— Vous croyé ça ?

— Oui lé vrai, mette la panse dehors et prend aou dé zhom, solide, prend çakène in zoli boute bois zavocat marron là, batte dessi, quand nous va oir zot lé fatigué, ma dir azot arrète, zot va rété.

Trape le bel panse Léléphant, mette dann milié la cour comme ça si pas dporte, çakène in bon boute debois zavocat marron. Zot i batte. Bande là i batte, i batte, i batte, i batte. La di :

— Arrète in coup. Crie ot boucer là-bas, fé rouvère la panse, ou a trouve la maladie dedans.

Trapé in bon couteau coupère. I di :

— Enterre pas trop, coupe sèlment la peau dsi.

Tel la rouvère la panse, i oi le gros Zaco i sorte là-dans boité, cassé… Zaco la prend dann zerbe là, la couri, mette devant,… parti !

Le roi la di :

— Ah, ala in bon vétérinaire, tout ce médecin la pas trouve la maladie, Liève la trouve la maladie. Liève comme ou na bon pé d zenfant, ala in quartier po ou, apporte la quantité ou i vé, amène dans ot famille. Partout ouça ma trouve aou, ma respecte aou astèr. Ou lé meillère q in médecin !

Zaco la gaingne son baisement.



- Fin du chapitre - 


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Anthologie du conte créole réunionnais
8. Encore liève ec Zaco

Compère liève i di :

— Compère Zaco, ni tombe dé célibataire, nous dé zène zen i entend, lé dé monmon entend pas, tié ton monmon, ma tié mon monmon.

Zaco i di li lé d’accord.

Zaco i trape son monmon i tié, i fouille in tour, i enterre.

Liève i trape son monmon, i sava i mette dans in caverne. I serre son monmon là-bas dans in caverne.

Zot dé i vive ensembe. Dé célibataire là. Zot i travaille, zot i fé cui manzé. Tout lé onze hère, le soir, Liève i prend in zassiette manzé i donne ça son monmon dans la caverne là-bas.

In beau zour Zaco i calkile ça, i agarde, i di : quoça i vé dire ça Liève i sava ec in zassiette manzé là-bas.

Li la suive li, li la veille Liève. Li oi Liève i donne manzé monmon Liève là-bas dann caverne.

— Comme ça don ! Alors li di amoin tié mon monmon, moin fine tié la mienne, fine enterré, alors la sienne, li sava dann caverne, alors li… bouze pas.

Li la pas di in grain Liève. La arni. Li la parti, la passe par derrière (Liève parti travaille), li la parti, li la trape monmon Liève là-bas, li la tié dann caverne. Li la fou in las dans lcou. Li la pendillé. Quand li la pendille monmon Liève là, oi, la raidi là. Toute le ratelier, toute le dent la sorte dehors, toute i ri.

Liève i arrive ec son zassiette manzé, li.

— Monmon, allé manze aou vitement, dépèce aou là. Talère Zaco va rive là-bas, va rode amoin là.

Le monmon i ri minme, i guette ali, i ri minme.

— Quoça la rive aou monmon, quoça la contente aou zordi comme ça, ou po ri comme ça don, monmon ? Assez ri, talère Zaco i arrive là-bas, po rode amoin. Manze aou vite, dégaze aou.

Monmon i ri minme. Monmon i guette ali, i ri minme. In ri sans cari!

Quand li la touce comme ça, li oi lé raide:

— Ah la fine mort ! monmon lé mort. Zaco la fine tié mon monmon en l’air.

Li sava. Zaco i assise. Zaco i bouze pas.

— Oté Zaco, comme ça ou la fé amoin, ou la tié mon monmon astèr.

— Quoça toué la di amoin, toué la pas di amoin tié mon monmon, moin ma tié la mienne, toué la tienne, après na vive comme dé bon zène zen, dé célibataire avec. Alors comme pli couillon, mi tié la mienne moin, moin fine fouille in trou, mi enterre et là, la tienne ti mette dann caverne là-bas, hin !

Lé dé la maillé. Zot dé i pète in baisement là.

Alors lavé comme in fourneau defé. Zot po çauffe defé. I assise là. Zaco pousse Liève estèr !

La pas capabe bataille avec Zaco, Liève.

— Ah comme ça i fé ça, don ! ça i fé pas ça. Ou la di amoin : tié mon monmon, après ti mette ton monmon là-bas dann caverne. Ti prend moin po pli couillon q toué !...


- Fin du chapitre - 


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7. Compère Zaco ec compère Liève

Navé compère Zaco et compère Liève. Tout lé dé camarade. Navé in blanc dann son zardin navé pistace, zaricot, mélon, toute espèce de çose alors. Liève la parti volé. Le blanc la mette le las. La gobe Liève par le las. Liève pris. Zaco i vien :

— Quoça toué po fé là compère Liève ?

— Moin lé commandère gardien zardin blanc là.

— Assez atoué don !

— La mette amoin gardien son zardin.

— In place comme ça té bon po moin.

— Ah moin lé bien ec blanc là, la di amoin si mi gardien son zardin, talère va donne amoin in moitié d pays po commandé. Ça lé bien organisé avec li, là.

— Selment i faut mi mette amoin là-dans, hin ?

— Pas besoin ou la pèr. Dans la matinée, fine passe dé visite avec moin li là, talère oi pas li, oua oir in gros Blanc i passe ec son fisil dé coup. Pas besoin ou la pèr. Contraire. Quand oui oi li vien là de loin, çasse zoizeau plisse encore oua oir comment li aime aou. Féq oui oi pas li, crie :

« Oté zoizeau Bélier

Oté perdri

Oua oir. »

Zaco i di :

— Lé d’accord.

Estèr zaco i tire Liève dans le las. Zaco dedans prend la place…

Le Blanc i vien oir quel effet le las la fé astèr.

I arrive, i oi Zaco dedans :

— Ah moin té croi Liève i fé amoin ce travail. La pas Liève alors.

Li oi un gros zaco dans le las là-bas i balance.

Quand i oi li i vien (Quoça i vé dire encore ?) i entend :

« Oté zoiseau bélier

Oté perdri

Ah toué po rode manze maïs là »

Blanc la resse deboute loin en distance. Ma mère, li la gaingne la pèr. Li di « Si mi avance près, ça i débatte in coup, i casse le las, çà i fé in voltaze, va manze amoin, çà ». 

Blanc la resse loin minme. La fou in coup d fisil. Fisil la parti, la coupe le las. Manman, Zaco la mette ! Blanc là arfou in coup. Zaco té i saute rempart sans poussé. Zaco parti, Zaco i di :

— Ah oua dire amoin ce liève là ou ! La mette amoin dann pièze. Bouze pas ou, ma trape ali, i faut mi tié ali. Ça la pas in compère rien ditout. I faut mi tié ali.

Liève la parti, la trouve in grand gaufe mouce a miel. In gaufe la grandère in vanne. Ça lé çarzé mi di aou, fallé oir. Lé noir ec mouce là-dans. Mouce i rente, i sorte po çarroye de miel, po arranzé minme zot gaufe. Liève parti casse ali in grand rotin filao. Lavé in roce devant. Li assise si la roce, li tiembo son grand rotin filao. Li oi Zaco i vien là-bas, li di :

— Travaille, travaille, travaille, marmaille ! Travaille, travaille, travaille, marmaille !

Mouce i rente i sorte

Zaco i arrive avec in sabe.

— Mi coupe ton cou zordi compère Liève. Quoça ou la di amoin gardien zardin Blanc là ? Blanc là la foute dé coup d fisil dé canon derrière moin, encore in pé si moin té gaingne pas couri là, zordi moin té mort, zordi.

— Ah guette amoin, moin fini gaingne place commandère marmaille là. Guette là combien mille marmaille moin lé commandère là. Moins la pas besoin ça, moin po mazine atoué minme là…

Zaco i foute son sabe au diabe.

— Lé vrai don ? Bin donne amoin la place !

— Prend atoué, afaire amoin : Selment, quand oua tendi la cloce i sonne onze hère là, largue azot, hin. In hère i faut toute lé présent. Na in pé marmaille la tête lé dir là-dans, va rode fé emmerde aou avec Blanc là après. Si ou i oi, onze hère i vé pas allé là, passe dé trois coup d rotin, porsuive azot, hin.

