Les Brouillons Interdits

Les Brouillons Interdits

Editeur : Ozril Editions

Auteur : Catherine Coulombel

Couverture : Les Ailes de l'Océan Edition

ISBN : 978-2-487542-03-7

Description : 
« J'ai besoin d'être seule. Je reviendrai quand j'irai mieux... »

Ce sont les derniers mots qui restent à Franck après la soudaine disparition de sa femme. Comment expliquer à sa fille, Audrey, que sa maman ne rentrera pas ce soir, ni demain, ni peut-être jamais ?

Comment annoncer ça à sa famille ? À ses amis ?

Dans ce roman poignant, colère, incompréhension et culpabilité se mélangent. Tout comme les voix des personnages, pour venir démêler le fond d'une existence, celle d'Alice, partie sans un bruit.

Quand on écrit sa propre histoire, les brouillons sont interdits...

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Mis en ligne par Lectivia
Dernière mise à jour 11/10/2024
Lecteur(s) 4
Français Débutant(e) Tranche de vie
ALICE
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Les Brouillons Interdits
Partie 3

Elle est là, Audrey, dans les bras de Clara. Aujourd’hui, 27 janvier 2000, elle a quitté mon ventre douillet et est venue « au monde ». Le fruit de mes entrailles, ma fille. Je m’affole sans comprendre pourquoi. Hier encore, nous étions deux et nous voilà trois. À tout jamais. Je suis sa mère. À elle et aux yeux de tous. Elle qui n’a rien demandé, elle est ma fille, notre fille, à Franck et moi. Clara, Saïd, Franck et moi étions quatre inséparables et désormais nous serons cinq. Cinq, comme les doigts d’une main. Clara a accepté d’être la marraine d’Audrey. Pas celle du catéchisme, pas celle de la morale chrétienne, mais celle du cœur, une marraine laïque et féministe.

– Elle est belle votre fille ! Tu lui ressemblais, bébé ?

– Ah pas du tout ! Moi je louchais, je n’avais pas de cheveux, j’étais maigrichonne et j’avais une vilaine peau.

– Quel tableau ! Tu n’exagères pas ?

– Non, je t’assure Clara. À la naissance de mon frère toutes les fées étaient conviées, mais pour moi, trois ans plus tard, elles n’ont pas daigné revenir. Il restait quelques sorcières et tu vois le résultat.

– Je ne te crois pas. D’accord, Maxime est canon, mais toi tu as tellement de charme ! Tu te vois toujours comme le vilain petit canard ?

– Toujours.

– Tiens ! Elle ouvre les yeux. Coucou Audrey ! Moi, c’est Clara. N’écoute pas les bêtises de ta maman, ma chérie, viens avec moi ! Je peux la prendre un peu, tu permets Franck ? Que je commence son éducation féministe.

– Oh là ! Elle est née il y a à peine… vingt-deux heures, c’est pas un peu tôt pour être féministe ?

– Jamais trop jeune pour bien faire ! N’écoute pas ton père non plus ma chérie. Un vrai macho celui-là ! Viens dire bonjour à Saïd, c’est le meilleur.

– Franck, prends-les en photo s’il te plaît.

Une photo et la vie se fige un instant. Dans cette chambre du service maternité.

– Vous vous rendez compte, elle est née avec ce nouveau siècle.

– Qui n’est plus le nôtre.

– Qu’est-ce qu’il inventera ?

– Et de quoi se débarrassera-t-il ?

Nous voilà pensifs. Je frissonne. La vie à venir… L’à-venir d’Audrey, qui peut le deviner ?


*


Audrey dort. Elle est allongée sur le dos dans sa grenouillère, les jambes un peu arquées. Elle bouge et gémit dans son sommeil. Quelles images défilent dans sa tête ? Quels rêves viennent la déranger ? De quoi peut-on avoir peur si petit ?

J’effleure son visage. Elle grimace et ça me fait sourire. Je referme la porte de sa chambre doucement.

Je vide le lave-vaisselle, fais un peu de rangement, consulte les mails, monte le chauffage. J’ai froid. Je regarde les infos sans vraiment les écouter. Je m’assoupis.

