Mission Mermaid - Déferlement
Autrice auto-éditée : Angélique CADET
ISBN : 978-29-59 172-80-9
Mis en ligne par | Lectivia |
---|---|
Dernière mise à jour | 06/09/2024 |
Temps estimé de lecture | 2 heures 38 minutes |
Lecteur(s) | 6 |
Partager ce cours
Partager le lien
Partager sur les réseaux sociaux
Partager par email
Veuillez s'inscrire afin de partager ce Mission Mermaid - Déferlement par email.
Chapitre 56
Une alerte retentit soudain.
— Qu’est-ce qui se passe ? demandais-je à Elma.
— Himaya est en danger ! Eragot a déclenché d’alarme ! L’Oracle nous prévient d’une attaque imminente, panique Elma. Je vois les ondines évacuer les enfants, Ilana escorter les créatures fragiles hors du royaume. Une petite armée de sirènes et d’ondines se forme rapidement autour du palais. J’aperçois
au loin une créature géante dotée de nombreux tentacules.
— Le kraken ! s’exclame Elma.
Il y a une différence entre voir les guerres à la télé et s’y trouver confrontée en réalité. Tout se déroule au ralenti, pas de musique dramatique, pas de gros plan, juste un foutu bordel. On sent son cœur battre au point d’exploser. Pendant un instant, on est absent, déconnecté de la scène.
On a même le temps de se dire : « Mais qu’est-ce que je fous là ? »
***
Le gardien vient vers nous pour m’éclairer avec sa lampe torche et nous interrompt :
— Hey, petite ! Il est tard, tu devrais rentrer chez toi.
— OK…, acquiescais-je.
Ne t’inquiète pas, je reviendrai bientôt. Promis ! Je te cueillerai des fleurs du jardin de mamie.
— Alia ! crie quelqu’un près du portail.
Le gardien l’éblouit avec sa lumière. Mais… Qu’est-ce qu’elle vient faire ici ?!
- Fin du chapitre et de l'histoire -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Nous arrivons sur une grande place animée par des milliers de poissons. Je constate différents aspects : certains sont immenses, longs, larges, aplatis, décorés de motifs rayés, pointillés, tachetés… D’autres sont difformes et effrayants. Je remarque aussi des créatures lumineuses, des hippocampes géants qui nagent à travers les coraux. Face à moi se dressent cinq grandes statues, dont quatre sirènes et un humain. On dirait qu’elles ont toutes le même visage… Encore un mystère.
J’interroge Elma :
— Ce sont des sœurs ?
— Oui. Victoria, symbole d’amour, Daphnée, propageant la fertilité, Éléanor, inspirant la force, Eileen, la bonté, et la dernière…, s’interrompt-elle en pointant la dernière statue de forme humaine.
Elle sourit et reprend :
— La dernière, nous l’avons nommée Esmée. En elle, nous voyons l’espoir. Ce sont les sœurs fondatrices. La légende raconte qu’elles étaient les premières sirènes. Mais Esmée avait des jambes, elle a dû grandir auprès des hommes.
Waouh…
— Nos histoires se ressemblent tellement ! Des sœurs séparées par leurs différences pour vivre dans deux mondes opposés. Complètement dingue !
Troublée, j’observe Elma. Elle me ressemble, mais elle n’est pas moi. Elle est belle, douce et dégage un truc, comme une énergie. Avec elle, je me sens en sécurité. J’ai un sentiment de bien-être extrêmement puissant. Comment l’expliquer ? J’ai eu l’impression toute ma vie d’attendre quelque chose, sans trop savoir quoi. L’évidence se trouve sous mes yeux. Elle est ce que j’espérais depuis toujours. Tout ce temps, elle était là, cachée sous l’eau. Je commence à comprendre pourquoi l’océan m’attirait autant. Je me sens tellement entière lorsque je plonge dans l’eau. Chaque nuit lorsque je nageais, je me sentais étrangement liée à ma sœur.
— Dépêchons-nous, ils nous attendent ! ordonne Elma.
— Qui ?
— Le Conseil ! répond ma sœur en s’éloignant à toute vitesse en direction de la plus grande tour du château.