— Casse pas la tête compère Liève, ma dresse azot moin.

Zaco i assise :

— Travaille, travaille marmaille !

Mouce là i rente i sorte, mm mm, travaille minme, i rente i sorte. Onze hère. Onze hère i sonne là bas la cloce.

Zaco :

— Allé, allé manzé, allé manzé marmaille po artourne bonne hère in hère !

Marmaille i rente i sorte, i travaille minme.

— Ah, zot va fé emmerde amoin marmaille. La pas comme ça mi di azot, hin. Ma corrize azot, hin.

Zaco la fou trois coup d rotin dann bombarde là.

Mounoir ! Mouce là la sorte enn dans là, la couvère Zaco, aï aï aï, depis la tête zisqu’à le pied. Zaco en descendant ! Crie l’assassin. Zaco mette en descendant, la qué en trompette. Debois i crase. La trouve in gros bassin n l’eau, Zaco la coule dedans.

Mouce la resse en l’air, té noir si bassin là.

Zaco i prend pi respiration dessous de l’eau là. Quand li lève la tête po oir si la bande là fine allé, lève la tête, bande là pique ali encore. Ah, in degré la levé, la parti…

Li arrive la porte son case, Zaco lé enflé.

I gaingne pi entré ec l’enflire. Là, la femme i songne ali.

— Zaco, la di aou, ot camarade compère Liève, compère Liève va tié aou ça, ène cé zour. L’aute fois dann zardin Blanc allé gardien pistace, si ou té gaingne pas couri, coup d fisil derrière ou. Là, la mette aou commandère marmaille ec mouce à miel. Espère contine aou…

— Moin n’assez, assez… Moin la trape ali solment, mi tié ali.


Liève la parti la trouve in pied coco. In pied coco i mette six mois po monté, six mois po descende. En l’air na la boutique, na magasin zarabe, na toute. Navé in nid’guêpes – pas payé po croire – ça té larzère mon dé bras – té couvère la mère, ça té rose, rose, rose ! Ça lé couvère dann soleil midi là, ça i bouille comme ça. Liève i assise sous pied coco là astère, i guette en l’air. Zaco i vien en missouc.

— Mi tié atoué zordi compère Liève. Assez, assez avec façon fé là.

— Touzours toué in manière comme ça quand mi parle ec toué. Guette amoin, moin lé gardien l’or en l’air là. Guette l’or moin la trouvé, combien liève fine rode entoure moin là. Moin la mazine atoué minme. Si moin té gaingne griffé comme toué, moin lavé griffe, longtemps moin fini allé trape l’or en l’air là, moin fini gaingne ça, moin fini rice foutor, mi conné pi mon compte, millardaire. Atoué ti vé tié amoin encore. Bouce ton guèle, don. Comme ça minme ti lé toué.

— Lé vrai don !

Zaco fou son sabe au diabe. Allé !

— Monte allé trapé. Trape selment in pongnée. Pas besoin toué la gaingne trape toute. Guette ça comme i bouille en l’air. Guette la quantité. Allé bourre ton main dann milié, trape selment in bon pongnée minme, bourre dann ton poce, mette là-dans, après toute va ni ça.

Zaco grimpe en l’air pied coco, crap crap crap crap, monte en l’air. Liève po veille ali.

— Ti oi en l’air comme ça i brille, le tremblement ti fé, après détrois va gréné, détrois grain l’or va gréné, va çape çapé, i tombe si toué, va brile atoué là. Pas besoin toué la pèr quanminme détrois grain va çape dessi toué va bril atoué. Allé trape in pongnée en plein. Bourre dann to poce. Toute va ni, toute total va rentré ça.

— Bon casse pas la tête.

Zaco i arrive en l’air. Pas besoin arrivé près, guèpes dé là-bas, i commence sorte là-bas, vole déssi Zaco, pique ali.

— I brile compère !

— Moin la pas di aou détrois va çape dessi ou, va commence brile aou in pé…

Liève parti…

Zaco pas perde la carte, bourre en plein son grand main dann milié po rale in pongnée…

Mouboir ! Toute guèpe la couvère Zaco là en l’air. Zaco la pi griffé, li. D’en l’air pied coco, la largue son corps dann fond, Binm ! Zaco la qué en trompette en descendant !

La femme là-bas :

— Aou Zaco, allé aou frequentation Liève, là, si la pas tié aou ! Quoça la rive aou encore là ?

— Oui croi pas, la fé croire moin en l’air pied coco lavé l’or in gros nid guèpe comme ça. Di amoin allé trapé po mette dans mon poce. La entoure amoin. D’en l’air moin la pi griffé, moin la largue mon corps dann fond… Moin l’assez, mi tié ali ce fois ci ! I faut mi coupe son cou là ! Pas d’zaffaire là !


Liève quoça la fé ? Liève in arprend in femme astère. La femme la gaingne zenfant.

La di assez, i fréquente pi astère, Zaco la pi ni oir Liève aussi astèr. I fréquente pi. Camarade comme ça, quoça na po fréquenté !

Liève la parti. La femme la gaingne zenfant. La acheté in grand canif avec à pé prés trente mète corde de France, la acheté in quart salé, in boite zalimette. Liève la monte dans la forêt. Parti, casse in ti pé debois, la mette son nti morceau salé grillé. La prend son zalimette, la lime debois. La mette son morceau salé dessi. L’odère la levé. Quand l’odère salé i lève là, in carreau lion la rivé. Bel bel lion. In carreau lion la rive devant Liève.

— Oh compère Liève, l’odère l’appelle anous. Ou po grille salé, i sent bon, donne anous in ti boute.

— Hé moin la faim, mi sorte acheté in bout salé, là po moin marcé, comment mi ça partaze ça ec in popilation comme ça ? Guette la grossère zot i lé, zot i sa décire amoin zot là.

— Hin hin.

— Quiça le plis gros dans la bande ? Le plis bel papa, çaq na plisse la force, le plis gros envoye toute, ali tousèl arrète. Na donne ali in boute après, si li vé li va porte po zot. Mais zot toute, mi siffi pas partaze ec zote là.

Le plis gros na plis la force la envoye toute.

— Allé azot, ma manze in boute, après compère Liève va donne amoin in boute, ni partaze ec zot là-bas.

Toute i obéi, i sava.

Liève i di :

— La pas tout ça compère Lion. Aou Lion, guette la grossère oui lé. Moin in ti liève mi gaingne pas palanque aou po amarre aou. I faut mi amarre aou, parce que ça lé trop bon. Si ou la fine manze ça, comme ça lé bon, après oua rode manze amoin aussi. I faut mi amarre aou. Bin mi gaingne pas çavire aou à terre moin, Lion. Guette la grossère oui lé. Allonze aou à terre.

Lion i alonze à terre pareil in coçon. Liève i prend son corde, i amarre Lion lé quate patte comme i amarre in coçon gras.

— Compère Lion, débatte in coup va.

Lion i seye débatte, i tourne tourne en place, lé quate patte amarré i gaingne pi bouzé.

— Débatte in coup fort minme, quand oui trouve in affaire oui cour dsi po trapé po manzé, dernier force.

Lion i di :

— La pi minme compère Liève, dernier force minme ça. Seye débatte, na pi.

Liève trape son canif. Lion i di :

— Compère Liève la pas tout ça. Ou la di amoin ou l’amarre moin po donne amoin in boute salé. La ou fine amarre amoin, là ou tire canif. Quel idée ou na po fé ec moin, don ?

— Na point l’idée compère Lion… i faut mi fé cause atoué in pé ti voix. Ti oi pas moins si i cause ti voix. Ma fé cause atoué in pé ti voix après ma donne aou.

— Dégaze aou, bande là po aspère amoin là-bas.

Li prend son canif li brosse dann gosier astère po fé cause ti voix ! Li brosse, li brosse, li brosse, li brosse dann gosier. Aha, fine parti in bon morceau, la fine coupe in bon boute.

I brile astèr. Lion la crié :

— Liève i brile.

— Ti oi, ti commence cause ti voix !

— Espère encore in ti pé là, après, la fini, après mi donne atoué salé, ti manze, après mi largue atoué, ti sava. I resse pi beaucoup po fé cause atoué ti voix. Ti commence cause ti voix là.