Je me réveille en sursaut. Audrey pleure. Je la sors de son couffin et la berce contre moi. J’enfouis mon nez dans ses cheveux, qu’elle a drus et noirs comme son père. Elle sent la sueur et le lait de toilette mêlés. Toute sa chambre est imprégnée de ce parfum. Elle se calme, dodeline de la tête et se rendort paisiblement.

Franck rentre tard. Il était en déplacement à Paris :

– Ça a été, Audrey ? Elle a bien mangé ? … Super ! Il fait chaud, non ? Alice, il fait vingt-trois ! … C’est pas très bon pour les bébés les températures élevées. Ma mère a une théorie là-dessus…

– Le dîner est prêt.

– Désolé chérie, je voulais te prévenir, mais j’ai oublié. On a mangé au restaurant avec toute l’équipe pour ne pas perdre de temps. Ah oui ! On fait les réunions sur le temps des repas, mais ça m’arrange. Sinon je ne sais même pas à quelle heure je serais rentré… Ils ont de bonnes idées au siège, mais il va falloir les appliquer maintenant, ça, c’est une autre histoire. Rentabilité, rentabilité ! D’accord, mais ils oublient un peu vite qu’il y a des hommes derrière les économies drastiques et que mon équipe n’est pas des plus faciles…

À Hambourg, deux boîtes à bébés viennent d’être mises en service. Des femmes, ou des jeunes filles, presque des enfants elles-mêmes, peuvent y abandonner leur nouveau-né. Comme on le faisait au pied des églises autrefois. Des boîtes à bébés… J’étais en train de faire ce cauchemar cet après- midi, quand Audrey a pleuré : j’abandonnais ma fille dans une boîte de conserve.

– Alice ! Je suis en train de te parler et tu te barres !

– Je vais voir si Audrey dort…

– Mais oui, elle dort ! Tu crois qu’elle danse sur son lit ou qu’elle fume un joint en cachette ? Qu’est-ce que tu es inquiète !


*


– Clara a appelé ce matin. Alanis Morisette passe au Parc des expos dans un mois. Elle m’a demandé si ça nous intéressait d’y aller. Ça te fait envie Franck ?

– C’est le week-end ?

– Samedi soir.

– Ce serait génial de sortir à nouveau tous les quatre, ça fait un bail.

– Oui, c’est ce que je lui ai répondu. Mais il y a Audrey maintenant.

– On peut l’emmener passer la nuit chez tes parents ou les miens ?

– Ah non, on ne l’a jamais fait.

– Justement, ce sera la première fois.

– Non ! Je préfère qu’elle reste ici, dans un endroit qu’elle connaît bien. Ce sera moins compliqué, il y a tout sur place, je suis sûre de ne rien oublier. Je vais demander à maman si elle peut venir. Ou bien Élodie ?

– T’affole pas, c’est juste pour quelques heures.

– En quelques heures, il peut s’en passer des choses avec un bébé. On n’est jamais assez prudent.

– OK chérie… Comme tu veux. Si tu es complètement rassurée, on profitera mieux de la soirée !


*


– Franck, tu as entendu les déclarations de Jean-Claude Méry à propos de Chirac ?

– Oui, Clara. Encore doit-il apporter des preuves… La calomnie, ça ne suffit pas.

– J’ai l’impression que ça ne sent pas bon cette affaire.

– On verra.

– Toujours indéboulonnable, hein ? Ton Chirac !

– « Mon » Chirac, mais non ! Tu connais mon opinion, Clara. La cohabitation, ça ne marche pas. Un président de droite avec un gouvernement de gauche, c’est bâtard. Alors tous les coups sont permis, surtout les plus tordus.

– Et la réduction du mandat présidentiel, tu en dis quoi ?

– Tout à fait d’accord !

– Et toi Alice ?

– Oui, oui…

– Eh bien, fêtons ça ! Pour une fois qu’on est tous les quatre au diapason au sujet de la politique ! On a aussi une bonne nouvelle à vous annoncer qui concerne Saïd.

– Je viens enfin de signer mon premier CDI.

– Super !