***
J’entre timidement dans une pièce gigantesque et somptueuse.
Des coraux blancs créent de grands murs, arrondis vers le plafond, et aux reflets bleu vert. Je m’y sens minuscule. Je lève la tête et découvre un grand trou au plafond, qui forme la seule fenêtre pour éclairer le lieu. Je me retrouve nez à nez avec trois personnes autour d’une table ronde : une sirène, une ondine et une étrange créature verte et poilue. Cette dernière me regarde bizarrement, avec son unique œil, et ressemble plus ou moins à un vieil extraterrestre.
Je cache discrètement la brosse dans mon dos.
— Nous t’attendions. Assieds-toi, Alia Grondin du monde des hommes, annonce une sirène.
Elle a de longs cheveux blancs, un regard bleu clair, et sa queue de poisson verte s’agite sous mes yeux.
— Bonjour… Euh…, bafouillais-je, terrifiée.
— Je me présente. Je suis Hannah, présidente du Conseil du royaume d’Himaya. Voici Maria, ondine chargée de la garde du palais. Eragot, l’Oracle. Et enfin, tu connais déjà ta sœur, Elma, notre fidèle messagère.
Je bégaie et n’arrive plus à placer un mot après l’autre.
— Hum… je… euh…
— Nous t’avons convoquée au sujet de ton amie, Iris.
— Iris est ici !? m’écriais-je.
— Elle a été victime d’un terrible enchantement. Nous ne pouvons pas la soigner. Mais nous pensons que quelqu’un d’assez puissant peut la sauver, m’explique Maria.
— Un enchantement ?
— Notre royaume a été bâti par quatre sœurs que nous appelons les sœurs fondatrices. Lorsqu’Himaya fut menacé, elles se sacrifièrent pour nous protéger. La légende raconte que la plus jeune, Esmée, est la seule survivante. Elle vit sur Terre. Esmée est la seule à pouvoir sauver ton amie, déclare Hannah avec fermeté.
— Comment... Mais… euh… Vous voulez que je retrouve cette guérisseuse ? balbutiais-je.
— Je l’ai vue. Vos destins sont fortement liés, déclare l’Oracle en me prenant la main.
Je fronce les sourcils et recule brusquement. J’ai du mal à tout comprendre. Tout cela est bien réel ? Ils se trompent de personne ! Moi retrouver une sorte de… DÉESSE disparue ? Je me sens complètement perdue.
Et Elma, je n’arrive plus à la quitter des yeux.
— Où se trouve Iris ? suppliais-je.
— Je t’accompagne, me répond Elma.
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
Je repense aux fées, serre fort ma brosse magique dans la main gauche et ferme les yeux.
Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un.
JE RESPIRE ! Je m’esclaffe en réalisant que je peux respirer sous l’eau. Mon poignet me brûle toujours autant. Je me demande si je peux aussi parler.
— Elma ?
Je sursaute en entendant ma voix.
— Oui ?
Je bloque instinctivement ma respiration. L’effet est immédiat, je me sens défaillir.
— Alia, tout va bien. Tu dois lâcher prise. Respire ou tu risques de t’étouffer bêtement.
Je place une main sur ma poitrine pour sentir mon cœur battre. Je suis toujours en vie.
Respire. Tu peux le faire. Tout va bien, Alia. TU PEUX PARLER SOUS L’EAU !! Truc de fou !
— Où… hum… euh… où allons-nous ? demandais-je enfin soulagée.
— Au royaume d’Himaya.
— Iris se trouve là-bas ?
— Oui, suis-moi, par ici, m’indique-t-elle en traversant un genre de cercle d’énergie puissant.
Nous arrivons devant un immense palais en pierre. Les détails sont impressionnants. La tour centrale est recouverte de mosaïque bleue, verte et violette, on pourrait presque la confondre avec un tourbillon. Un paysage à la fois beau, mais effrayant !