La brossé, coupe collet net !!! La parti !

La coupe collet, la plicé, la mène la peau po mette si matelas. La di quand son zenfant va pissé, matelas i pourrir arpas. La viande mette salé, boucané, toute po manzé, li ec sa femme, son zenfant.


Zaco estèr i fréquente pi Liève. La femme Zaco estèr i vien rende vsite la femme Liève ! Là li oi zenfant Liève i dor si in bel peau lion, quanminme va pissé matelas i pourrir arpas. Li guette dans la cuisine, là-bas boucané, salé, toute diabe et consort, i fini pas manzé pendant cinq six mois.

Ah parti là-bas, i sa boucane Zaco estèr.

— Aou ou lé zisse po allé agace mouce à miel, po allé agace guèpe, po allé vole dann zardin blanc po gaingne coup d fisil. Ebin agarde Liève là-bas, la femme la gaingne zenfant, la çasse in bel lion comme ça. La viande là-bas, boucané, salé, pendant six mois fini rapas manzé. In gros peau lion, son zenfant va dor dessi, quanminme i pisse son matelas i pourri pas. Ou i pé allé oir li ? Di ou aussi v’allé çasse ène aussi ? Ou i gaingne pas, ou lé zisse po allé agace guèpe, allé agace mouce à miel…

— Ah m’allé oir li alors !

I arvien oir compère Liève. Liève i di, là mi arsava fé souque aou encore in voyaze, là. La pas donne ali le point définitive. La di :

— Acheté aou in quart salé, in boite zalimette, couteau (I raconte ali toute le point). Selment, en montant, oua monté, oua trouve un bon pé pied vacoa, toute la corde lé mir en bas pied figue, tout ça là. Amasse aou minme, tresse la corde figue là, figue mir là, tresse aou quandminme cinquante, soixante mète la quantité ou capabe tressé zisqu’à temps la rive la forêt. La-bas amarre azot.

Liève donne ali le point.

Mais selment le point la corde la pas donne ali : la donne ali la corde pourri !

Parti, li la casse debois, fé grillé, Lion la rive devant li. Li lé pressé po li gaingne in gros lion vitement (li touzours son manière).

— Allé le plis fort, le plis gros poursuive le plis pti.

I sava. Le gros i arrète. I di ec le gros :

— I faut mi amarre aou.

— Amarre atoué compère Zaco. Dégaze aou.

I amarre. Fine amarré toute, trape son canif. Lion i di :

— La pas tout ça compère Zaco. Là ou fine amarre moin, quoça ou na l’idée…

— Quoça moin na l’idée fé ec toué ? Ti conné pas mon zenfant i espère ton peau po dor dessi, moin ec mon femme i espère ton viande po fé boucané ec salé. Ti conné pas ça don…

— Comme ça don compère Zaco ?

Lion la débatte in ti coup. La corde la pété ! Aï iaiaiaia Zaco devant estèr, Lion derrière !

Cinquante centimète comme ça. Zaco en descendant.

Debois i crase en descendant. I arrive comme ça po trapé, rouve la bouce, la point in grain ! i gaingne pas. Lion i mette, i gaingne pas, i di aou. Rienq quand la rive in pé villaze la Terre Sainte, là Lion la di non, la rète deboute.

— Allé atoué Zaco. Ton bonhère moin la pas trape atoué. Si moin té trape atoué, ton peau té arrète dans mon bouce po zordi.

Zaco la couri minme. Li la rente son case.

— Quoça la rive aou ?

De l’eau i coule comme ça dessi li.

— Assez ec ce camarade Liève, là. Fréquente pi compère Liève.

— Mi di aou rouve la porte ma rentré.

En entrant, bande là la tabe la vi ali, i guette son corne. Bande fille tombe amouré d li astère.


- Fin du chapitre - 


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Anthologie du conte créole réunionnais
6. Liève au bal

Le roi batte tambour, fé in grand bal. I invite toute bande zanimo à ce bal. Alors comme mi di aou (quand minme mi di pas arien) ce temps là toute zanimo lété demoune ça. Selment li invite toute zène zen nana corne, ceux q na point corne i ente pas.

En bas, la tabe lé dressé, bef corne, cabri corne, zene ti cabri devant la tabe po servir toute.

Liève in ti zène zen frigal, bien galant, dans son parcours li entend, li. Li arrive devant la salle, louque in coup enndans : zanimo, mais zene fille, zoli zene fille. Li dresse son ti moustace. Et navé ène ti là-dans té i danse, té i çante.

— I çante mais si moin là çanté là, oui gaingne pas moin.

Mais le roi i di :

— Conné nana zanimo na poin corne, par fourné va rode ni au bal, i faut mette portier dans l’allée.

La mette quate portier, quate portier le cien à distance. Ene là, l’aute là-bas, l’aute là-bas, dernier à la porte salle verte.

Liève i deboute dehors, là :

— Messié laisse entré po écoute in pé.

— Non non non non, Liève rente pas cidans. Rien çaq na corne i rente.

— Hin, çaq nana corne ?

— Oui, sinon i rente pas.

Bourré (là dans po dansé minme, i danse, i danse) li bourre là-haut dann bois, tire mouce à miel, tire la cire, fé dé ti zoli corne la cire, ça i clate en bouteille, plis zoli q toute.

Li arrive devant bal.

— Missiè ouvère la porte, mi ente.

Cien i ouve la porte, li rente. I resse dernier portier. Mais – oui oi – ec son ti fité là, li mate mate là, portier ène plis malin, i di sembe l’aute :

— Té guette son ti parade, té ça la pas Liève ça ? Son ti ricocé… ça Liève ça !

— Ti oi pas ça na corne. Mi di atoué na gaingne malhère ec le roi, le roi i di aou tout caq na corne laisse rentré. Oua pas embète ali.

Liève :

— Mi di aou rouve la porte ma rentré.

En entrant, bande là la tabe la vi ali, i guette son corne. Bande fille tombe amouré d li astère. Na point cavalier plis zoli (qça) q ça.

Ali

— Mamzelle talère là moin la entendi aou cidans, la pas conveni amoin ça. Moin i çante !

— Messié çante aou.


«  Maoulé cé mon nom

Guette in pé ma fenète

Ze vien ditan ma mère

Cé ma plis sir cavalier »


Bande là : Bardo ! Bardo !

Bande bef cabri zène zen tout ça là lé en çalère ec li : i oi comment i estime ali.

In mamzelle i di ali :

— Messié ou la çanté, té zoli.

— Mamzelle moin (ct) c’est in çantère, somanqué na plis fort (qmoin) q moin.

— Mi crois pa ou.

— Ecoute, là zordi mi di là, amasse aou.


«  l’autlo zour na tlois ti liève

Zé lencontlé tlois demoiselle

Amenon ti Pierre

Amenon ti Pierre

Amenon ti Pierre »


Bande là content. I danse là. In aute :

— Moin la pas bien tendi, moin.

— Ma répété.


« Malouzé

Ze mavé soufle là

Li boi di vin

Comme in matelo

Si son le pied ma tombe lève

Si son la tête ma tombe lève

O matelo krika

wa wa

Nana l’or là-dans laïla »


In ti fille la trape ali, la dansé tout lé dé.


« Nana l’or là-dans !

Nana l’or là-dans laïla !

Nana l’or là-dans ! »


Alors, i sorte in aute ti fille dann coin là-bas i di :

— Messié la tabe lé dressé po vou.

— Oui mamoiselle ! Moin na mon ti çaise ?

— Oui.

Li assise, li trape forcette, li pique in ti pé salade. In moment donné, l’aute i vien, i donne ali à boire, l’aute i vien di donne ali à boire.

La boire, la boire : bardo ! bardo !

Lé gaillard, li oi son tète i tourne mais li calkile pas son corne là (son ti corne i commence i fonde).


« Ecoute, écoute in pé

(«) (Me) Mé cère zami

Ecoute in pé ti boulan là

Ecoute ali quoça li di anous

Bande zanimo la donne in bal

La invite toute bande zène zen

Li la danse séga, bef dann milié

Danse séga bef par côté »


Avant q li la sorte dehors i di ali – toute i aime ali – 

— Messié la po ou allé, ou çante encore in pé après oua lé.