– Il était temps qu’ils officialisent notre longue histoire d’amour. Je leur avais fait comprendre que j’allais divorcer si rien n’évoluait.

– Tu aurais démissionné ?

– La mort dans l’âme. Tu connais mon attachement à Arobase Paris. Je pense qu’on fait du bon boulot et qu’il y a de beaux jours devant nous, vraiment. Mais j’en avais marre qu’on change l’intitulé de mon poste tous les six mois, juste pour contourner la loi et me maintenir en CDD.

– T’as raison !

– Et toi Clara, ton nouveau job ?

– Je prends mes marques. C’est gros Delmas. Mais ce sera toujours mieux que Carrefour. J’en ai soupé de la grande distribution. Et puis je suis contente de revenir au Havre. Je passe devant l’E.I.C.H. tous les jours, moi. Ça me rappelle notre jeunesse.

– On n’est pas si vieux quand même.

– Non, mais n’oubliez pas que nous avons fêté nos vingt ans là-bas. Et après vingt ans, on vieillit. C’étaient des années cool. J’ai poussé quelques gueulantes, mais on ne m’en a pas tenu rigueur. Fallait argumenter pour dépoussiérer cette vieille dame. En tout cas, grâce aux stages, j’ai vite réalisé qu’il y a des boulots que je ne ferais jamais. Ça m’a plu. Vous aussi non ? Saïd ?

– J’étais un étudiant parmi les autres. On m’a enfin laissé en paix. C’était la différence notable avec ce que j’avais connu au lycée, au délit de sale tête, aux soupçons en tous genres sur ma nationalité, sur mes origines.

– Toujours aussi modeste ! Tu as fini major de la promo, tu étais le meilleur, pas un étudiant parmi les autres. Saïd Hamlaoui, je suis sûr qu’ils s’en souviennent encore, alors que si tu dis : « Franck Piétrowitz », ils doivent froncer les sourcils. « C’est qui celui-là ? Connais pas. »

– Pas étonnant avec le nombre de cours que tu séchais !

– Franchement, c’était très inégal les cours à la « Lèche », comme je disais pour plaisanter. Deux, trois profs pas trop mal ? Le reste vraiment chiant ! Ça sentait le renfermé. Bon, c’est vrai, j’ai séché tout ce que je pouvais sans me faire virer. Et puis leur diplôme… si je n’avais pas eu le carnet d’adresses de mes parents, je serais encore en train de chercher du boulot.

La conversation roule et rebondit. Entre Franck et Clara, c’est souvent comme dans une partie de ping-pong. D’un argument à un autre, ils s’amusent à marquer des points. Le set se termine ? Ils entament la revanche, vont jusqu’à la belle s’ils sont en forme. Parfois ça tient plutôt du poker, ils bluffent et dévoilent leurs cartes petit à petit. Saïd les tempère. Et ça se termine généralement par un éclat de rire.

L’E.I.C.H, personne ne me demandera maintenant comment je m’y suis sentie, mais j’aurais pu répondre que j’y ai vécu les meilleures années de ma vie. Oui, les meilleures. Est-ce que ça les aurait étonnés ? Tout y était si simple. Une bulle d’oxygène. Cours, stages, examens, aucun souci. J’ai travaillé, j’ai réussi, j’ai été diplômée. Simple et à ma mesure. Après, il a fallu se vendre. Je n’ai jamais su. C’est trop compliqué de répondre du tac au tac à des questions tordues, de déjouer des pièges en restant naturelle, je bredouillais, je rougissais, j’étais trop timide ou pas assez confiante ou entre les deux…

Pour arrêter de m’infliger ces entretiens qui ne menaient à rien, j’ai proposé à Franck : « Si nous avions un enfant ? » et le mois suivant, j’étais enceinte. Franck travaille tellement ! Heureusement que je suis là pour m’occuper de notre bébé. Finalement, élever un enfant s’avère bien plus contraignant qu’un CDI. Cet « emploi » absorbe la totalité de mes journées et une partie de mes nuits. Pas de jours fériés, ni de vacances. Improvisation constante, prise d’initiative, ajustements, décisions dans l’urgence sont les compétences que je développe quotidiennement sans aucune formation préalable et pas la moindre rémunération. Et sans y gagner ne serait-ce que l’estime de la part de ceux qui m’entourent. Quand nos amis parlent ensemble des joies ou des soucis liés à leur travail, personne ne s’enquiert de mes activités domestiques ni de ce que je fais avec et pour Audrey, heure après heure. Je suis devenue « mère au foyer », exclue du monde économique, donc quantité négligeable. Mes diplômes ? L’E.I.C.H. ? Rien que de vieux souvenirs.