Autour, j’aperçois une ville qui s’étend à perte de vue. Des milliers d’habitations construites à base de coraux et de plantes aquatiques fluorescentes offrent un cadre spectaculaire. Au-dessus des maisons, de grosses sphères blanches suspendues rayonnent comme des ampoules magiques. J’avance avec prudence, croise un ensemble de créatures ressemblant à des sirènes ou des ondines. Elles partagent naturellement l’espace avec les poissons.
Je sens une piqûre sur ma cheville, ce qui me stoppe net.
— Aïe !
Je baisse la tête et recule vivement.
C’est quoi, ça !?
Devinant ma question muette, Elma chuchote :
— Ce sont des polirepmonts. Ils peuvent se montrer un peu agressifs, parfois.
J’observe ces petites bestioles vertes se tenir en file indienne sur plusieurs mètres. Elles ont la taille d’un petit crabe et je soupçonne que les antennes qui sortent de leur tête sont la cause de ma douleur. Une centaine de petits yeux se posent sur moi et je remarque que ces petites choses n’ont qu’un œil entre leurs deux antennes, ainsi que trois grandes pattes d’araignée.
— Ils ne sont pas très…
— Chuut… Ils sont très susceptibles, m’interrompt Elma.
Ils sont bizarres, mais pas si méchants. Ils reprennent leur route dans une démarche folklorique, toujours en rang.
— Où vont-ils ?
— Les polirepmonts viennent des eaux les plus profondes. Ils partent alimenter les linns à la tour des Lumières. Tu vois ces grosses boules scintillantes qui éclairent la ville ? Ce sont des linns.
— Waouh…
Je sens des chatouilles sur ma jambe. Oh, un polirepmont s’est accroché à moi ! Je tends les mains et il vient s’y poser calmement.
Ne me pique pas, s’il te plaît !
Il incline la tête gentiment. Je pose un doigt sur sa petite carapace en velours. C’est doux. Je le repose par terre.
— Retrouve ton groupe ! l’incité-je mielleusement.
Le petit animal s’en va dans une cadence rythmée. Ces petites choses se déplacent comme pour une parade.
— Regarde là-bas. Tu vois la grosse masse noire derrière les algues ? C’est Kyléa. On l’appelle aussi la « baleine noire égarée ». Contrairement aux autres baleines du monde, elle peut respirer sous l’eau. Elle ne remonte à la surface qu’une fois par an, un soir de pleine lune. Personne ne sait vraiment pourquoi, même pas l’Oracle. Mais Kyléa veille sur les polirepmonts et au bon fonctionnement de la tour. Tu la vois ? La tour est juste derrière la baleine, elle est recouverte de plantes et de coquillages blancs. Elle transfère l’énergie des polirepmonts et la transforme en linns.
Je suis totalement fascinée. Les sons deviennent beaucoup plus clairs et j’ai l’impression d’entendre le bruit du courant et des poissons. Je m’habitue au sel de la mer qui s’engouffre dans mes narines sans pouvoir atteindre mes poumons.
Quoique… le goût de sel qui reste dans la bouche est un peu gênant, mais je suppose qu’à force on doit s’y faire.
— Himaya signifie « Protection infaillible », précise Elma. Les plus belles créatures de l’océan se cachent donc ici…
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.
J’arrive essoufflée à la petite plage. Je cale mes affaires entre les racines de deux arbres, en face de la mer. Je mets les pieds dans l’eau et trempe doucement la brosse dans le courant de l’eau. Au bout de plusieurs secondes, toujours rien.
— Iris ! Iriiiis ! m’époumonais-je.
Je sors ce cri de détresse, de souffrance. Je veux qu’elle revienne. Je donnerais ma propre vie. J’ai si mal. J’ai besoin de mon amie, je voudrais qu’elle soit là, maintenant.
Je plonge, nage un moment et retourne sur la plage. Impuissante, je m’assois là où le sable est mouillé. Je m’abandonne désespérément au lieu, au bruit des vagues, au chant des oiseaux dans les arbres. Mon cœur se nourrit d’espoir et je sais qu’ici l’impossible devient possible.