— Là mi di aou, la moin la rive po çanté et mi çante.


« Ileta

Ze tadoré

Ileta

Auprès de moi

Là-bas

Ileta 

Ze tadoré

 Ileta

Ileta

Vien z’avec moi

Là-bas »


Manzelle la trape ali, tout lé dé là :

« Ileta !

Ileta ! »


Après li, hin ! sorte dehors soul !

Li lé soul. Sorte dehors, soleil i clate. Li fine oblie son corne, li dehors, li di son soulaison va fané, li va rentré.

Portier i guette ali, i guette ali bien.

— Té moin la pas di atoué, ça i arsembe Liève ?

— Mi di atoué non, la pas Liève ça.

(Son corne pocor fonde.)

Soleil i çauffe, là. Bande dame là-bas dans po rode ali, allé oir li dehors : son ti corne la cire i fonde, ali avec son dé ti zoreille.

Portier :

— Guette ali, moin la pas di atoué ça Liève !

Le cien i vien côté li, li guette le cien…

Oui conné, ça la ficé, la qué té raide té embarre devant la pas trapé !


- Fin du chapitre - 


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Anthologie du conte créole réunionnais
5. Liève sembe bande Malbar

Alors là, ec son malin, Liève fini mort, Tortie fine ise ali, son bande i entend ça, na ène i di :

— Là, mon camarade lé fini mort, quoça va fé, mi habite pi dann zacassi, mi sa habite dans la ville, par devant nana in grand zardin, là-bas assez po moin vive. Mi habite pi cienhaut. L’aute zour, zisqu’à volcan moin la invité po manzé. Au l’hère q li monte tel q ilé ec son dé pied, li monte ec la bande madame Desbassyns, oui conné quand ça la monté, ça la prend dan mon case, dans mon camp comme ça là (oui oi pas moins na pi d qué), la passe in flamme comme ça, la coupe mon ti qué. Moin na pi d qué. Moin ici mi arrète pas, mi sava.

Bande là i di ali allé !

Parti !

Li descende, li arrive si l bord in ravine dann in carreau d bois. Lavé Malbar lavé in zardin par devant, tout lé matin Malbar i vien arosé et Liève la faim, li rode quel manière li va fé po li manze salade. Li sava, li arrive à côté le zardin Malbar, i di :

— Donne in pé d salade.

Malbar la di comme ça :

— Mi doi té salade ici ?

Li artourne, li prend son cemin. Li arrive dann son carreau d bois, li fé in calkil, la di i faut q li manze son salade.

Li sava li rode un ti morceau ciffon, li mette avec in bois. I sava. Li arrive à côté zardin. Li di :

— La GUERRE MEZAMI ! LA GUERRE

Malbar i di :

— Té acoute la guerre, ou i cours pas ?

Li vien lancé li, avec son ti pavillon.

— Mi di aou la guerre, ou i cours pas ?

Malbar fou rosoir à terre, hhin piqué ! Li en n dans li manze salade. Son vente lé raide. Casse détrois pied salade mette sous son bras. Li artourne. Li habite pi là-bas, maintenant dans carreau piquant par en bas.

Lendemain li sava, minme to ! Hisse son pavillon :

— Dann in instant i arrive là, bateau d guerre. LA GUERRE ! Mi di aou La GUERRE, cour !

Malbar fou rosoir à terre, hhin ! i di tout l temps la guerre minme !

Alors navé ène, li sa di ec le cef :

— Nana inn homme la passé i crie la guerre avec son pavillon, nous té pas capabe arrété

— Inn homme ?

— Oui, ah li mate hin !

— Guette ici, à cause zot lé bète comme ça !

Po zot trape ali volère, ça l boug i fé la guerre là, ma fé in baba.

Ça le roi Malbar ça. Li fé in gros baba, li donne bande l’arrosère, li di :

— Pose ça dann zardin, amarre ec in corde, i faut q i pendille, i bouze. Va ni là. Azot cacète dann cann, guette ali. Le boug i fé la guerre, zot va voir, ça la pas la guerre ça, ça Liève !

Bande là, Malbar i sava, barbote le baba la colle (la colle minme i ise ali), alors i mette baba pendillé.

Huit hère li arrive ec son pavillon. Gros baba lé là carté devant.

— Ah moin la fé sié toute zordi, toute la couri, la rète in vié couillon i bouze bouze. Ah li bouze bouze. Espère (m) m’arranze atoué. Mi di aou La GUERRE cour, ou i cour pas minme ? Ma fou aou in poing !

Li fou in poing. Son main lé pris. Baba i bouze. Li arfou in aute coup d poing encore. Son main lé pris. Baba là i bouze encore.

— Mi fou in tête !

Li fou in tête, son tête té pris.

— Ah nous po zoué, ti souque mon tête ? ma morde aou, hin.

Li cap ! Pris !

Toute Malbar i sorti, i di :

— Ebin Liève, alors ou minme i fé anous ce zesse là tout lé zour ?

— Mon frère mi habite en l’air là minme, mi oi zot tout lé zour, na in moment moin té faim, moin la pasé, moin la trape in ti tête salade, porça zot i souque amoin comme ça, largue amoin…

— Espère n’allé cerce le cef. Oua ranze compte ec li tout ça salade ou la manzé trois zour !

Li di :

— Allé cerce ali.

Gros Malbar i arrive i di :

— Liève ala trois zour ou i manze mon salade, i faut tié aou !

— Guette amoin aya, ma dire aou in naffaire, tié pas moin là. Moin inn ti zène zen mon la vie lé courte. Si zot i tié amoin là, va fou la guigne dans zot zardin. Ene fois ou la tié amoin là, ot zardin i arprodire arpas ou. Vaumié oui trape amoin, fou dann in gouni, mette dann cemin grand diabe i passe.

L’aute i di :

— Lé vrai, va foute anous la guigne. Çarze ali fou ali dann in gouni, mette ali dann cemin grand diabe.

I mette ali dann croisée cemin. Li allonzé. Malbar la parti arpasse couteau là-bas pou ni coupe ali dann gouni là talère. Et li conné grand diabe i passe ici. Son case en l’air là minme. Li entend hou hou hou. Grand diabe i vien. Li souplaingne : hin hin hin hin ! hin hin hin hin ! hin hin hin hin !

Grand diabe i di:

— Quoué ?

— Ah compère ou la rivé.

— Quoça la rive atoué ?

— Qui entend po repasse couteau là-bas ?

Grand diabe i di :

— Mi entend.

— Tout ça là po tié bèf po donne amoin, mon ti vente là, oùça mi gaingne place po mette ça compère grand diabe ?

— Bin toué pas capabe, donne amoin ton place.

— Ma donne aou compère, haha ma donne aou, dèfe amoin, dèfe amoin rente aou là-dans. Oua oir, guette si na l vente po mette…

Grand diabe dèfe la guèle gouni, rente dedans. Li la rente dedans, Liève i di : ala mon affaire ! Trapé la corde, ençainé ! Liève i amarre ali bien comme i faut ec la corde, i sava dann ravin, i armasse encore gatire, i amarre ali à bloc bien.

— Compère, ou lé là-dans là, talère va passé avec la viande, rouve ot guèle po rempli gouni la viande dans ot bouce, hin !

— Ah compère, in pays minme va envalé !

— Quand oui oi i envoye coup d sabe comme ça là, ça po trape la viande, moin là minme, moin côté ou là-minme.

Allé oir, li piqué en l’air.

Bande Malbar i arrive çaquène in sabe.

— Ebin compère Liève, ou la manze salade, nou va manze aou.

Grand diabe la faim, i entend :

— Ça qualité la viande ou nana, envoye !

Malbar i di :

— Quoça ?

Grand diabe i di :

— Envoye tant q i pé ! mi empare !

Manze ali in couteau… Manze encore… Armanze ali in aute couteau… hace ali.

Liève en l’air :

— Baise ali. Ali la manze salade, baise ali ! Moungue ali, tié volère là…

HIN ! Malbar i agarde en l’air, i di :

— Té ala Liève i cause en l’air là, rouve le gouni va.

Grand diabe fini crévé là-dans. Roue gouni, i guette : grand diabe !

— Oui oi in pé ti salté là, ou !