*


« Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire, Audrey, joyeux anniversaire ! Elle a l’air contente. Ça lui passe complètement au-dessus de la tête à mon avis. Elle ne va pas tarder à s’endormir, non ? Tu l’as changée ? On dit qu’on fête ses un an, c’est bizarre, non ? On devrait dire “son un an.” C’est pas faux ! Oh là là ! Les discussions d’intellos ! À toi papa. Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire, Patrice, joyeux anniversaire ! Toi, tu peux souffler tout seul, on n’a pas besoin de t’aider. Soixante-trois bougies, heureusement que vous ne les avez pas toutes mises sur le gâteau, ça aurait été un vrai carnage. Tu les as eues à Monoprix les bougies en chiffres, comme je t’avais dit ? Il est super bon ce moka. C’est pour toi papa, on sait que c’est ton préféré. Oui, on se sacrifie une fois par an, on mange de la crème au beurre au café alors qu’on déteste ça, rien que pour te faire plaisir ! »

« C’est normal, petit morveux, moi je t’ai torché le cul un paquet d’années, tu peux bien me faire plaisir à ton tour. Toujours aussi poète Patrice. Jeanne, vous me connaissez maintenant, on ne se refait pas, ce que j’ai à dire je le dis. »

« Arrête de me prendre en photo, j’aime pas. Élodie et Maxime, un sourire ! Alors, ça vous tente pas de faire un bébé ? D’abord on se marie. Ah ah ! Ça se précise. Les jeunes s’en foutent du mariage aujourd’hui et ils ont bien raison. On se marie et puis zou ! On divorce deux ans après, ça rime à quoi ? Autour de nous, c’est l’hécatombe, on entend parler d’une séparation ou d’un divorce par mois. On se quitte pour un oui, pour un non, une broutille. Tant qu’il n’y a pas de gosses ! »

« Excusez-moi, j’ai des problèmes de digestion. C’est dégoûtant, papa. Un rototo, pour Audrey on s’extasie et pour moi on s’offusque. À un an, c’est pardonnable. Moi aussi j’ai eu un an. Mais vous avez grandi depuis Patrice, du moins on l’espère. Maxime, tu peux servir à boire, s’il te plaît. Mollo ! Si y a un contrôle ce soir sur la route, on est bon ! Qui veut de l’eau ? De l’eau ? Ça fait rouiller les articulations, pas vrai Jeanne ? »

« Ça marche bien votre nouveau salon Isabelle ? On ne se plaint pas. Vous ne l’avez toujours pas visité Jeanne. Non, j’aimerais bien, mais je suis débordée. Et vous Ludovic, le travail ? La dernière passion de mon mari, ce sont les implants. Il est devenu agriculteur ? Ah ah ! Non, non, une nouvelle façon de remplacer les bridges. Très prometteur. J’ai vu une émission là-dessus, ça a l’air terrible. »

« Un soin visage, tu devrais en faire régulièrement ma fille, ta peau est sèche, sèche, sèche ! Oui maman, je sais. Passe me voir. J’ai pas le temps, Franck rentre après vingt heures tous les jours. Viens un samedi. Même le samedi il bosse… À ton âge, une peau fatiguée, c’est dommage ! »

« Tu l’as changée ? Mais oui, il y a une demi-heure. Ça pue ! Elle fait de la diarrhée. C’est pas déjà les dents ? Bien sûr, c’est les dents. Tu vas chez quel pédiatre ? »