Je prends une poignée de sable épais et réalise l’infinité des grains, ici et à travers le monde. Le soleil se couche à l’horizon. L’océan est vaste, sublimant le paysage. Je me demande pourquoi les gens ne prennent pas le temps de venir se poser pour contempler un tel spectacle. Les plages devraient être remplies, chaque jour, chaque heure, chaque minute même. L’océan est si beau. Si le monde pouvait le voir comme moi, peut-être serait-il meilleur.
Je tourne la tête de droite à gauche, personne aux alentours. Il commence à faire nuit, mes yeux s’habituent à l’obscurité. Je perçois les fragments de coquillages et de coraux glisser entre mes doigts. Je préfère l’infiniment petit à l’infiniment grand. J’aime me sentir puissante face à un monde dont je ne comprends pas les règles.
La mer s’agite, la marée monte, le ciel se couvre. Je le sais, je le sens dans l’air comme quelque chose d’inhabituel. Je me redresse et aperçois une silhouette au loin sortir de l’eau. Iris ?
— Alia…
— Je t’attendais, dis-je, avant de réaliser que ce n’est pas Iris.
— Suis-moi.
— Je… tu es…
Je m’approche de la créature craintive.
— Mais comment est-ce que… c’est… ? J’ai le tournis.
Respire, Alia.
Je m’écroule sur le sable. Je n’en crois pas mes yeux. Mon cœur se révèle être un puits dans lequel j’ai l’horrible sensation de tomber. La chute est vertigineuse. Sans même ouvrir la bouche, tout mon être se met à rugir. Depuis toutes ces années, le puits renfermait un ouragan monstrueux. J’ai la tête qui tourne, prête à m’évanouir. Je percute de plein fouet chaque paroi de brique qui réveille ces souvenirs enfouis que j’ai tenté désespérément d’oublier. Chaque Noël, chaque anniversaire, chaque repas de famille, toutes les soirées pyjama. Chaque moment où j’ai tellement rêvé qu’elle soit près de moi.
Le puits est en train d’exploser. Je suis en sanglots, j’ai trop longtemps retenu mes larmes. Mais c’est elle. J’ai l’impression de me regarder dans un miroir. Ça ne peut être qu’elle, Elma, ma sœur. J’ai retrouvé ma moitié. Elle a le même le visage, les mêmes cheveux, le même regard et pourtant je la trouve plus belle que moi. Sans même la connaître, en voyant la douceur de son regard, je ne peux que l’aimer.
Elle est revêtue d’algues qui camouflent l’ensemble de son corps et j’essaie de trouver sa cicatrice identique à la mienne. Et elle a… Une queue de sirène ! Incroyable !
— Tends-moi la main, n’aie pas peur…
Je m’exécute sans hésiter. Elma enveloppe mon poignet avec une algue qui a l’air vivante comme des serpents gluants. L’étrange texture crée une fente dans ma peau et s’y incruste.
— De l’oxoriphorbe. Tu risques d’avoir un peu mal, mais tu pourras respirer sous l’eau, déclare ma sœur.
Je ne ressens pas l’impact de sa peau sur la mienne et je comprends alors qu’elle est une ondine, comme Iris. Enfin, plutôt une ondine-sirène. Elle est unique. Je n’ai pas peur, la laisse faire et ne retire pas ma main. Mon poignet me brûle atrocement. Elma le trempe dans l’eau pour nettoyer la plaie, je perds un peu de sang. Mes veines sont noircies et gonflées, ça picote, mais j’en fais abstraction.
Je la suis sous l’eau. Elle nage devant moi, tout en s’illuminant. Un spectacle fabuleux ! Je retiens encore ma respiration, dans le doute que l’oxoriphorbe ne fasse pas son effet tout de suite ou même pas du tout. J’ai du mal à lâcher prise.
***
Si on te disait que tu as le pouvoir de voler, tu sauterais d’un immeuble sans réfléchir ?
- Fin du chapitre -
Tous les contenus du site internet de Lectivia sont protégés par la loi sur les droits d'auteur. L'utilisation, le partage ou la reproduction de toute partie du contenu sans l'autorisation du titulaire du droit d'auteur ou des ayants droits ou de Lectivia sera punis par la loi en vertu des règlements sur la violation du droits d'auteur et la propriété intellectuelle.