Là, Malbar la parti di le cèf. Le cèf i di comme ça :

— Quouq ma foute, ala li la  nirbou fé tié grand diabe. Laisse ali, li va fé tié azot talère…



- Fin du chapitre - 


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Anthologie du conte créole réunionnais
4. Liève i invite Tortie

In aute zour, li trouve Tortie. Li fé li conné pi Tortie là, li croi l’aute plis couillon.

— Compère Tortie, pas ot frère ça in coup la mène ali ec le roi, là ?

— Non mi conné pas.

— Pas besoin toué lé en colère.

Encore trois quate tortie i arrive. Li la père astère (i arrive po langue ali).

— Quoça po di astère ?

— Mi di azot vien dine la case onze hère (li invite, li lé vantard) vien aou bonne hère.

Tortie i di oui.

— Ouça ot case i lé ?

— En l’air là.

Tortie na plaisir ça. Tortie i monte, i di po trape ali anons !

Quoça li fé, li plante ali quate piquet, li fé in tabe en l’air. Mette salade, gouyave. Li conné Tortie i aime gouyave. Ali i grimpe en l’air. Tortie là la rive cinq six, po roule à terre.

— Compère monte aou vien manzé.

Tortie i croi i amène à terre. I fé lo tour, i gaingne pas monté. Li en l’air si la tabe, li manze son salade, toute. Onze hère.

Et là Tortie i fé le tour la tabe minme là, po rode cemin po monté la point !

— Compère, moin la invite azot la cas là, moin la invite po manzé, la pas po fé le tour la tabe, mi invite pas ou à terre !

Tortie i di :

— Compère, bin là, quand ni arrive en l’air, là ?

— Ah débrouille aou, moin la invite aou, solment oui oi nana.

Li trape çourave, betterave, toute zaffaire li monte Tortie. Dernier coup, li trape in gros gouyave blanc comme ça.

— Guette ça i aspère aou compère.

Tortie i bave, li la faim. Cinq hère mounoir. Tortie i marce, comme i dérive.

Tortie i di son bande :

— Na mor la faim, allons nous.

Tortie l’ène derrière l’aute.

Li en l’air, li guette : Ma fini ec zot !



- Fin du chapitre - 


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Anthologie du conte créole réunionnais
3. Tortie Ceval Liève

Le roi la remercié Tortie, la mette dann zardin dann palais. La fille le roi i tombe amouré d li. Et sortie ec son nti tête en couillon, li passe passe la main côté soubouque… la fille le roi, li lé blizé donne Tortie…

Alors tout lé dé là lé comme l’amour fiancé là. Et Liève li zaloux, li artourne casse l’embordire, li. Li tien kère : l’aute fois, Tortie la mène ali si le dos. La resse in coupe de temps, li descende. Li passe côté le roi.

— Bin, ça la pas Liève ?

— Oui, moin minme.

— Quoça ou la ni fé, Liève ?

— Mon roi ou cé le roi, vot fille cé la princesse. Mais comment ou l’accèpe Tortie marié avec mamzelle la princesse ?

— Ah Liève ou na q à prende ot cemin allé, ça i agarde pas ou.

— Mi conné i agarde pas moin mais simplement mi di aou : Tortie mon ceval, Tortie mon ceval, mi di aou mon roi.

Le roi i acoute

— Alors Tortie lé ot ceval ?

— Mi di aou li mon ceval.

— Aspère.

— Non, mi sava. Moin la di aou ça, Tortie si li lé mécontent, li va ni oir amoin.

Li conné Tortie va ni oir li. Li piqué. Li arrive en l’air dann son case dann zacassi par en l’air.

Fine prépare son plan.

Liève parti, le roi crie palefrenier.

— Rale amoin Tortie là-bas dann verzé.

Colle Tortie amène son fiancée là-minme.

— Tortie oui di pas nous si Liève ot cavalier ?

— Comment oui di ?

Liève i vien n dire amoin ou lé son ceval.

— Mon roi Liève i di aou ça ?

— Mais oui.

— Bin espère m’allé oir li.

— Allé oir si oui vé, mais tant q Liève la pas ici po di la vérité là, aou ici vien pi ici, hin !

— Non va ni li, ma mène ali.

Li piqué en montant kokolok kokolok kokolok, trouve Liève en l’air dann son zacassi.

— O compère Liève.

Liève i fé : oh !

— Quoça toué la parti di avec le roi ?

— Moin la pas di arien ec le roi, moin.

— Comment toué la pas di arien, toué la pas di moin ton ceval ?

— Ah mais compère, mi pé di in affaire pareil comme ça ? Le roi lé fou.

— Descende aou in estant ma causé.

— Oui, oilà mi vien.

Li saute, li arrive dann fond.

— Compère oui amasse mentère comme ça po empèce amoin marié.

— Moin la pas amasse in mentère moin compère.

— Guette amoin, si ou un homme franc, not dé dé compère, anons descende.

— Mais oui compère ma descende.

— Anons.

— Espère in estant, ma dresse amoin.

Li souplaingne :

— Hin hin, hin hin, hin hin.

Tortie i di:

— Quoça toué nana ?

— Moin pas sir arrive en bas palais le roi moin là, moin lé malade.

— Toué lé malade, mi conné pas toué lé malade, t’allé avec le roi.

— Mais oui compère moin la coute aou, quetçose moin la pas di, zot i di moin la di, hin hin.

— Monte si mon dos, mi di aou monte si mon dos, ma porte aou, ou va débrouille aou avec le roi.

(Liève i rode ça minme li.)

— Monte si ot dos ?

Tortie i di ali :

— Oui monte.

Li fé i ressembe li lé malade, qui malade !

— Monte aou !

Li acosse ali coté in roce, li monte si le roce, li fé in ti saut : li lé en l’air !

Alors i file, i fé dé gaulette. Liève po calkile ali.

— Aïa aha.

— Quoça ?

— Mon pied i pendille trop, tention mi sa tombe à terre.

— Bin comment ti vé ma fé ?

— Na point in ti fer i appelle trier trier i bourre le pied ddans ?

Tortie i di ali :

— Ma gaingné.

Tortie bourré cez forzeron, prend in paire ti trier, i arrive, i donne ali. Li enfile son dé pied là-dans.

Son plan ça. I file. Li calkile le roi li, quand va arrive là-bas va zoqué minme ! I descende. In moment donné :

— Tourdissement la po prend amoin compère.

— Compère liève ou po fé l marmaille.

— Mi arrive arpas en bas, ma tombe à terre.

— Quoça ti vé ?

— Oui conné pas ti zaffaire i appelle guide guide i mette dans la guèle là ?

Tortie pauve diabe couri, parti rode la guide.

Li arrive, i di :

— Ça ?

— Cà minme, ouve ot bouce compère.

Tortie :

— Ha ! Li dave !

Tortie i calkile pas li po habille ali minme là.

— La lé bon, na gaingne descende.

— Là na gaingné là.

Allé oir nencore po li di. Filé. Là i arrive in kilomète po arrive dans palais le roi.

— Ah compère la gaté, té, lé pas possible, mon frère arrive dans palais le roi comme ça avec in tralé d mouce si ou.

— Quouq ti vé ?

— Rode in çabouc po çasse le mouce. Ene in bon longuère, hin ! Et plime ali.

Pauve tortie, rode in zoli çabouc po li.

— Là n’allé compère.

Lé pi malade li, là. Cale ali bien. Lisse son ti moustace bien. Commence raidi in ti coup si la guide.

Tortie i di :

— Oui fé mal amoin.

— Compère encore in pé moin té tombe à terre, résement moin la rale si la corde là.

— Tienbon atoué serré, mais rale pas trop.

Aha ! Le roi i guette in coup. Son fiancée à terre la tombe faiblesse.

— Mon père lé vrai, Liève lé si Tortie son ceval vraiment !

La fille i gaingne faiblesse. Vi oi, li calkile son soubouksalaé, comment Tortie depi trozour i vé marié ec li, in boug comme Tortie i pé manève son soubouksalaé…

Liève : hip hip ! Li manze coup d çabouk estère, hip ! Tortie i mate coup d pied, i vire, i rode foute ali à terre, li tombe pas, li lé agrafé. Tortie i commence fini compris astère. Li mate. Liève i serre ali plisse encore. Arrive devant le roi. Li saute à terre. Trape la guide, amarre avec pied gouyave. Tortie lé dé larme i coule. Tortie i vé manze ali, i vé tié ali minme, mais li lé engaroté. Le roi i guette la fille, l’aute i guette l’aute, lé vrai !