« Qui veut un morceau de gâteau ? Merci, je n’en peux plus. C’est pas de refus. Un tout petit bout alors, non, plus petit. On va marcher un peu ? Surtout pas, merci ! Qui veut faire un scrabble avec nous ? Le dimanche, moi je me repose. On peut mettre la télé ? C’est qui l’invité de Drucker ? Tu veux qu’on fasse la vaisselle, ma fille ? Mais non maman, on a un lave-vaisselle. C’est vrai, je ne m’y fais pas, je n’ai jamais aimé ça. Ça sent mauvais ! Qui ça, Audrey ? Mais non, je te parlais du lave-vaisselle. Je trouve qu’il y a toujours de mauvaises odeurs là-dedans. C’est faux. On n’en a jamais eu et ça ne m’a jamais dérangée de laver la vaisselle à la main. Eh bien, tu dois être la seule en France. N’importe quoi ! »

« Franck, tu commences à avoir du bide ou je rêve ? Hélas non, c’est la triste réalité. Boulot, bouffe, dodo, pendant des mois et voilà ! Reprends le sport mon gars avant que tes artères et ton cœur ne crient au secours ! Même pas le temps de me faire masser par les mains expertes de ma maman chérie. Une mère kiné, une belle-mère esthéticienne et t’as vu dans quel état tu es mon pauvre Franck ! Ajoute un beau-frère prof de sport et le tableau est encore pire. Celui qui le voit le plus, finalement c’est moi. Comment ça Patrice ? Eh oui ! Il s’occupe pas de lui, mais sa bagnole il la bichonne, et pour ça il passe à mon garage une fois par mois. Ah ah ah ! Toujours le mot pour rire papa ! On s’ennuie pas sœurette, mais on va y aller. Nous non plus, on va pas traîner. C’était très bien les enfants, merci. Reposez-vous, vous avez une petite mine. On fait un bisou à Audrey avant de partir… »

Une éponge dans la main, je m’acharne autour d’une tache de chocolat au beau milieu de la nappe. Franck me propose :

– Ne t’embête pas, mets-la dans la machine. Tu veux que je passe l’aspiro, chérie ?

– Non, je le ferai demain. Je range juste la table.

– C’était sympa cette journée.

– Oui. Ton père n’a pas beaucoup parlé.

– Un peu. Il n’est pas très bavard quand il y a du monde.

– Et puis, le mien parle pour deux…

– Ils ont l’air de bien s’entendre Élodie et ton frère.

– Ça semble sérieux pour une fois. Ils envisagent de se marier.

– Ah super !… Mais c’est ma fille qui sent mauvais comme ça ? Viens là mon bébé. Il est plus que temps de changer cette couche, ça déborde !


Franck quitte le salon avec Audrey. Je l’entends gazouiller sous les chatouilles de son père. Et cette tache qui ne part pas…

Enlever des taches, vider des pots, laver des biberons, remplir la baignoire, enlever des couches, laver des pots, vider des biberons, enlever des couches, vider la baignoire, remplir des pots, enlever des couches, remplir des biberons, laver la baignoire, remplir des couches, enlever des pots… Mes jours sombrent dans la routine des corvées ménagères.

– Qu’est-ce qu’il y a Alice ? Pourquoi tu pleures ?

– Je… J’en ai marre de faire tous les jours la même chose ! Je passe mon temps à… à… des trucs nuls ! À enlever le caca des fesses de ma fille ! Je veux… Je voudrais… J’en peux plus !

– Doucement, ma chérie, doucement. C’est normal avec un bébé, t’affole pas, ça va pas durer. Elle va grandir, elle n’aura plus besoin de couches.

– Je sais, mais…

– Tu es fatiguée, c’est tout. Tu as des cernes sous les yeux.

– Oui et j’ai la peau sèche aussi ! Tu vas pas t’y mettre comme ma mère ?

– Oh là là, mais c’est la grosse crise !

– Et ça te fait rire ?

– Non ! Enfin si, un peu. Alice, y a rien de dramatique. Tu es juste fatiguée. Tu te réveilles toutes les nuits, c’est logique. Tu ne vas pas pleurer parce que tu en as marre de changer Audrey ? Y a autre chose ?

– … Non…

– C’est pas grave ma chérie.

Pas plus grave qu’une tache qui ne s’efface pas.


- Fin du chapitre - 


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