— Quand moin la di aou le roi, ou té croi pas moin. Astère ou i oi..

Le roi i di :

— Trape Tortie foute dann verzer là-bas.

Amène là-bas, le roi artourne i di : (là i di pi Liève astère, i di missié Liève).

— Missié Liève, çaq ou la di amoin lé la vérité, té out ceval vraiment. Aou po marié avec ma fille astère !

— Mon ker la fé mal quand moin la vi Tortie lété l’amouré la princesse. Mais moin ti zène zen mi marié pas. Moin la rende aou service). Mais moin célibataire mi marce marce…

Alors là, largue ali, donne ali l’arzent bonpé, li prend pas…

Li parti, li célibataire !


- Fin du chapitre - 


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Anthologie du conte créole réunionnais
2. Liève ec bande gardien bassin

Le roi la réini toute, la di in prédication :

— Celisq la vni donne la main fouille le puis, naura d l’eau, çaq la pas ni donne la main (po Liève ça) i gaingne arpas d l’eau.

Liève en l’air :

— Moin la pas besoin d l’eau moin, mi boire la rosée.

Tortie i di :

— Le roi, ça i faut oui mette in gardien, parce de l’eau i pé sali.

— Oui, quiçaq i voudar allé faire in zardinaze dann bassin n l’eau bien prope ?

Bèf i réponde :

— Amoin lé capabe ça.

— Parce q là-bas i pé avoir malfaisant, i faut in homme fort.

— Mon roi, moin na dé lé sec, quat i pile, ène lé fou ! çaq i arrive mi donne paquet !

Le roi i di :

— Tout dbon ?

— Oui, guette ça mon dé bois sec là, si la manqué moin na quate i pile mi fou in coup derrière.

— Bin allé mounoir.

Li sava. Li arrive, i guette de l’eau bien prope. Et si lbord bassin navé in zoli ti roce plate, alors quand le roi ec son princesse, toute i visite de l’eau, i mette le pied si l ti roce bien prope là.

Bèf i dor là-minme.

Et Liève en l’air là-bas dann son carreau piquant, li veille. Li soif, li soif minme, rode qui manière li va fé po li boire boire d l’eau. Li sa partout dans le bois, trouve mouce à miel, li passe avec bombarde, tire demiel, li rempli son m ti calebasse. Li arrive en l’air. Bèf là là-minme. Li descende in ti pé si lbord :

— Ho compère béf !

— Quoué ?

— Demiel !

— Hin, mi boire pas.

— Si oui goute ça là, oua ni fou.

Bèf i di non, li boire pas. Bèf i conné i empèce ali ni là.

— Compère à cause ou lé bête comme ça ? Moin la pas besoin ot l’eau là, guette là, la rosée i brille po noye amoin, là. Mi vé donne atoué in pé d miel. Astère mon miel toué pencor vi.

— Oquilé ton miel ?

— Spère ma monte atoué.

Liève i descende ec son m ti calebasse :

« Ting ting ting mon miel là lé doux.

 Ting ting ting mon miel là lé doux »

Mais li descende là, son né la corde avec li dans son rein par derrière. Li conné i sa amarre Bèf. Li arrive dann fond. Bèf i fé comme ça :

— Hrrin !

Li trempe son doigt dans son calebasse :

— Si ti goute ça là, Bèf !...

Bèf quoça i di :

— Donne vitement.

Passe son doigt dans la calebasse, fou si la langue Bèf. Bèf comme ça :

— Rrang rang compère donne encore in pé.

Li plombe Bèf bien comme ça :

— Guette amoin compère, plaisante pas, mi aime aou, ça ot quate i pile derrière ec ot dé bois sec, ça moin la père ça, oui ! Coute bien, vaudé mié mi amarre aou, allonze atoué, après ma vide dans ton bouce.

Li arprend in ti pé d miel, li baise dans la guèle Bèf. Bèf fou la langue comme ça, encore in pé i trape ali.

— Non trape pas moin, ti oi, laisse m’amarre aou, pengar oua blesse amoin.

Bèf i vien sembe li, i di :

— Amarre !

Li dave ! Amarré à bloc !

Bèf i di :

— Donne demiel.

— Ça mon miel là, ça le cien i gaingne pas.

Fine bien amarré, Bèf i bouze pas. Li saute si l ti roce :

— Ho compère Bèf.

Bèf :

— RRRHIN !

— Mi boire de l’eau, ton roi li boire pas. L’eau mi boire mi baingne !

Li boire, li baingne. Li déranze le ti roce.

Compère Bèf :

— Tention ta fé gaingne amoin malhère.

— Malhère rienq po ou !

Li pique en l’air dann zacassi.

Bèf à terre là, grand soleil po tape ali…

Le roi i guette in coup : point n Bèf ! Li di quatre hère po Bèf po li rentré, po in aute allé, lé pencore arrivé, faut allé oir.

Çoval i di :

— M’allé.

Patacouf patacouf patacouf… Li en l’air là-bas, li guette : ala in aute i vien !

Bèf i entend çoval i vien. Li souplaingne.

— Hin hin hin hin.

— Quoué ? Quiça l’amarre atoué ? 

— Au moin quate mille soldat la ni là, quate mille soldat l’amarre moin (li la honte).

— Soldat ?

— Oui compère.

Çoval i di :

— Compère ou nana dé lé sec, ène lé fou, quate i pile, moin nana rienq dé main i pile derrière, mi fou in coup mi tié dix mille…

Fine largue Bèf, i descende :

— Mon roi, oui conné moin lé fort, premier coup la ni cinquante soldat, la demande amoin n l’eau, moin la pas vouli donné, la ni encore dé cent ec revolver sou mon nez, moin la pas vouli, la pèse amoin à terre, l’amarre amoin à terre, bin mi gardien pi…

Çoval i armonte, poutoupouf, i arrive, Coval i place ali bien. Ali, Liève en l’air :

— Oté compère.

Çoval i di ali :

— Ho !

— Bin comélà bande fort comme zot, zot i laisse bande soldat tape marmaille comme ça ?

— Bin moin lé là, moin la ni zordi !

— Tention na plein soldat ici… Compère Coval mi vé prende in ti çomin po atraverse par l’aute bord, oua laisse amoin ?

— Ah ici i plaisante pas, i passe pas là, hin !

— Oui sava in pé trop vite compère Coval, i va trop vite mi di aou, in ti çomin mi demande aou là, oui laisse pas moin passé, mi donne pas ou mon miel, hin !

— Quel miel ?

— Miel couti.

— Ah si d miel couti amène.

— Liève i di : ala mon affaire ! Liève i descende: ting !

— Quoça i sonne comme ça ?

— Mon miel ! Ting ting mon miel là lé doux.

— Donne in pé don, compère.

— Rouve ot bouce.

Gros lève Coval i fé comme ça, li la porte ça zisse dessi.

— Sorte là, compère ou nana mauvais langue comme ça ?

— Compère Liève, mauvais langue ça couyonnade, ça malhère !

— Compère, ma donne aou toute calebasse, solment m’amarre aou. Allonze aou.

Çoval pouf ! lève son dé pied, Liève ençaine son dé pied, ençaine son dé pied dvant, fou in corde zouk dann collet, réini toute avec comme i amarre coçon la çaine. Quand té fine bien amarré, li guette Coval, li lé assiré.

— Demiel oui vé, de l’eau oui donne pas !

Çoval :

— Hi hi hi hi ! hi hi hi hi ! largue amoin, dèfe amoin après ma donne atoué in ti pé d l’eau.

— Amoin dèfe atoué ? Ma monte atoué comment mi fé, oui pé allé di le roi !

Rentré dann bassin, baingné, fane in ti pé la plime si le roce, po li fé oir.

— Quand zot va rivé po défe atoué di amoin ça !

Piqué en l’air dann zacassi…

L’hère i arrive. I guette Coval, ebin i descende pas. I di allé guetté. Bèf minme i monte.

— Compère comme ça minme moin lété pris, i faut pas di quiça l’amarre atoué comme ça.

— Non mi dire arpas.

I descende zot, i arrive en bas.

— Mon roi, dé cent mille soldat, lété impossible défende azot…

Tortie i vien kolok kolok kolok :

— Amoin i sa gardien de l’eau.

Le roi i di ali :

— Toué lé fou, foulcan là-bas.

— Mon roi mi di aou laisse m’allé, de l’eau moin la parti cercé. Alors tout ça gardien i envoye la pas capabe gardien, moin lé capabe gardien.

Le roi i di :

— Trape in çabouc, fou ça dann verzé.

— Mi di aou laisse m’allé.

Et la princesse kèr tende i di :

— Mon père laisse ali allé.

Po fini li acoute son fille.

— Mon roi mi sava, donne amoin in caisse la colle zoizeau. Ma amène çaq la amarre bèf là moin, bande soldat ma amène ali.

I sava là-bas, i çauffe la colle bien çaud, barbotte si son dos, si son l’écaille.

La fé huit zour avant li arrive bord d bassin l’eau. Tortie la place ali ti roce là, la tire le roce la zeté, l’arpasse sa place.

Lève i descende.

— Ah moin la fé sié toute couyon zordi. Na point ène po gardien n l’eau. Ah guette ti roce là, guette in pé comment lé verni. Mon ti roce lé véni zordi. Là lé gaillard.

Li sauté si lti roce. Tortie i bouze.

— Quoué ti roce, ti bouze ? Zot la décale mon roce, là !

Tortie i bouze po fé prend la colle. A mesire q i bouze, la colle i colle ali minme.

— Ah zot la mette inn ti roce comme ça, lé bien zoli mais lé en couillon.

In moment donné li la compris.

Tortie i passe son ti tête sous son l’écaille, i guette ali en l’air.

— Liève zordi ou lé pris liève.

— Moin lé pris, ti largue pas moin, ma fou atoué un coup d poing ta oir.

Tortie :

— Envoye aou.

Passe in poing, son poing lé pris, li arpasse l’aute, l’aute lé pris.

— Çaq lé plis mauvais mi fou in coup d dent ta oir.

Li fou in coup d dent, baisé si la colle.

Tortie :

— Oua lé avec le roi, longtemps li attende aou.

Collé ec li. Amène ali en descendant si le dos.

Tortie kolok kolok

Le roi i mazine pi. Bassin nl’eau l’abandonné.

La fille le roi lé dans l’allée, i di :

— Mon père ala Tortie i vien. Na ène si son dos li porte. Tortie la trape in volère, lé si li, lé si son dos. Quoça moin la di azot.

Tortie :

— Mon roi ala li là, allé cerce Coval ek Bèf, ali minme l’amarre Coval ek Bèf, oua oir si di pas ou oui.

Le roi mèce bande là :

— Zot la poin la honte, in ti créole comme ça i amarre azot, zot i di soldat.

La estime Tortie.

— Trape amoin Liève amène ici, faut tié ali.

Tire liève si le dos Tortie.

Liève i di :

— Mon roi, ou na q à trape amoin par mon dé ti patte. Mon la vie lé courte. Batte à terre. Moin sar fini par là. Vot çance va resté.

La fille le kèr lé tende :

— Oui mon père, in vrai ti zène homme. Son vie lé courte, batte ali à terre.

Le roi i trape ali par son dé ti patte :

Ban !

— Merci mon roi.

Parti ! Li arrive en l’air :

— A moin là ici !

Le roi i di :

— Oui oi ti saleté là, ou !



- Fin du chapitre - 


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Anthologie du conte créole réunionnais
1. Kalandiak

Le roi la ramasse son pèpe, batte tambour. Dann son commine na point n l’eau ! Alors toute le pèpe la rivé. Le roi i demande quiça sar capable monte là haut la case bondié, demande in pé d l’eau, parce le pèpe lé po mourir d’soif. Çoval i réponde :

— Mon roi m’allé.

Çoval i monte, i arrive là haut.

— Bonzour bondié.

— Bonzour mon enfant.

— Le roi la envoye amoin ec ou, ala son pèpe lé po mourir d’soif, quoçaq i fallé faire po gaingne in ti pé d l’eau po son pèpe ?

— Mon enfant, descende pli vite possibe, di ec le roi coupe kalandiak.

— Oui bondié merci.

— Mon enfant kalandiak, hin !

— Oui bondié kalandiak.

Li descende kalandiak diak kalandi ak diak.

Li trouve in ti carreau la paille fataque bien vert. Li rente dedans, li manze plein vente. Li arrive dann cemin po li descende.

— Mais quoça bondié la di amoin ? Ala mi conné pi quoça la, bondié la di amoin ! Ma calkile in coup. Ah tamaka ! tamaka ! tamaka !

Li arrive devant palais le roi.

— Ou la réissi mon enfant ?

— Oui mon roi.

— Quoça bondié la di ?

— La di aou coupe tamaka. La di solment passe in coté tension courant n l’eau va entrène le coupèr.

Si l bord l puis nana in pied tamaka.

Alors ce puis là, quand la fé fouille ça, la invite toute le moune, toute la vni, la donne la main. Liève la pas vouli vni, li. La di li boire l’eau dann ker fataque li, emmerde pas li ec le puis.

Là astèr, le roi i di :

— Bin veille ali bien.

I sava, i coupe tamaka. Quand i coupe tamaka-là, i di porte entention hin, passe in coté. Liève en l’air dans zacassi, guette bien.

Point n l’eau ! Le roi i di :

— Çoval, bondié la zoué ec ou mon enfant. La pas coulé ! vaut pas la peine. Na mourir d faim.

Bèf i di :

— M’allé, ma oir, sémanqué la oublié.

La fille le roi i di :

— Mon père, lé vrai, sémanqué li la oublié. Bèf i di li v’allé, laisse ali allé.

Bèf i sava. Monte lancé. Li di li va gaingné, le roi va estime ali. Li arrive là bas.

— Bonzour bondié.

— Bonzour mon enfant. Bin quoça ou la ni fé mon enfant ?

— Le roi la envoye amoin mande aou, son pèpe lé po mourir, quoçaq i fallé faire po gaingne in ti pé d l’eau parce li la point.

— Bin l’autrozour moin la di l’enfant, di le roi coupe kalandiak mais solment porte entention : si lbord là, nana in pied là, di ali coupe ça. La pas le carreau par en bas ! Passe in coté. Va sorte in courant n l’eau, va tombe dans le puis, va rempli le puis.

— Oui bondié, merci.

I descende. Content li. Gaillard : Ah moin la gaingné moin la gagné !

Quand i arrive par en bas. Kalandiak, diak, kalandiak (lé bon ! ) kalandiak diak !

Talère mon frère ! avec peine i arrète in kilomète po li arrive avec lo roi, trouve in ti carreau canne ça lé bien vert… rente dedans, vidé le canne ! son vente raide.

— Quouq moin la fé mon frar ! Bin ala moin la oublié quoçaq la di. Ah la di tamaka minme !

Bourré ! Tamaka tamaka tamaka ! Li arrive devant le roi :

— Mon roi moin la gaingné !

La fille i di : Ah mon père quoça moin la di aou, moin la pas di aou Bèf va gaingné ?

Le roi i di : Na oir quand va coupé.

Ali devant, li amène, li, contentement !

— Passe in coté !

Point n l'eau !

Le roi fou ali in tape dann zoreille. Li baisse in coté.

La fille le kèr lé tende la di : Mon père frappe pas !

Le roi na son verzer là. Tortie lé plein là-dans. Na in tortie i di :

— Mon roi, mon roi.

— Quoué ?

— Mi di aou laisse m’allé.

— Allé ? Oùq ti sava ?

— M’allé cerce de l’eau moin.

— Guette amoin, foute le camp dann verzer là, hin ! Gratte ton boyo là-bas, hin ! Gros gros zhomme la parti la pas gaingne de l’eau, toué v’allé !

La fille ec son kèr tende i di ali :

— Mon père po fini ec li, laisse ali allé.

— Vien ici foute le camp.

— Mi sava moin, mon roi !

La fé in mois ! In mois !

Kokolok kokolok kokolok kokolok li monte même, kokolok.

Li manze pas goyave, li manze pa arien li. Contentement. Pauve diab, quand li va descende li va manzé. Solment li lavé bon l’esprit. Kokolok ! In mois ! Bande là en bas i di, mi di pas toué, ça la parti crevé. Compte pi si li, là.

In moment doné, li la rive là haut.

— Bondié !

— Quoça Tortie ?

— Le roi la envoye amoin mande aou in ti pé d l’eau parce son pèpe lé po mourir. In pitié d oir !

Bondié i di :

— Mon enfant, ala ou troisième i vien oir nous po d l’eau. Allé en bas di « mon roi coupe kalandiak », li va gaingne d l’eau.

— Merci mon dié, mi sava.

I conné li amise, i compte pi si li. Li desende, kotok kotok kotok kotok. Li arrive par en bas, li oi inn ti pied’ goyave rose en fé. Saute si l pied goyave, manze plein vente. Et li lavé bon l’esprit, li. Li po manze goyave là, li perde pas l mot. Mnang mnang… tiak diak. Li nam’i trangue ali, akakganagak kalnag iak diak.

Son vente té fini plein, li la pas blié.

Arrive dann cemin, dresse ali bien, lisse bien son bouce : ma guetté çaq bondié la di amoin si mi trouve va. Kalandiak dia diak kalandiak diak.

Ça son refrain, ça !

In mois ! Talère lavé in mois et dmi !

Boum !

La fille té po guetté i di :

— Mon père ala Tortie. Tortie.

— Mi croi ou té fini crévé, Tortie !

— Mon roi, ala moin là, ou la gaingne l’eau zordi, à flot…

— Quoça la di aou Tortie ?

— La di aou coupe kalandiak.

Le roi i di :

— Bin ala troisieme !

— La pas d troisieme, moin q i cause ec ou, Tortie i cause ec ou !

Le roi i vé pas allé.

— Mon roi pisq mi di aou, amoin Tortie mi sa gaingne d l’eau.

Le roi i di :

— Allé, trape la hace.

I sava.

Bande là po coupe debois, li passe in coté comme ça.

— Kolok kolok, sorte azot arkile, d l’eau i sa coulé là, arkile !

Le roi là bas race son cévé, paré po bite ec li. Foute in coup d hace, fou à terre in kalandiak.

De l’eau, fouar !

— Merci Tortie (i di pas merci bondié là !), merci Tortie, merci Tortie !

Tortie i fé comme ça, i di :

— Oui ou lavé confiance gros gros zhomme là, amoin ou la vouli caloté. Ou la gaingne de l’eau. Encore la pencor fini. Liève po veille anous en l’air là, talère po boire de l’eau.

Le roi i réponde :

— Naura gardien po li.

Fini viré tourné, ramasse tortie, mette dann sofa. Tout cq lé pli meillère i donne Tortie.

Et li, Liève là, li vien fé in ti visite l’allée le roi. Li oi Tortie dann sofa. Li lé zalou li là : ma trape atoué talère !



- Fin du chapitre - 


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Anthologie du conte créole réunionnais
0. Avertissement

L’anthologie du conte créole réunionnais ouvre à ces imaginaires insoupçonnés où le langage tient le réel à distance, tout au moins le langage éloigne le réel de ce qu’on nomme un ailleurs du sens. Ce qui s’avère alors le réel, c’est le fantastique, le merveilleux, l’impensable qui n’exclut pas une certaine violence dans les mots et les événements quand il s’agit de contes. Cette violence pourrait choquer les lecteurs, même si elle n’est pas le seul fait du conte, elle est présente aussi dans la poésie et le roman réunionnais, autour de la thématique de l’esclavage et du marronnage, de la misère et de l’exil en métropole.

Aujourd’hui, nous aurions tendance à stigmatiser cette violence.

Cependant, dans Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim présente à juste titre les contes comme un héritage culturel. Il affirme deux choses importantes : « La vie réelle n’est pas que soleil », et la violence, l’enchantement, le dualisme, le dilemme œdipien, le mensonge, la méchanceté, l’angoisse de séparation, la trahison, « tout en divertissant l’enfant, l’éclaire sur lui-même et favorise le développement de sa personnalité. » À présent que le conte fait partie du patrimoine immatériel de l’humanité, il ne viendrait à l’idée de personne de mettre en doute son utilité à servir de guide à l’enfant. C’est un fait acquis. Nos traditions orales nous offrent une richesse culturelle unique à partager avec le monde, d’où cette anthologie qui répond à un véritable besoin.

Initié par la Dac de La Réunion et réalisé par l’Udir, ce projet éditorial remet nos contes au goût du jour et participe à la revalorisation de la langue créole qui joue un rôle fondamental dans la construction de notre identité.

Traditionnellement le conte est mystère, même si le sens des textes change au fil du temps. Si la voix du lecteur ne s’entend pas, celle du conteur ou du rakontèr zistoir enchante l’oreille par la métamorphose du souffle. Donc, il appartient aux conteurs d’adapter chaque conte à la scène. De fait, nous avons reproduit les contes dans leur graphie d’origine, sans rien modifier non plus quant aux vocables et à la syntaxe, quitte à ce qu’on fasse un indispensable effort de lecture pour se les approprier. Une telle approche montre que la marche vers une graphie officielle de la langue créole réunionnaise s’inscrit dans le temps et ne peut être que le fruit d’une longue réflexion. Entre la graphie des contes anciens et les graphies proposées ensuite par Lékritir 77, KWZ ou Tangol, on remarquera des différences notables.

En 2003, Daniel Honoré propose une graphie phonologique pour lire le créole : un signe correspond à un son et tout signe se prononce (sauf le « e » muet à la fin de certains monosyllabes). Le souci de respecter les différences de prononciation selon les régions géographiques et les milieux socio-culturels l’a amené à adopter les propositions de la graphie Tangol ou 2001, mais en les simplifiant.

ä peut se lire a ou an : käne, kane ou kann

ë peut se lire é ou eu : sër, sér, seur

ï peut se lire i, u ou ui : plï, plu, plui

ö peut se lire o ou on : döne, done, donn

sh peut se lire s ou ch : soz, shoz

gn peut se lire gne ou ye : guingn, guingne, guinye

Pour une lisibilité plus grande, Daniel Honoré a choisi également de doubler le « s » final de certains monosyllabes ou d’ajouter un « e » muet. Exemples : « pass » au lieu de « pas » et « danse » au lieu de « dans ». Il a ajouté aussi un « e » muet à certains monosyllabes terminés par un « t » quand ce dernier est précédé d’une consonne. Exemple : « porte » au lieu de « port ». Ces précisions sont importantes, car si la langue créole est parlée par plus de 80 % de la population, seul un petit nombre de Réunionnais parvient à lire facilement la langue écrite. En effet, apprendre à lire le créole est une étape incontournable, car c’est une vraie langue qui possède déjà une riche littérature : fables, poèmes, contes, pièces de théâtre, romans, récits, nouvelles, livres pour la jeunesse.

Dans ma préface au livre d’Aude-Emmanuelle Hoareau, Concepts pour penser créole, j’ai écrit ceci : « Avec les tentatives d’aménagement et de standardisation d’une orthographe (Lékritir 77, 1983, 2000, etc.), voire d’une écriture normalisée en langue créole, les écrivains n’ont cessé d’écrire en créole ; les chanteurs n’ont cessé d’écrire et de chanter en créole ; les conteurs n’ont cessé de conter en créole ; les hommes de théâtre n’ont cessé d’écrire et de jouer des pièces en créole. Parce que la langue créole véhicule une pensée, une culture, une histoire, un avenir, depuis des dizaines d’années on l’étudie pour l’écrire, pour l’enseigner, pour publier des dictionnaires, des grammaires, des manuels scolaires – et pour en faire une langue à part entière. »

Si la littérature donne à la langue créole ses lettres de noblesse, les contes créoles traditionnels sont porteurs d’un univers qui n’a pas fini de nous enchanter, notamment avec ses valeurs ancestrales. Ils nous offrent aussi une prise de conscience, une esthétique, une nouvelle manière de penser créole, et que les idées progressent, et que l’homme avance avec le monde vers l’acceptation des différences, vers plus de lumière.


Jean-François SAMLONG


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